« La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. » (He 11,1)
Cette parole, bien que tirée de la Lettre aux Hébreux, c’est de la bouche d’une sage aînée autochtone vivant aux abords du lac Kluane qu’elle m’a été révélée dans sa plus pure expression. Josie Sias, décédée le 24 août 2012, me disait quelque temps auparavant : « La foi dépasse les religions. C’est une manière de voir notre vie comme faisant partie d’un tout. Bientôt, je vais mourir et disparaître à vos yeux, mais je serai là en vous et autour de vous », montrant d’un geste large la grandeur de la nature qui nous entourait à perte de vue.
Avec elle, j’ai découvert que croire ce n’est pas d’abord d’avoir la foi en quelqu’un, mais la foi tout court; la foi comme un organe vital à notre être, autant que le cœur, le foie, le cerveau ou l’intelligence nous sont essentiels.
La foi en elle-même conduit à un autre regard. À la manière d’une paire de lunettes qui nous permet de voir autrement la réalité des choses, des événements, des personnes, des défis ou des victoires, la foi donne un sens différent qui a valeur de signes, de présence et de volonté. La foi, tel un senti non sensible, se présente alors comme un sixième sens qui transcende les cinq autres, pour justement donner un sens, une orientation, qui nous propulse vers l’avant.
Grâce à la foi, nous sommes nombreux à avoir quitté nos origines pour aller vers un pays que nous ne connaissions pas, et qui s’est avéré une terre d’accueil et d’enfantement de notre être.
Grâce à la foi, nous quittons aussi le pays de nos peurs pour avancer en confiance, avec audace et courage, dans le devoir d’exister en vérité.
Grâce à la foi, nous accueillons humblement la vie comme elle se donne pour y reconnaître une autre Vie plus grande que nous ne pouvons l’imaginer.
Grâce à la foi, nous acceptons une volonté inscrite à même les événements pour transcender d’amour une maladie, un deuil, une épreuve ou une générosité de la vie avec cette assurance que l’acceptation, loin d’être une soumission, est une grande poussée de croissance vers un espace inconnu qui ne peut que nous accomplir davantage. Celle-là, c’est Jean-Marc Bélanger qui me l’a apprise dans la dignité de son grand départ en mars 2021.
C’est donc avec le regard de la foi que j’aborderai chaque mois des réalités humaines, pour nous relancer vers des avancées porteuses d’espérance à même les défis que nous relevons individuellement et collectivement.
De toute évidence, le Christ n’a jamais présenté la foi dans un objectif d’adhésion à une religion. Parce qu’il a lui-même vécu ce grand plongeon de la foi, il souhaite nous révéler l’habitation du divin dans l’être humain, telle une source, jusqu’à croire que nous faisons partie avec lui, le Tout-Autre, d’un grand TOUT, pour nous vivre tout AUTREMENT.
Empruntons le regard de nos pères et mères dans la foi, les Josie et Jean-Marc de nos vies. Plaisons-nous à dresser humblement une litanie de ce que nous vivons et découvrons « grâce à la foi », et nous goûterons avec gratitude la joie de posséder déjà ce que nous espérons!