Compte-rendu de la rencontre par Sylvie Painchaud, présidente du comité de parents
Adaptation du texte par Maud Caron, adjointe à la direction générale de la CSFY
Le lundi 23 février, l’École Émilie-Tremblay a reçu la visite de M. Ronald Boudreau, directeur des services aux francophones à la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Durant cette journée, des rencontres ont eu lieu avec des élèves de l’Académie Parhélie, le personnel enseignant et en soirée, avec des parents.
Être minoritaire, c’est une question de contexte
Originaire de Paquetville au Nouveau-Brunswick, M. Boudreau a expliqué aux élèves qu’être minoritaire, c’est d’abord une question de contexte. « C’est le contexte qui fragilise une langue, ce n’est pas qu’elle a moins de valeur en soi », a-t-il expliqué. Ronald Boudreau a été enseignant pendant une quinzaine d’années avant de devenir le premier directeur de l’École du Carrefour à Dartmouth. Il a ensuite travaillé au ministère de l’Éducation de la Nouvelle-Écosse, puis est devenu directeur général adjoint du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP). Il a aussi présidé pendant cinq ans la Fédération des parents acadiens de la Nouvelle-Écosse.
Le mythe des écoles d’immersion
Selon M. Boudreau, les écoles d’immersion sont souvent perçues comme un bon choix pour les familles dont un parent est francophone et l’autre anglophone. « Ces parents croient que l’immersion est un bon compromis, car l’enfant y apprendra les deux langues. » Il ne faut pas oublier que les programmes d’immersion sont conçus pour les anglophones qui ont le désir d’apprendre le français. En réalité, pour un enfant qui a la chance d’avoir les deux cultures en héritage au départ, ce choix « risque de présenter moins d’occasions de parfaire son français et peut résulter en la perte de qualité importante de son niveau de français », affirme-t-il.
Selon lui, les erreurs communes commises par les apprenants d’une langue seconde « se fossilisent » et le niveau de français de l’enfant francophone risque de diminuer au contact quotidien de l’apprenant anglophone. De plus, les occasions de parler français sont beaucoup moins fréquentes dans une école d’immersion.
En faire une habitude naturelle au quotidien
« Le réflexe de parler anglais est tout à fait normal. Il est lié au désir de plaire à l’autre », affirme-t-il. M. Boudreau précise cependant que les élèves des écoles de langue française ont aussi le défi de faire du français « une habitude naturelle dans leur quotidien ».
Le rôle des parents pour la valorisation de la langue
Pour ce spécialiste de l’éducation en milieu minoritaire, les parents ont un rôle crucial pour valoriser la langue française. « Si votre enfant sait, sent, ressent que c’est important pour vous, cela deviendra important pour lui. »
Les moyens qu’il suggère pour transmettre cette valeur sont très concrets. « Commencez par raconter à votre enfant pourquoi vous avez choisi de l’inscrire à l’école francophone. » Il affirme aussi : « Le parent anglophone peut faire beaucoup pour démontrer à son enfant que ce choix a de la valeur à ses yeux. » Il peut manifester de l’intérêt pour la musique francophone qu’il écoute, pour les lectures qu’il fait, pour les amis qui viennent à la maison.
Des objectifs réalistes
Notre invité suggère aussi de faire une place particulière au français dans les familles où les deux langues cohabitent. Par exemple, il propose de réserver des moments de la semaine où le français est à l’honneur dans la maison, ou d’établir une habitude simple telle que « chaque fois qu’on est dans la voiture, on parle français ». Selon lui, il ne faut pas s’imposer de grands changements, mais plutôt viser des objectifs réalistes. « Il ne faut surtout pas tenter de chasser le naturel, il faut plutôt implanter, petit à petit, de nouvelles habitudes où le français occupe une place importante. »
Des outils pour relever le défi de la construction identitaire
À la fin de cette rencontre, M. Boudreau a présenté une série de petits guides pouvant aider les parents à relever le défi de la construction identitaire francophone dans un milieu de vie où l’anglais est prédominant. La série Voir grand/Dream Big a été conçue pour outiller les parents. Il y a des numéros pour les parents des tout-petits, pour les parents du primaire et pour les parents d’adolescents. Les livrets sont disponibles à l’école.
BANNIÈRE
Prenez note que les élèves de l’École Émilie-Tremblay ont participé au projet de création de bannières avec la Ville de Whitehorse. Mme Cécile Girard est venue les aider dans le cadre du programme « Artistes à l’école ». Les bannières créées par nos élèves seront installées sur la rue Main jusqu’au mois de juin. Les écoles F.-H.-Collins et Porter Creek ont aussi participé au projet.