le Vendredi 22 septembre 2023
le Jeudi 15 juin 2023 7:45 À vous la parole

Comment garantir l’apprentissage des arts dans ma région?

Rébecca Fico, au Forum Ouvert du 40e du CEAO, à Ottawa. — Photo : CEAO
Rébecca Fico, au Forum Ouvert du 40e du CEAO, à Ottawa.
Photo : CEAO

En l’honneur de ses quarante ans, le Centre d’excellence artistique de l’Ontario (CEAO) a lancé un concours national intitulé « Ose rêver », et un autre nommé « Voiles vers le national ». Les deux concours étaient ouverts aux jeunes francophones de partout au Canada, de la 7e à la 12e année. Pour y participer, il fallait soumettre une œuvre dans la catégorie d’une des disciplines offertes par le CEAO : théâtre, danse contemporaine et ballet classique, musique cordes, musique vocale, musique vents et percussions, arts visuels et médiatiques, cinéma et télévision, ou encore écriture et création littéraire. Les gagnant·e·s des concours étaient invité·e·s à intégrer une concertation artistique au CEAO, qui se situe dans l’École publique De La Salle, à Ottawa, du 21 au 27 mai. De plus, les gagnant·e·s allaient participer au Forum Ouvert du 40e, où des artistes professionnel·le·s de partout au Canada étaient également convié·e·s pour partager et réfléchir à la question : comment garantir l’apprentissage des arts chez nous?

Jérémy Déziel et Rébecca Fico étaient à Ottawa pour le Forum.

Photo : Dakota Bernard

Vous l’aurez deviné, j’ai participé dans la catégorie Écriture et Création Littéraire, et à ma grande joie, j’ai été sélectionnée pour aller à Ottawa ainsi que deux autres élèves de mon école, le Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile Mercier (CSSC Mercier) : Jérémy Déziel (7e année — Arts visuels) et Sophie Gendron (10e année — Écriture). Bien soutenus par notre Commission scolaire (CSFY) et par Mme Dakota Bernard, intervenante culturelle au CSSC Mercier et notre chaperonne à Ottawa, nous nous sommes donc envolés pour la capitale nationale!

Toute la semaine, nous avons eu l’occasion de visiter la ville d’Ottawa, le Parlement, la nouvelle Chambre des communes, le Musée des Beaux-Arts et surtout d’échanger avec des jeunes francophones passionnés des arts provenant de partout au pays : de Terre-Neuve au Nunavut, en passant par le Nouveau-Brunswick, l’Alberta, le Manitoba, l’Ontario, le Québec, et bien sûr le Yukon.

En création littéraire, nous avons eu la chance d’assister à des classes de maître, animées par Danielle Delorme, écrivaine et poétesse renommée. Et une énorme surprise m’attendait au tournant : j’ai gagné le deuxième concours national, catégorie écriture! J’étais si étonnée, en même temps enchantée et vraiment excitée d’apprendre la nouvelle, je n’en revenais pas! J’ai présenté mon poème intitulé Inspirer, Traduire et Transmettre au Forum Ouvert du CEAO où j’ai reçu mon prix sous forme de bourse.

Nous avons également participé à des ateliers de leadership animés par Mme Jacinthe Bergevin, conseillère en développement organisationnel à l’École De La Salle. Ces ateliers visaient à tenter de répondre à la question « Comment garantir l’apprentissage des arts chez nous? », en utilisant l’approche de l’enquête appréciative. Lors du dernier jour du Forum Ouvert, des blocs de discussions sur cette question et d’autres proposées par des participants ont été organisés. Ces discussions étaient très enrichissantes. La voix des jeunes était parfaitement incluse, et j’ai pu discuter de sujets qui m’intéressaient avec des gens qui partageaient le même intérêt et dans un environnement où toutes les opinions étaient bienvenues. Ce périple a approfondi ma vision sur la place des arts dans l’éducation, et comment l’agrandir. Toutes les idées partagées regorgeaient d’innovation et je suis repartie l’esprit plein d’inspiration.

La cerise sur le gâteau a été le Gala du Prix de la gouverneure générale du Canada pour les arts de la scène, auquel le groupe Ose Rêver et certains autres élèves du CEAO avaient été invités. On s’est tous mis sur notre 36 pour y assister et c’était super de découvrir tous ces artistes canadiens, quel privilège! Quelle aventure inoubliable!

Toute cette expérience a aussi été très évocatrice pour moi. Elle m’a fait réaliser combien l’écriture semble occuper une petite place dans le monde des arts pour les jeunes au Canada. Cette réalisation m’a grandement attristée. Il semble que l’écriture est la plupart du temps réduite à un moyen de communication rapide de 150 caractères ou moins, ou restreinte aux bancs d’école et aux compositions exigées.

La création littéraire est fondamentale pour maintenir la culture, l’identité d’une nation en vie. Je crois que sa beauté n’est pas assez reconnue dans les arts et qu’elle mérite de l’être davantage. Après tout, les mots sont une forme d’expression et de communication si puissante, si émouvante et si directe! Pourquoi ne pas l’apprendre et la développer davantage comme forme d’art? Avec la poésie infinie, les haïkus, les slams, les tirades, mais aussi les romans, les nouvelles… les possibilités sont innombrables! Il suffirait d’introduire et d’apprendre l’écriture non pas comme une discipline strictement académique, mais vraiment comme une forme d’art à part entière, de sorte que les cœurs libérés et les crayons dénoués de contraintes puissent s’ouvrir, enflammer l’imagination, le corps et faire rayonner la créativité qui dort. Puis, à sa manière, de la polir et de la laisser finalement fleurir.

L’art est une langue immortelle qui transmet la culture et l’identité même d’une génération. Plusieurs des personnages historiques qui ont marqué leur époque ont préservé leurs coutumes à jamais, ont transmis leurs traditions aux générations futures ou ont révolutionné la société sont principalement des écrivains et écrivaines! Même ceux qui ont décrit le futur, les visionnaires comme les Antoine de Saint-Exupéry, Jules Verne, ou René Barjavel parlaient eux aussi la langue de l’art. Tant d’auteurs et d’auteures ont scellé des secrets dans leurs écrits qui ont bravé des siècles et nous permettent aujourd’hui d’apprendre ou de nous émerveiller en étant immiscés dans des vers, des lignes et des mots qui nous plongent dans des univers qu’autrement, nous n’aurions jamais connus.

J’ai hâte de lire les œuvres d’art littéraires qui marqueront ma génération, qui nous représenteront dans les siècles à venir et qui questionneront et repousseront la composition de la langue française! Soutenons l’apprentissage de l’écriture chez nous!