le Samedi 5 octobre 2024
le Jeudi 25 janvier 2024 8:00 Opinions

Plume(s)

  Illustration : Maryne Dumaine
Illustration : Maryne Dumaine
La fin du mois de janvier au Yukon n’est pas seulement synonyme de températures glaciales. C’est le retour progressif de la lumière, la période propice aux phénomènes de parhélie et… l’arrivée imminente d’un événement qui égaie nos rues, nos cœurs et nos esprits : le festival Yukon Rendezvous. Avez-vous remarqué que les plumes commencent déjà à faire leur apparition en ville?

Cette année, le festival – qui débutera le 9 février – fêtera ses 60 ans. Six décennies d’une tradition qui réunit la communauté yukonnaise autour du plaisir, du rire et de la célébration, malgré les rigueurs de l’hiver.

Depuis 1964, la société organisatrice a su perpétuer cette coutume de rassemblement, initialement née en 1945 sous le nom de Carnaval d’hiver du Yukon. L’idée était simple : sortir de chez soi pour aller jouer à des sports en extérieur durant le jour, et se divertir le soir, brisant ainsi la monotonie hivernale tout en renforçant les liens communautaires. En gros, il s’agissait de combattre la cabin fever, la dépression hivernale.

Le Rendezvous, c’est une célébration de la résilience yukonnaise, avec des activités allant des sports loufoques aux défilés animés, en passant par divers événements culturels. Les plumes, symboles de frivolité de l’époque de la ruée vers l’or, flottent alors dans les cheveux, sur les parures, dans les rues, les bars et même sur les lieux de travail. C’est aussi devenu au fil des ans un festival inclusif, qui aborde la diversité sous de nombreux angles, allant des Jeux de main autochtones (hand games) à des soirées Drag. Voilà de quoi réchauffer le cœur de tout le monde!

Car l’hiver est pour beaucoup un moment difficile pour la santé mentale, et nous avons besoin de nous réchauffer l’âme. Le lundi bleu (troisième lundi du mois de janvier) est considéré comme la journée la plus déprimante de l’année. Dans ce contexte, la ministre Tracy McPhee a souligné l’importance de l’exercice physique, des interactions sociales et de l’accès à des services de soutien en période de difficultés saisonnières.

Soulignons aussi que janvier est aussi le Mois de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer, un autre front sur lequel le soutien psychologique est absolument nécessaire. Selon des estimations de l’Agence de la santé publique du Canada, le nombre de personnes dans le monde qui vivent avec une démence augmentera de 57 à 83 millions d’ici la fin de la décennie, pour atteindre 152 millions d’ici 2050. « La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus répandue; entre 60 et 80 % des diagnostics de démence sont dus à la maladie d’Alzheimer », explique la ministre McPhee dans un autre communiqué.

Sur ce front-là aussi, la plume est un outil inestimable. Écrire permet de préserver les souvenirs. De plus, l’acte d’écrire peut devenir une bouée de sauvetage. Les mots peuvent être le catalyseur d’une guérison intérieure. Des études démontrent d’ailleurs que l’expression écrite peut réduire le stress, améliorer l’humeur et même renforcer le système immunitaire.

Dans ce contexte, les plumes sont donc bien plus qu’un symbole de célébration. Elles symbolisent et outillent la résilience.

Gary Bailie, membre de la Première Nation des Kwanlin Dün et producteur bénévole du festival Blue Feather, décrit d’ailleurs la plume comme un « symbole d’espoir ». Créé il y a 24 ans, ce festival qui a lieu en début d’hiver vise à partager passion et enthousiasme. Sur la page de couverture (et en page 11), nous vous présentons une de ses traditions : encourager les jeunes dans leur avenir artistique. « La musique soigne l’âme », peut-on lire sur le site Web de l’événement, dont l’emblème est une plume bleue.

Dans cette édition, nous mettons également en lumière une autre belle plume. Œuvrant depuis plus de 25 ans pour la santé physique et mentale dans notre région, Sandra St-Laurent offre aussi de l’enchantement à travers l’art, et notamment les arts littéraires. Elle se démarque dans la poésie de style japonais, démontrant une fois de plus comment l’expression artistique peut être un puissant vecteur de bien-être, pour soi, mais aussi pour le public.

L’hiver est loin d’être terminé. Alors sortons nos plumes des placards. Que ce soient les plumes colorées qui nous donneront envie de célébrer, ou les plumes qui nous permettront d’exprimer notre blues hivernal. Elles symbolisent toutes la résilience qui caractérise notre communauté. En ces temps hivernaux, utilisons nos plumes pour soutenir, célébrer et inspirer, faisant de chaque journée une occasion de répandre un peu de lumière en plein cœur de l’hiver yukonnais.

Bonne lecture.