Ah! ces vieux clichés, ces croyances populaires et ces opinions stéréotypées… « Moi, je n’ai pas de préjugés », entend-on parfois, de la bouche de personnes qui se veulent bienveillantes. Mais sommes-nous réellement à l’abri des préjugés?
Ces petites « notes intérieures » qui ont fait leur place insidieusement dans nos esprits, parfois au cours d’une conversation, d’un mot prononcé par un parent, ou en raison d’une expérience que nous avons généralisée, sont à la base de bien des maux de notre époque.
Selon Wikipédia, le terme « préjugé » (dont l’étymologie signifie : jugement préalable) désigne « des opinions adoptées en l’absence d’informations ou de pratiques suffisantes ». L’encyclopédie virtuelle ajoute que « parfois articulé sur des mythes ou des croyances, ou résultant d’une généralisation hâtive […] un préjugé est une idée admise sans démonstration ».
Vous est-il déjà arrivé de vous rendre compte, que ce soit par hasard ou à la suite d’une situation fâcheuse, d’un préjugé qui prévalait depuis longtemps dans votre esprit? Moi, par exemple, j’ai longtemps préjugé que le patchouli sentait mauvais.
Je tenais ça de mon enfance. Petite, on m’a toujours dit que cette odeur pue et que, par conséquent, huiles essentielles, parfums et encens de cet acabit n’étaient pas les bienvenus à la maison.
Le préjugé était tellement ancré en moi, inconsciemment, que longtemps plus tard, le jour où quelqu’un m’a dit « Ah! ça, c’est du patchouli », j’ai répondu du tac au tac : « Ben non, impossible! », ajoutant au passage : « Ça, ça sent bon, mais le patchouli, ça pue. »
Je suis alors tombée des nues! J’avais un préjugé tellement fort que je remettais en question l’identité même de la senteur.
Bien tristement, les préjugés ne se limitent pas à l’identité du patchouli…
Fondement des stéréotypes (qui classent les gens et les séparent) et des discriminations (les actes induits par les préjugés), les préjugés sont à la base même du racisme, de l’homophobie, du sexisme, de la transphobie, de la grossophobie et j’en passe.
Et tristement, les préjugés font figure de thématique dans cette édition du journal.
Certains ont été démantelés afin d’aboutir à des changements : la réconciliation est le meilleur exemple de la tombée de certains préjugés, notamment quand les gouvernements reconnaissent qu’en fait (!!) les peuples des Premières Nations sont tout à fait capables d’enseigner aux nouvelles générations… La journée du 30 septembre, Journée de la vérité et de la réconciliation, coïncide d’ailleurs avec la Journée du chandail orange, une journée de sensibilisation aux discriminations auxquelles font face les peuples autochtones.
Si certains évoluent, d’autres préjugés ont malheureusement encore la vie dure. Lorsqu’on aborde le sujet de la consommation supervisée de drogues, les clichés vont bon train, encore de nos jours.
Je vous invite également à lire la chronique de Laurence Landry, notre chroniqueuse littéraire. Elle y dévoile les effets dévastateurs des préjugés et de la discrimination, de ces mots prononcés parfois sans réfléchir, mais qui font mal, trop mal.
Les préjugés et les discriminations sont partout, et ils font des ravages…
Mi-septembre, l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne a offert un forum consacré à la lutte contre la discrimination. Cette idée avait germé à la suite de menaces reçues dans un colis à leur bureau d’Ottawa. La « place » des femmes leur y était « rappelée », tandis que le fait même de leur identité francophone leur était reproché. Le forum a été leur réponse : informer et éduquer.
Malheureusement, il n’existe pas de vaccin contre les préjugés.
En revanche, il existe un remède. Accessible à toutes et tous, peu importe le genre, l’origine, l’orientation sexuelle, la spiritualité ou l’ethnicité. Ce remède, c’est l’information.
Puisque les préjugés s’épanouissent dans l’ignorance, les médias professionnels et fiables sont nos armes pour les combattre!
Avoir accès librement à cette information est un privilège qu’il est bon de reconnaître. Les journaux informent et éduquent nos communautés au quotidien. Du 4 au 9 octobre, ce sera d’ailleurs la Semaine nationale des journaux, l’occasion de souligner le travail des médias professionnels. « Les journaux locaux fournissent des informations essentielles aux Canadien·ne·s et aident à tisser des liens serrés dans les communautés locales à travers le pays », affirme le site Web de News Media Canada. « En fait, neuf Canadien·ne·s sur dix (87 %) lisent les journaux chaque semaine au Canada », ajoute l’organisation, qui se veut la voix de l’industrie des médias imprimés et numériques du Canada.
87 %? Dans mes calculs, ça fait encore près de 15 % de la population qui ne s’informe pas, et qui probablement, ne s’empêche pas de juger les autres pour autant!
Mais attendez un peu… Ça aussi, ce ne serait pas un préjugé?