le Lundi 9 septembre 2024
le Jeudi 1 septembre 2022 4:57 Éditorial

Rentrée

La rentrée des classes, qu’on ait des enfants ou pas, a toujours un petit air de fête, n’est-ce pas?

Il y a comme une énergie dans l’air, une sorte de fébrilité contagieuse. Les enfants sont heureux de retrouver leur cercle social, le personnel enseignant est reposé, chargé à bloc de nouvelles idées et d’inspirations pour l’année à venir… Et certains parents sont soulagés de reprendre une routine « sans enfants », au moins pendant quelques heures de la journée!

Débutant le 22 août cette année, ce qui est relativement tôt, la rentrée yukonnaise 2022 a connu un événement historique : la première rentrée des classes des écoles gérées par la Commission scolaire des Premières Nations, pour huit écoles du territoire.

L’automne arrive cependant avec son lot de défis. La crise sanitaire des années précédentes a laissé place à une crise de recrutement. Et pas seulement dans le monde de l’éducation.

Dans tous les secteurs d’emploi, le recrutement est actuellement un défi, que ce soit dans les services, l’éducation, la petite enfance, le tourisme ou la restauration… L’Aurore boréale n’est pas non plus épargnée, avec deux postes qui s’ouvrent de nouveau cet automne en journalisme et en communications. Bien que le Yukon soit la région administrative la plus bilingue du Canada après le Québec et le Nouveau-Brunswick, il n’est pas simple de recruter du personnel bilingue.

Pascal St-Laurent, directeur des programmes en français au ministère de l’Éducation du Yukon, révèle notamment dans un article de Laurie Trottier le manque de personnel auquel il doit faire face.

Oui, nous avons beaucoup de francophones au Yukon, mais cela n’empêche pas d’en avoir de plus en plus besoin quand même. La lutte acharnée des pionniers et pionnières de notre communauté a porté fruit, et de plus en plus de postes bilingues ont été créés au gouvernement. Certains sont d’ailleurs difficiles à combler, comme ceux du futur Centre de santé bilingue.

Le recrutement à l’international se présente de plus en plus comme une piste de solution. Mais encore faut-il que les nouvelles recrues puissent obtenir les visas et permis nécessaires à l’emploi. Les bottines du gouvernement fédéral, qui vise un taux d’immigration francophone hors Québec en 2023 de 4,4 % (de toutes les admissions), ne semblent pas suivre leurs babines. Il en résulte des délais ingérables, allant parfois jusqu’à deux ans entre le choix d’un·e candidat·e et l’obtention de son visa de travail!

En parlant d’international, le personnel de l’Aurore boréale n’a pas été complètement en congé cet été. Ces derniers temps, le journal mise sur la formation de ses employées. Laurie Trottier a baladé ses souliers du Groenland à la Finlande, en passant par le Danemark, pour des formations en journalisme environnemental. J’ai moi-même participé au Festival international de journalisme, à Couthures-sur-Garonne, en France.

À travers la canicule française, j’ai pu me rendre compte que les défis auxquels nous faisons face ne sont pas isolés, notamment en ce qui concerne le recrutement et la représentativité de la diversité. Mais je retiens aussi que les médias locaux, tels que l’Aurore boréale, ont un impact très fort dans nos communautés.

Oui, nos journaux sont « petits », « communautaires » et « locaux », mais ils reflètent la réalité du terrain fertile de nos communautés et font briller vos idées et vos talents. Nos journaux locaux ne sont pas que des témoins de notre époque : par leurs choix éditoriaux, ils sont aussi des parties prenantes de l’actualité.

Écrire au sujet d’artistes locaux au lieu de dossiers internationaux, pour ne donner qu’un seul exemple, c’est un choix, et non une fatalité. Loin des gros systèmes et des salles de nouvelles de plus de 1 000 journalistes, nos journaux locaux possèdent deux atouts incroyables dans un environnement en constante évolution : la flexibilité de suivre rapidement les tendances et les nouvelles idées, et la capacité d’effectuer des changements rapides – ou immédiats, lorsque nécessaire – dans nos façons de traiter l’information.

L’été aura donc apporté son lot d’apprentissages. Nous commençons cette nouvelle année, comme beaucoup d’entre vous, avec des projets plein la tête et un enthousiasme extrême face à votre soutien. Quel plaisir d’avoir reçu tant de photos pour la section des coups d’œil et des rapides! De voir nos magazines disparaître de leurs présentoirs tout au cours de l’été et d’en entendre parler depuis des contrées lointaines!

Le journalisme local est bien vivant, utile et utilisé. Merci de votre confiance et de votre soutien.

Au nom de toute l’équipe, je vous souhaite un excellent automne et une bonne lecture!