Une nouvelle tradition : est-ce une antithèse? Deux mots inconciliables, qui s’endorment dos à dos pendant le temps des Fêtes?
J’ai toujours eu un rapport difficile avec la tradition. J’ai l’impression qu’il s’agit parfois d’un mot-berceuse, qui tente d’endormir mes ardeurs de révolution à coup de « ça a toujours été comme ça », ou de « c’est de même depuis que le monde est monde ».
Je peux comprendre la douceur d’un c’est-ainsi dans un moment ou rien, justement, n’est comme à l’habitude (j’avais commencé à dresser une liste, mais je ne crois pas que ce soit nécessaire, épargnons-nous des palpitations au cœur). Peut-être que plus que jamais, on a le goût de faire comme avant, de se réunir, de festoyer, de manger ce qu’on aime.
Vous le verrez d’ailleurs dans ces pages. Des meilleurs souvenirs du temps des Fêtes, des recettes, des lettres au père Noël. La tradition imbibe nos pages comme la sauce brune dans les patates pilées!
Mais on peut aussi se dire qu’on commence de nouvelles traditions, là, là. Tout de suite. Allez chercher un bloc-notes. Qu’on façonne notre temps festif comme on le veut, sans le transformer en liste de choses à faire et à subir.
Soyez fous et folles, changez un ingrédient dans votre tourtière. Surprenez la galerie, restez en pyjama à pattes quand les convives arrivent. Faites faire le saut à votre grande tante : servez une dinde végane. Gardez les patates pilées, quand même.
J’ai toujours adoré le temps des Fêtes, mais je crois que c’est parce que je sais qu’on a la possibilité de modifier tout plein de choses, qu’une nouveauté peut être traditionnelle, qu’une innovation peut devenir coutume en l’espace d’une chanson de Noël. Comme ces nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes qui entament leurs premières vacances de fin d’années au Yukon, ou ces familles qui changent le menu classique du tout au tout.
Et c’est correct aussi si la tradition se résume à faire une pause, complètement. Il faut se rappeler que pour beaucoup de gens, le temps des Fêtes, c’est tout sauf un cadeau. J’en profite pour envoyer une dose d’amour à toutes ces personnes.
En aucun cas, la tradition ne doit s’imposer comme un poids, une muselière à débats ou un passage obligé. Il faut qu’elle soit amusante, réconfortante et aussi lumineuse que des parhélies. Et qu’on puisse l’utiliser à toutes les sauces…
Sachez que de parler de virus, de doses, de masques et de Purell ne fait pas partie de la liste des nouvelles traditions acceptables pour cette année. Pourquoi? Parce que c’est ainsi.