Stop!
Quatre petites lettres pour un mot qui a fait sa place dans de nombreuses langues. Un bel anglicisme, qui plus est. Bravo la rédaction francophone…
Mais peu importe la langue, pour une fois, car c’est ce mot qui me vient en tête lorsque je pense à la campagne qui débute aujourd’hui. Une campagne de deux semaines, 16 jours, pour lutter contre la violence fondée sur le genre.
Chaque année, à partir du 25 novembre, à travers le Canada et même à travers le monde, les organismes se mobilisent pour tenter de mettre fin à ces violences qui visent des personnes en fonction de leur genre.
Cette violence, c’est celle que les femmes, les filles et les personnes bispirituelles, trans et non binaires risquent de subir, simplement en raison de leur identité. Elle englobe différentes formes de maltraitance physiques et affectives, comme les injures, les coups, le harcèlement, le viol, l’agression sexuelle, le contrôle ou encore la manipulation.
Ce type de violence peut provenir d’une personne parfaitement inconnue ou de la personne qui nous est le plus proche. Elle peut survenir dans le cadre familial, social, amical. Dans tous les cas, elle se base sur le genre.
On se souvient bien évidemment de la triste date du 6 décembre et du drame qui a touché l’école Polytechnique, à Montréal, en 1989, lorsqu’un homme a assassiné 14 jeunes femmes.
C’était il y a plus de trente ans, me direz-vous. Mais aujourd’hui encore, au Canada, 30 % des femmes âgées de plus de 15 ans affirment avoir subi une agression sexuelle au moins une fois! Alors oui : « stop! », car « arrêt », veux, veux pas, ça sonne moins injonctif.
Arrêter, par contre, ça résonne quand même bien, en ce temps sombre du mois de novembre. Je ne sais pas si c’est moi qui ne les vois plus, mais il semble que les arcs-en-ciel dégoulinants de beaux espoirs ont cessé d’apparaître dans mon champ de vision.
Disparus, les « Mercis » sur le bord des routes. Finis les « Ça va bien aller » et les cœurs de mille couleurs sur les médias sociaux ou les vitrines de magasins.
Envolés et remplacés par des applications en ligne permettant de vérifier le statut sanitaire de tous et chacun, troqués contre des annonces immobilières aux prix déroutants ou convertis en tentatives d’hameçonnage par téléphone, nous faisant croire que quelqu’un nous aurait envoyé un colis douteux.
STOP! Où est le bouton pause?
Mais voilà, s’arrêter quand la noirceur rentre un peu trop dans le corps, ce n’est pas simple.
Arrêter. Stopper. Cesser.
Ces mots sont à connotation négative. Dans une société qui valorise la productivité, l’accomplissement et le succès, ces mots sont plutôt rétrogrades, non? Mais arrêter n’est-il pas aussi une façon de rester en sécurité? Les panneaux routiers sont bien là pour nous aider à ne pas faire de carambolage, me semble-t-il.
En cette période où les heures de noirceur rallongent, essayons de faire quelques pauses, pour regarder des deux côtés de la rue avant d’avancer aveuglément. Tentons de trouver le bon endroit pour nous arrêter, au moins un peu, le temps de respirer, vivre des moments présents et mettre nos pensées en sécurité.
N’ayez crainte, il ne reste plus qu’une trentaine de jours et la lumière reprendra le dessus.
Allez, ça va bien aller…