le Vendredi 22 septembre 2023
le Lundi 1 février 2016 15:15 Éditorial

Il y a l’art et la manière

À la une de l’Aurore boréale, le pavillon bleu blanc or de la francophonie yukonnaise ondoie aux vents du Nord. Les bras tendus vers le ciel, la communauté scolaire immortalise en dansant l’engagement d’une minorité solidaire. Cet instantané de la chorégraphie de l’École Émilie-Tremblay pourrait aujourd’hui tout aussi bien symboliser le cri du cœur d’une communauté victorieuse. Il y a quelques jours, on pouvait encore en douter, mais là, désormais, c’est pour du vrai! Notre centre scolaire communautaire est sur les rails.

Pour commencer l’année du bon pied, la commission scolaire et le ministère de l’Éducation du Yukon ont annoncé le 19 janvier dernier l’embauche d’une firme d’architectes pour entamer la phase de planification du projet de construction. Par la grâce d’un appel au privé, le centre scolaire francophone s’est ainsi mué d’une utopie nébuleuse en un projet palpable et quantifiable. Il est maintenant question de décider des composantes de l’école, d’un échéancier, d’un budget préliminaire, et même d’une date butoir : mars 2016. Derrière les portes closes du discret comité de règlement, et de son tout aussi discret sous-comité de construction, les négociations ont donc porté leurs fruits et les choses se sont faites dans l’ordre.

Toujours prompts à disputer les questions d’éducation soulevées par le gouvernement du Yukon, les partis d’opposition, néo-démocrates et libéraux, n’ont cette fois même pas jugé pertinent de commenter le communiqué de presse conjoint annonçant le début de la phase de planification. Cette semaine-là, le NPD a préféré communiquer sur la problématique YuWin, tandis que le parti libéral annonçait les noms de ses premiers candidats aux territoriales d’automne.

Il faut avouer que les préoccupations de l’opposition se résumaient en substance à n’en savoir qu’un peu plus sur le processus discuté au sein des comités susnommés. Affirmant dans notre édition du 5 décembre leur soutien unanime au projet, les députés Silver (libéral) et Tredger (NPD) y attaquaient toutefois le manque de transparence du ministère de l’Éducation, soulignant notamment leur crainte de ne pas voir la communauté yukonnaise impliquée dans la création du centre scolaire. Concrètement, c’est la question de la construction d’une sixième école à Riverdale et de son impact sur la circulation automobile qui constituait — et constitue encore — la problématique centrale soulevée par les Yukonnais.

Mais bien que cette question précise n’ait toujours pas été résolue, c’est bien aux architectes de Thibodeau qu’il reviendra désormais d’y apporter un élément de réponse. D’ici le mois de mars, la firme planchera en effet sur la recommandation d’une méthode de réalisation du projet. Au préalable, la communauté francophone dans son ensemble sera invitée à partager son point de vue le 2 février, et la communauté yukonnaise sera consultée le lendemain.

Selon le directeur de la commission scolaire, Marc Champagne, c’est à l’issue de ces travaux, et seulement à ce moment-là qu’il sera enfin possible de déterminer si le site de Riverdale peut ou non accueillir la construction. En d’autres termes, la patate chaude est désormais passée entre les mains des architectes, et ce n’est qu’à la toute veille du prochain exercice financier que l’on saura de quoi il en retourne.

La question de l’emplacement, le point sensible du dossier, connu de tous, sera traitée comme tel, et on l’espère, rigoureusement analysée par les architectes. La communauté yukonnaise, comme promis, sera quant à elle associée au projet par l’entremise d’une série de consultations. La communauté artistique et sportive de Whitehorse a même déjà manifesté son intérêt à partager certaines infrastructures, et l’on ne peut que s’en féliciter.

L’opposition tient donc ainsi l’essentiel de ses réponses, certes, mais la manière de faire du ministère mériterait bien quelques ajustements démocratiques, ne serait-ce que pour éviter à la communauté scolaire de subir les mêmes dysfonctionnements qui ont retardé l’inauguration de la nouvelle École secondaire F.-H.-Collins. Ainsi, on ne pourra pas enlever au député Silver sa certitude de buter face au mépris d’un gouvernement auquel les Yukonnais eux-mêmes reprochent régulièrement de faire cavalier seul. Mais pour l’heure, avouons-le-nous, le dossier progresse vite et bien, et la communauté francophone doit en être ravie, c’est indéniable.