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le Mercredi 1 avril 2015 11:19 Éditorial

Retour sur la Journée de la Francophonie

Pierre-Luc Lafrance

Le 20 mars avait lieu la Journée internationale de la Francophonie, un événement célébré sur les cinq continents où nous retrouvons les 220 millions de francophones qui peuplent le globe. Cette grande fête est une occasion de reconnaître l’apport du français à l’échelle mondiale.

Quoi? Vous n’en avez pas entendu parler? C’est un peu normal, à part pour en retirer des bénéfices politiques, cette journée est encore assez confidentielle au Canada. Et au Yukon, il n’y a pas vraiment eu d’activités le 20 mars. L’histoire et la vitalité de la Franco-Yukonnie sont plutôt soulignées le 15 mai depuis 2007 dans le cadre de la Journée de la francophonie yukonnaise. Il est encore trop tôt à un mois et demi de l’événement pour parler de la programmation, toutefois on nous promet une grande fête pour toute la famille. Mais bon, on en reparlera en temps et lieu.

On peut se demander d’où vient ce choix de célébrer la francophonie le 20 mars. Eh bien, selon le site Internet de l’organisation : « Cette date a été choisie en référence au 20 mars 1970, marquée par la création à Niamey (Niger) de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), future Organisation internationale de la Francophonie. »

Pourquoi est-ce que cet événement n’est pas davantage reconnu ici? Après tout, au Canada, on signale la présence française depuis 1604, avec le premier établissement permanent francophone de Port-Royal situé en Acadie. Depuis, la présence francophone s’est étendue dans toute l’Amérique du Nord, de l’Atlantique au Pacifique et de l’Arctique au golfe du Mexique.

De nombreuses réactions

Mais bon, on a eu droit à un concert d’éloges (particulièrement des partis de l’opposition) qui reconnaissent l’importance du fait français au pays.

Par voie de communiqué, Anne-Marie Day, porte-parole de l’opposition officielle en matière de francophonie, a affirmé l’importance de célébrer la richesse des cultures francophones au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde : « Toutes les personnes qui choisissent de vivre en français et qui affirment leur droit d’être servies dans leur langue contribuent à maintenir notre francophonie vibrante. Les francophones contribuent de manière importante à la diversité culturelle, économique et politique du Canada. Leur impact est ressenti partout au pays. En cette Journée internationale de la Francophonie, il faut rappeler l’importance de prendre notre place afin d’élargir l’espace francophone. Célébrons notre culture et notre héritage francophones afin que les générations futures puissent continuer à vivre en français. »

Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau a rappelé que : « Des francophones du monde entier viennent au Canada pour bénéficier de notre riche diversité culturelle et linguistique et pour y contribuer. Pendant des siècles, les Canadiennes et les Canadiens francophones ont participé au dynamisme de notre pays, et ils continuent d’être au cœur de nos réussites. »

Le porte-parole libéral responsable des affaires étrangères et de la Francophonie, Marc Garneau, a ajouté : « Cette année, nous pouvons aussi nous réjouir du fait que la très honorable Michaëlle Jean a été élue Secrétaire générale de la Francophonie. Sous sa direction, l’organisation et la langue française rayonneront à travers le monde. Au Canada, prenons la même résolution que Mme Jean : encourageons la tradition de la langue française qui fait notre fierté et transmettons-la aux générations futures. »

Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada a ajouté que : « La Journée internationale de la francophonie offre l’occasion de souligner la contribution des Canadiens francophones qui ont façonné un Canada diversifié et dynamique. » Le chef adjoint du parti a ajouté que : « Les peuples et les pays de la francophonie ont su garder vivant l’un des héritages culturels les plus riches de nos civilisations. Mais au-delà de la richesse culturelle, les pays francophones, forts de leur solidarité, savent se regrouper afin de soutenir ceux des leurs qui traversent une période difficile, comme c’est le cas au Vanuatu et en Tunisie. »

J’aurais pu en mettre d’autres, de ces citations, mais, malheureusement, ce ne sont que des mots.

Des actions concrètes attendues

Par contre, concrètement, il reste encore tellement à faire. On apprenait le 26 mars que Radio-Canada allait abolir une centaine de postes à ses services en français. À ce rythme, la Société d’État n’aura bientôt plus d’équipe assez importante pour faire le travail de terrain qu’on leur demande. Deux semaines plus tôt, on apprenait que le CRTC abolissait le quota de 55 % de contenus canadiens à la télévision avant 18 h. Si les impacts de cette dernière annonce ne sont pas immédiats, on peut craindre que sous peu, les émissions produites localement laissent toute la place à des traductions d’émissions étrangères. C’est une mauvaise nouvelle pour les artisans du milieu, mais aussi pour les auditeurs. Et, comme dans bien des cas, on n’a pas… fait de nuance entre les marchés francophone et anglophone. Au moins, les quotas de 50 % de contenu canadien aux heures de grande écoute sont maintenus. Et je ne reviendrai pas sur la question de l’abolition du programme Avantage significatif francophone… sinon pour dire que le programme d’immigration Entrée Express est en place depuis le 1er janvier, et qu’on n’a toujours pas le moindre indice concernant des mesures incitatives pour augmenter le nombre d’immigrants francophones.

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’on se dirige vers des élections fédérales, et c’est le temps de parler aux différents partis pour leur dire quelles sont les préoccupations des francophones du pays, afin que certaines de ces idées soient intégrées à leur plateforme électorale. Mais pour ce faire, il est essentiel de se faire entendre.