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Des mots sur la toundra : un festival en plein essor pour de la poésie qui réchauffe!

André Beaupré est le créateur et l’organisateur du festival de poésie arctique Mots sur la toundra depuis sa fondation en 2020. Photo :  Thibaut Larquey.
André Beaupré est le créateur et l’organisateur du festival de poésie arctique Mots sur la toundra depuis sa fondation en 2020. Photo : Thibaut Larquey.

Simon Houle, Le Nunavoix

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Depuis trois ans, la communauté d’Iqaluit voit grandir, dans l’ombre hivernale, un modeste festival tenu à bout de bras par un passionné qui ne compte pas les heures : André Beaupré. Le festival de poésie arctique Mots sur la toundra vient de clore sa troisième édition et le résultat a été plus que satisfaisant pour les organisateurs et le public.

André Beaupré est le créateur et l’organisateur du festival de poésie arctique Mots sur la toundra depuis sa fondation en 2020. Photo : Thibaut Larquey.

 

Chaque nouvelle année amène plus de festivaliers et l’offre d’activités variées a su combler les attentes des personnes les plus exigeantes. Une réussite qui pousse M. Beaupré à se retrousser les manches pour la prochaine édition. Déjà, il déborde d’idées pour améliorer ce projet devenu grand.

Des débuts singuliers

La première édition du festival a probablement été le premier événement annulé en raison de la COVID sur notre territoire. Le 17 mars 2020, les restrictions sanitaires encabanaient la population, quatre jours avant la projection extérieure des poèmes sur un mur de neige.

Déterminé, André Beaupré a transporté son équipement la nuit du 21 mars, Journée mondiale de la poésie et début du printemps, s’est installé comme s’il y avait un public et a projeté les poèmes comme prévu.

Il a filmé le tout pour partager sa soirée spéciale sur YouTube. Un festival sans public? Pourquoi pas! Ça ne pourrait aller qu’en s’améliorant. C’était sans compter sur la pandémie qui s’étirerait lentement dans le temps.

Pas question d’en rester là. Une deuxième édition il y aurait, malgré les inconvénients liés au virus. Une projection a donc eu lieu le 21 mars 2021 dans un canyon d’Iqaluit près du Skican. C’est sous un frisquet moins quarante degrés Celsius que quarante personnes se sont déplacées pour lire à l’unisson les poèmes recueillis par M. Beaupré.

La soirée magique sous les aurores s’est terminée par une poignée d’enfants escaladant l’écran pour essayer d’attraper les derniers mots qui défilaient tranquillement sur le mur de neige. Assurément, M. Beaupré tenait quelque chose!

Une troisième édition plus qu’encourageante

Un festival de poésie, même dans une grande ville, ce n’est pas nécessairement un gage d’achalandage. Cet art, pourtant multiple, reste pour plusieurs un mauvais moment à l’école secondaire, lorsqu’il fallait compter des syllabes et suivre des consignes qui restreignaient l’inspiration. Qui lit la poésie? Qui en achète? Malheureusement, peu de gens lèveront la main.

Pourtant, elle est partout. L’environnement arctique se prête bien à l’introspection et à la contemplation, deux états qui favorisent l’éveil poétique. Sortez de la ville, passez une colline et la poésie vous envahira. C’est le pari d’André Beaupré avec son festival dont le succès exponentiel est difficile à contredire.

Cette année, la proposition s’est étalée sur deux semaines. Une soirée cinéma francopoétique qui attire quatre fois plus de gens que d’habitude avec la présentation de Je m’appelle humain, un documentaire de Kim O’Bomsawin qui suit la poétesse innue Joséphine Bacon dans son univers inspirant? C’est un bon départ. Un concours de vidéos poétiques qui récompense Kaniq Allerton, un jeune adolescent plein de vie? Nous disons bravo! Une soirée à micro ouvert fort courue avec musiciens en direct, poésie locale et improvisation? De mieux en mieux!

De plus, pour enrichir sa programmation, André Beaupré a proposé deux activités pour les plus jeunes : « Jongler avec les mots » et « Mots-volants ». Cette dernière consistait à écrire des poèmes sur de petits drapeaux de couleur enfilés sur une corde qui décoraient agréablement le Franco-Centre à la tibétaine. Le clou du festival reste la présentation des poèmes sur la neige. Cette année encore, le public a eu droit à tout un spectacle.

Une salle de spectacle unique

Plus de 80 personnes se sont déplacées pour cette soirée dans le canyon qui devient un peu trop petit pour la foule. Innovation technique, la projection a été filmée des airs grâce à un drone. Le visionnement du résultat a donné l’idée à M. Beaupré d’ajouter un sentier lumineux pour l’an prochain, car plusieurs spectateurs semblaient hésiter à s’aventurer dans la noirceur du canyon.

Près d’une quarantaine de poèmes divisés en quatre volets spécifiques ont été lus. Le volet Inspiration, en ouverture, portait bien son nom. En effet, les mots puissants de David Goudreault, poète sherbrookois bien connu par ses apparitions télévisuelles pleines de sensibilité, ont lancé la présentation de fort jolie manière. Ceux de la grande dame innue, Joséphine Bacon, ont aussi fait mouche. Trois autres volets ont fait la belle part aux poètes de tout acabit, d’ici et d’ailleurs.

André Beaupré tient à remercier tous ceux et celles qui l’ont aidé dans son aventure. Il a pu compter sur une bonne dizaine de bénévoles dévoués. En infatigable idéateur qu’il est, la quatrième édition est déjà sur la planche à dessin et il promet une formule améliorée. Poètes et poétesses, à vos crayons!

 

Le Nunavoix est le seul journal communautaire de langue française au Nunavut.