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le Jeudi 17 Décembre 2020 5:45 Sports - Loisirs

Les lacs yukonnais de plus en plus prisés pour des immersions glaciales

Florian Boulais s’immerge dans le lac Chadburn.
Photo : James Patterson
Florian Boulais s’immerge dans le lac Chadburn. Photo : James Patterson

Faire trempette dans des lacs est l’une des activités estivales courantes au Canada. Nager, réellement nager, dans ces mêmes lacs, c’est par contre une tout autre histoire, surtout au Yukon. Pourtant, l’exercice rencontre de plus en plus de succès partout au Pays, et ce, même en plein hiver.

Florian Boulais s’immerge dans le lac Chadburn.
Photo : James Patterson

 

Dès les lacs libérés de glace, il n’est pas rare de voir quelques âmes courageuses, équipées de leur combinaison en néoprène, s’élancer depuis la rive d’un lac yukonnais pour une séance de natation en plein air. Attirées par la connexion avec la nature, elles fuient les odeurs chlorées des piscines municipales, pour s’immerger dans des eaux ne dépassant que de peu les 10 °C.

Marc Champagne, grand adepte de l’activité, témoigne : « Cette année, j’ai nagé du 5 mai au 5 octobre. Au début, comme à la fin de la saison, il y avait de la glace par endroit. » Interrogé sur les raisons d’une telle pratique, l’homme répond sans hésiter que se sont les bienfaits sur la santé. Et ils sont nombreux.

Un système immunitaire boosté

Les études scientifiques sur la thérapie du froid sont nombreuses et bien que les conclusions varient des unes aux autres, certains avantages sont cependant reconnus mondialement. Ils ont d’ailleurs été démocratisés grâce à l’athlète néerlandais Wim Hof, internationalement connu pour ses records d’exposition au froid. Au début des années 2000, il popularise sa méthode d’entraînement basée sur trois axes : des exercices de respiration, une exposition au froid et une période de méditation.

Si les adeptes ont rapidement constaté des bénéfices pour leur santé, les performances de « The Ice Man » ont cependant longtemps été considérées comme scientifiquement impossibles. En 2011, l’Université Radboud aux Pays-Bas mène une étude qui démontre qu’en utilisant sa méthode, Wim Hof est capable d’influencer volontairement son système nerveux autonome.

Depuis, de nombreux chercheurs se sont intéressés aux bénéfices potentiels de cette méthode et des résultats probants ont été prouvés : augmentation de l’énergie, amélioration du sommeil, niveau de concentration et de volonté plus élevés, performances sportives accrues, réduction des niveaux de stress et système immunitaire plus fort, pour ne citer que ceux-là.

Florian Boulais, des douches froides à l’immersion en lacs gelés

« C’est ma compagne qui m’a initié, raconte Florian Boulais. Depuis deux ans, je prends une douche froide, tous les matins; cela a été progressif, d’abord les jambes, puis chaud-froid-chaud-froid, puis froid-froid. Souvent, je me lève et je ne file pas, je me traîne, j’ai des douleurs dans le corps. Je remplis mon arrosoir de neige fondue depuis la veille, sors tout nu devant ma cabine et me le vide sur le corps. Quand j’ai vraiment envie, je me roule dans la neige. Le tout agit comme un électro-choc, je me sens réveillé et toutes mes tensions sont relâchées. C’est ce que j’appelle se lever du bon pied. »

« En 2019, j’ai commencé les immersions en lacs gelés. J’ai vite remarqué que le froid m’aidait à libérer des tensions émotionnelles et à me délester de mon stress. Il y a dix ans, j’étais rongé par l’anxiété et aujourd’hui, les mécanismes que j’ai mis en place l’ont transformée en énergie positive. » M. Boulais rapporte être envahi par un sentiment de bien-être tellement grand après chaque douche ou immersion, que la petite lutte mentale précédant l’action est finalement facile à remporter.

Maxime Bachelot, adepte de la méthode Wim Hof

« Quand je suis arrivé en volontariat à Whitehorse, mon hôte m’a invité à le rejoindre dans sa pratique d’immersion, se rappelle Maxime Bachelot. Il m’a prêté le livre de Wim Hof et avec ma compagne, nous avons décidé de tester. Nous commencions toujours par des exercices de respiration, 10 à 15 minutes, pour préparer le corps et l’esprit au choc qu’ils vont vivre. Puis vient le temps de s’immerger. Le but n’est pas de battre un record, mais de considérer le froid comme un allié. Dès qu’il devient un ennemi, il est temps de sortir, d’aller se mettre au chaud et de méditer. »

Maxime Bachelot s’immergeait tous les jours dans le lac Cowley lors de l’hiver 2018-2019.
Photo : Maxime Bachelot

 

Pour M. Bachelot, cette routine permet d’évacuer toutes les choses négatives du corps. Il se souvient : « Après notre première immersion, ma compagne a été très malade, épuisement et vomissements. Nous nous sommes inquiétés, mais notre hôte nous a assuré que c’était normal, que c’était le corps qui se purifiait. Et en effet, le lendemain, elle allait très bien. » Après seulement quelques jours, le couple a pu constater les bénéfices : un stress disparu, un corps et un esprit apaisé, plus calme.

L’activité peut donner envie de s’initier, mais il n’est pas recommandé de la tester seul.e. Le groupe Facebook Wild Swimmers — Yukon, créé en 2018 par Sophia Marnick, permet de mettre en contact les adeptes de la discipline. Les novices peuvent donc prendre conseil auprès des plus expérimentés.