Sous le choc des armes et des armures, les combats médiévaux cachent une discipline noble et respectueuse. Une vingtaine de Yukonnais et Yukonnaises espèrent même rejoindre l’équipe nationale pour participer aux Championnats du monde qui se dérouleront en Espagne en 2020.
Des membres du club de combat médiéval du Yukon, la Company of the White Wolf, voyageront à Calgary les 18 et 19 janvier prochains pour tenter de se qualifier aux Championnats du monde de l’International Medieval Combat Federation (IMCF), qui aura lieu en Espagne à la fin d’avril 2020.
Entre quinze et vingt combattants se rendront à la Winter Cup, à Calgary, au début de l’année 2020. Des guerrières et des guerriers de partout au pays se donnent rendez-vous dans la ville albertaine pour se tailler une place dans l’équipe nationale. Les athlètes s’affronteront dans plusieurs catégories, comme le duel à l’épée et au bouclier ou le combat en équipe.
Des frères et sœurs d’armes
Quand elle ne porte pas son « gambison », une veste matelassée destinée à réduire la force des coups des armes en mousse utilisées pendant les entraînements, Marie-Maude Allard enseigne la musique. C’est le père d’un de ses élèves qui l’a convaincue de tenter l’expérience. Après avoir assisté à quelques pratiques de la Company of the White Wolf, elle décide de se lancer dans l’aventure. « J’ai adoré ça! Je me suis acheté une épée et mon casque directement après », déclare-t-elle.
Cela fait un peu plus d’un an qu’elle a eu la piqûre pour cette discipline. Le combat médiéval est plus qu’un simple « tapochage » et s’apparente à un sport complet, selon Mme Allard. « Il y a des techniques, des combinaisons et des jeux de pieds à apprendre », souligne-t-elle.
L’esprit de camaraderie et du respect de l’adversaire est une autre facette importante des combats médiévaux, témoigne Ian Duncan, président du Yukon medieval combat group. « Tu mets potentiellement ta vie entre les mains de ton adversaire, et lui aussi ».
Ce « code de conduite » ressemble à celui utilisé par les chevaliers. Malgré les armures d’époque, modifiées pour assurer un degré de sécurité aux standards contemporains, et les lames émoussées des armes, les chances d’une blessure demeurent présentes. « Il y a un lien très fort entre les gens qui s’entraînent et se battent ensemble », affirme M. Duncan. « Si l’unique but était d’écraser son adversaire, ce sport perdrait beaucoup de charme pour moi », ajoute celui qui a déjà participé deux fois aux Championnats du monde de l’IMCF.
Un entraînement hybride
Les combattants tentent de répliquer le plus fidèlement possible les techniques d’entraînement de l’ère médiévale. Ces guerriers des temps modernes apprennent à manier l’épée, le bouclier ou les armes d’hast, comme les hallebardes ou les lances, pour recréer des combats d’époque.
Les mordus de cette discipline étudient aussi toutes les compétences nécessaires aux chevaliers des années 1350 à 1450, afin de compléter leur apprentissage martial, par exemple la forgerie ou la fauconnerie. « Ce sont des habiletés utiles à la vie au Yukon ou dans des situations d’urgence », commente M. Duncan.
D’ailleurs, les membres de la compagnie White Wolf perfectionnent leurs techniques de combat en participant à des classes d’arts martiaux, difficilement accessibles au temps des châteaux. Marie-Maude Allard participe à des classes de jiu-jitsu et de muay-thaï en dehors des séances d’entraînement avec le club de combat médiéval. « Ça me donne la chance d’améliorer ma force d’impact avec des “jabs” ou des coups de pied et je peux ensuite le mettre en application après [lors des pratiques avec la Company of the White Wolf] », commente-t-elle.
Marie-Maude Allard et Ian Duncan espèrent tous deux faire partie de l’équipe canadienne pour aller combattre en Espagne. M. Duncan estime, dans le meilleur des cas, qu’une douzaine des membres de la Company of the White Wolf pourraient représenter l’unifolié en 2020.