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le Jeudi 15 août 2019 13:49 Sports - Loisirs

Pagayer vers le succès

Julianne Girouard après son entraînement au club de canoë-kayak Flatwater North.
Photo : Julien Latraverse
Julianne Girouard après son entraînement au club de canoë-kayak Flatwater North. Photo : Julien Latraverse

Julianne Girouard se rendra à la fin du mois d’août à Regina pour courser aux Championnats nationaux de canoë-kayak. Une occasion en or pour la seule athlète féminine du Yukon qualifiée de prouver au reste du Canada la vitalité de sa discipline au territoire du soleil de minuit.

Julianne Girouard après son entraînement au club de canoë-kayak Flatwater North.
Photo : Julien Latraverse

 

La jeune kayakiste Julianne Girouard, âgée de 15 ans, s’apprête à réaliser un de ses rêves d’athlète, soit celui de courser aux Championnats nationaux de canoë-kayak qui se tiendront à Regina à la fin du mois d’août.

Au moment d’écrire ces lignes, Julianne vient de récolter les deux premières médailles de l’histoire du Yukon en canoë-kayak aux Jeux d’été de l’Ouest canadien, en k1, au 500 m et 1000 m féminin. Des performances d’excellente augure pour les Championnats nationaux pour l’athlète s’entraînant au Club de Sprint Flatwater North.

Même si elle portera les couleurs d’un autre club à la régate — faute de partenaire — Julianne Girouard retire beaucoup de fierté à concourir, d’une certaine façon, pour le Yukon. « Honnêtement, j’aime vraiment ça représenter quelque chose, quelque part que les gens ne connaissent pas trop. Ils n’ont aucune idée de ce qui se passe ici. »

C’est sous la bannière de False Creek, où deux de ses coéquipières s’entraînent à l’heure actuelle en Colombie-Britannique, que Julianne participera à la course. « C’est ça le défi pour notre k4. Deux des filles sont de ce club et une autre fille vient de Chinook à Vancouver », commente l’adolescente qui en profite pour rappeler la complexité liée à cet équipage. « Nos techniques sont complètement différentes! »

L’anomalie yukonnaise

Pour un sport estival comme le canoë-kayak, s’entraîner sur l’eau peut rapidement devenir un problème. « Les températures ici changent vite, comme hier, on a eu du beau temps le matin. Après, il ventait en tabarouette, il y a eu de la pluie un peu plus tard. Ensuite, en après-midi, c’était éclairé et il pleuvait finalement après », raconte en riant l’adolescente.

L’entraîneuse de Julianne, Lynwen Birch, voit plutôt ces aléas de climat comme une qualité fondamentale des athlètes yukonnais. « Je crois que le Yukon donne aux jeunes l’expérience des éléments. Ils ont une connaissance que je n’ai pas vue avec d’autres athlètes du même âge. Ils sont chill avec différentes conditions, comme avec les vagues ou le froid. »

Ce calme yukonnais face aux intempéries est crucial pour les athlètes pour réussir à compléter leur important programme d’entraînement. Par exemple, Julianne passe entre trois et quatre heures par jour sur l’eau, entrecoupé par des séances de course à pied ou d’étirement.

Il est aussi nécessaire pour l’athlète de développer son endurance mentale pour parvenir à compléter toutes ces heures d’entraînement sans se lasser ou se blesser. Lynwen Birch, fraîchement revenue des Jeux panaméricains à Lima où elle entraînait l’équipe de sprint de canoë-kayak pour le Canada, martèle l’importance de ce facteur pour Julianne aux Championnats nationaux. « Il faut créer une résilience psychologique, car elle va courser dans cinq événements différents à Regina : k2, k4, c4, c15 et peut-être, on l’espère, le k1. »

Malgré cela, Lynwen Birch ne s’inquiète pas de la force mentale de l’adolescente. « Elle est mature, elle se comporte comme si elle était plus âgée. Comme si elle avait beaucoup d’expérience », remarque-t-elle.

Compétitrice dans l’âme

Julianne a eu la piqûre pour le sport nautique lors de sa première course. « Je suis allée aux Westerns [Canada Summer Games] à onze ans. J’y suis allée pour me faire de l’expérience, et c’est là que j’ai vu c’était quoi une compétition […] C’est là que j’ai dit : c’est ça que je veux faire », se rappelle-t-elle.

Avec des régates à toutes les fins de semaine ou presque, Julianne s’est améliorée à bonds de géant. « Elle a une bonne connaissance. Elle peut relier les commandes, les infos, la rétroaction que je lui donne en l’observant. Elle peut s’adapter et faire des changements assez vite. Elle est facilement coachable », affirme, le sourire en coin, celle qui entraîne des kayakistes depuis presque 30 ans, Lynwen Birch.

Les Championnats nationaux demeurent néanmoins l’occasion pour la jeune Franco-Yukonnaise d’atteindre un nouveau sommet. « La courbe de progression a été assez raide, assez rapide. Mais là, on arrive à un autre niveau », indique Mme Birch.

Une histoire de famille

Véritable passion familiale, le canoë-kayak fait partie intégrante de la vie des Girouard. Julianne s’entraîne avec son frère Joël et sa sœur Anick, âgés respectivement de onze et treize ans, au club Flatwater North fondé par leur père Daniel.

« On est dévoué au sport du canoë-kayak », souligne fièrement la mère de Julianne, Helen-Anne Girouard. Le clan utilise même les voyages entre les courses pour « faire des activités en famille entre les petits déplacements ici et là ».

Cet amour pour cette discipline aquatique s’est manifestement transmis à l’aînée de la famille. Pour la mère de Julianne, c’est cette affection toute particulière au canoë-kayak qui lui a permis d’atteindre son but. « Elle a passé tout l’hiver à s’entraîner pour se qualifier aux nationaux. Donc, on a beaucoup de fierté pour son dévouement au sport et de viser son but », affirme-t-elle.

Même si elle avoue être un peu « nerveuse » quant à sa participation aux Championnats nationaux, Julianne Girouard espère tout de même faire de son mieux « et croise les doigts pour un podium. On ne sait jamais! »

Si les championnats sont un objectif à court terme, Julianne voit grand pour son avenir. « Il y a quelque chose qui s’appelle Olympic Hopes, c’est pour les U16 [moins de seize ans]. Tu es membre de l’équipe nationale et tu espères aller aux Olympiques dans le futur. J’aimerais rentrer là-dedans l’année prochaine, mais on verra ce qui se passe. » Voyant la détermination et la persévérance de la jeune athlète, ses rêves pourraient bien vite devenir la réalité.