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le Jeudi 8 novembre 2018 11:02 Sports - Loisirs

À la découverte des régions polaires

Karine Bélanger était de l’expédition d’Aventure Canada sur le bateau de croisière nommé Ocean Endeavor. Photo fournie
Karine Bélanger était de l’expédition d’Aventure Canada sur le bateau de croisière nommé Ocean Endeavor. Photo fournie

La beauté et la fragilité du milieu nordique ont livré plusieurs secrets aux membres de la récente expédition menée dans l’Arctique par la fondation Students on Ice. L’enseignante Karine Bélanger en faisait partie.

Karine Bélanger était de l’expédition d’Aventure Canada sur le bateau de croisière nommé Ocean Endeavor. Photo fournie

Année après année depuis dix-huit ans maintenant, le programme Students on Ice a mené une trentaine d’expéditions en bateau dans le Grand Nord et dans l’Antarctique, permettant à plus de 2000 étudiants de découvrir et de vivre l’expérience polaire. Ce projet titanesque est l’œuvre de Geoff Green, directeur et fondateur du programme, et a également permis à des centaines d’aînés, d’experts, de scientifiques, de leaders et d’artistes venus des quatre coins de la planète de prendre part à cette aventure éducative.

Pour la première fois cette année, un nouveau volet était destiné aux enseignants. Il s’est greffé au programme grâce à l’obtention d’une bourse du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. C’est ainsi que Karine Bélanger est devenue cet été l’une des cinq enseignantes en sciences au secondaire au Canada à être sélectionnée. Enseignante du programme expérientiel
FACES 10 au Centre Wood Street, à Whitehorse, elle a ainsi pu joindre l’expédition à travers le programme Teachers on Ice, qui se déroulait du 23 juillet au 7 août.

« C’était une expérience incroyable », s’exclame Karine Bélanger, qui avait d’abord hésité à postuler au programme. « J’étais comme une éponge qui absorbait toute l’information que je recevais quotidiennement durant les ateliers auxquels j’ai participé. Je me sentais privilégiée d’être tout simplement là et de découvrir ces endroits uniques. »

Le trajet

Les participants, incluant des étudiants âgés de 14 à 26 ans provenant de 21 pays, ainsi que des historiens, des scientifiques et des artistes, se sont initialement rejoints en juillet à Ottawa afin de faire connaissance. De là, ils se sont envolés pour Kangerlussuaq au Groenland où les attendait le bateau de croisière d’Aventure Canada, l’Ocean Endeavor, sur lequel ils allaient vivre pendant près de deux semaines.

Le bateau devait initialement longer une partie de la côte ouest du Groenland avant de traverser le détroit de Davis pour se rendre jusqu’à Resolute Bay, au Canada, d’où les participants devaient reprendre l’avion vers Ottawa une fois le voyage terminé. Toutefois, en raison de la présence importante de glace qui a empêché le bateau d’avancer dans l’Arctique canadien, le parcours a dû être modifié. Cette décision a été prise à Pond Inlet, une communauté inuite située dans la partie nord de la Terre de Baffin, où les participants ont pu explorerla terre ferme. La présence des glaces a été omniprésente durant toute l’aventure.

« Nous n’avons pas pu visiter Ilulissat, au Groenland, car le glacier fond tellement rapidement, de plus de 17 km par année, et cause la formation d’une très grande quantité de glace et d’icebergs. Nous étions bloqués à sûrement 5 km de la côte, nous empêchant l’accès au village. C’est ce genre de surprise que le Nord nous fait découvrir. Il faut être flexible et cela nous a permis de changer nos plans pour nous diriger vers une autre communauté, apportant son lot de paysages tout aussi remarquables », raconte Karine Bélanger. « Dans la région de la Terre de Baffin, la raison de la présence de la glace était différente, puisqu’ils connaissaient une saison froide. Il y avait tout simplement trop de glace au moment où nous voulions atteindre la terre ferme, nous empêchant de passer », poursuit-elle.

C’est ainsi que l’Ocean Endeavor a dû reprendre le détroit de Davis, totalisant une traversée de plus de 48 heures, pour revenir en arrière et terminer sa route là où il avait commencé, au Groenland.

Une journée type

Les participants découvrent le Nord à travers une quantité impressionnante d’ateliers portant sur quatre axes principaux : la réconciliation et vérité, la littéracie des océans, les changements climatiques et le développement durable.

On parle ici de huit à dix différents choix d’ateliers par séance, souvent deux fois par jour, une séance en avant-midi et une en après-midi. Les participants pouvaient, par exemple, assister à la présentation de nouvelles technologies marines, comme l’utilisation de robots sous l’eau, apprendre à écrire en inuktitut ou discuter des étapes à prendre pour protéger la planète contre les
changements climatiques.

La côte étant accessible par zodiac, les participants pouvaient assister à des ateliers sur la terre ferme quand la température le permettait. Ils pouvaient ainsi randonner en compagnie d’un géologue, d’un archéologue, d’un botaniste et d’une personne inuite qui présentait sa version culturelle de l’utilisation des plantes indigènes. Ainsi, le même lieu pouvait être abordé sous différents angles. Certains jeunes ont même fait de la pêche et du kayak, parfois à travers les blocs de glace.

« Nous avons aussi visité des sites archéologiques utilisés par les chasseurs et les pêcheurs depuis des milliers d’années », se souvient Karine Bélanger. « La quantité d’ateliers, leur diversité et leur originalité étaient inexplicables », poursuit-elle.

Le retour et le partage

Les régions polaires sont géographiquement isolées et difficiles d’accès. Des programmes tels que Students on Ice ou Teachers on Ice permettent aux participants d’acquérir une meilleure compréhension des enjeux nordiques et de devenir des ambassadeurs des réalités du Nord.

« Je me suis donné une année pour assimiler tout ce que j’ai appris. Je prends donc le temps de consolider ce nouveau savoir afin de pouvoir le partager dans mon enseignement »,assure Mme Bélanger.