Florian Gomet, Français de 33 ans, s’était lancé un défi un peu particulier pour son été 2018 : marcher 600 kilomètres, entre Norman Wells aux Territoires du Nord-Ouest et Ross River au Yukon, traversant ainsi la chaîne de montagnes des monts Mackenzie, sans absorber la moindre calorie. En autonomie complète, il était accompagné par Damien Artero, un amateur de jeûne, de l’esprit minimaliste et accessoirement réalisateur du film La Marche sans faim, relatant l’épopée.
Si pour certains ce projet peut sembler fou, il parlera peut-être à d’autres. En effet, cet aventurier souhaite montrer que le corps humain possède des aptitudes naturelles incroyables lorsqu’on lui procure une hygiène de vie correcte, notamment des périodes de jeûne.
Un aventurier aguerri
M. Gomet n’en est pas à sa première expédition du genre. Déjà en 2015, il partait pour quinze mois d’aventures en solitaire, parcourant plus de 12 000 km, uniquement en déplacement à propulsion humaine (marche, vélo, kayak, ski) pour joindre l’est du Canada à sa côte ouest. Il a d’ailleurs emprunté le sentier du patrimoine Canol, en hiver 2016, en skis ou raquettes à neige et avec une pulka. Il s’était promis de revenir en été, en mode léger. Le voilà donc, sans équipement et sans nourriture, dans un esprit minimaliste, à Norman Wells, prêt pour sa nouvelle aventure.
Une vraie réussite
Après quatorze jours de marche et un peu plus de 340 kilomètres, il est cependant contraint d’abandonner… Mais pas à cause du manque de nourriture. Son corps répondait très bien au jeûne, mais les traversées de rivières ont rendu le projet plus éprouvant que prévu. Températures glaciales et forts courants : un choc thermique à chaque passage. Ajouté à cela une météo très difficile autour du col Caribou (T. N.-O.), M. Gomet a rendu son tablier douze kilomètres avant le col MacMillan (seul point de son itinéraire accessible par la route). Malgré la déception de s’arrêter avant d’atteindre son objectif, il est satisfait de la performance physique. Damien Artero, lui, suivait le marcheur en vélo pour ne pas le gêner dans son rythme et sa concentration; pratiquant l’alimentation végétale crue depuis plus de huit ans, il rationnait sa nourriture : 250 grammes par jour de fruits secs, noix, algues et graines germées. Il confie : « Le plus gratifiant, pour nous deux, a été de pouvoir observer comment le corps peut fonctionner avec rien ou avec très peu, malgré les conditions et l’adversité. Nous sentions une profonde harmonie entre l’esprit et le corps, le tout en immersion complète dans la nature. »
Une initiation à un autre style de vie
Le sentier du patrimoine Canol n’a pas été choisi au hasard. Outre le but de sensibiliser la population sur un nouveau moyen d’alimentation (période de jeûne et alimentation végétale crue), Florian Gomet, tout comme Damien Artero, souhaitait dénoncer la société de surconsommation. Le chemin emprunté suit en effet un pipeline démantelé qui a surtout servi pendant la Seconde Guerre mondiale. En l’empruntant, l’un marchant sans carburant, l’autre pédalant avec très peu, ils voulaient attirer l’attention sur l’épuisement des ressources naturelles de notre planète. On l’aura compris, la motivation du projet est vraiment un retour aux sources, une reconnexion totale avec la nature.
Florian Gomet et Damien Artero ont quitté le Yukon dimanche dernier, avec cependant l’idée de revenir l’été prochain pour présenter leur film et faire découvrir aux Yukonnais la gastronomie végétale crue. Pour en lire plus sur le projet, on peut se rendre sur le site Internet du film : www.planeted.eu/films-videos/films-de-damien/la-marche-sans-faim/ où une campagne de financement est en cours.