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le Jeudi 22 mars 2018 9:28 Sports - Loisirs

Nathalie Claing, sur les traces de Marcelle Fressineau

Autoportrait sur la ligne de départ avec Kaltag, le premier chien laissé par Marcelle Fressineau à McGrath.  Photo : Nathalie Claing
Autoportrait sur la ligne de départ avec Kaltag, le premier chien laissé par Marcelle Fressineau à McGrath. Photo : Nathalie Claing

De bénévole à Pelly Crossing sur la Yukon Quest 300 en 2017 à valet de chenil sur l’Iditarod 2018 pour la meneuse de chien bien connue Marcelle Fressineau, il n’y a qu’un pas que Nathalie Claing n’a pas hésité à franchir. Comptable de métier, cette Québécoise installée dans les Territoires du Nord-Ouest depuis 2014 a troqué sa calculatrice contre quelques harnais et bottines pour embarquer dans une aventure dont elle se souviendra certainement toute sa vie.

Un changement de vie radical

Déjà plus jeune, Nathalie Claing était attirée par le traîneau à chiens, discipline qu’elle pensait hors de sa portée cependant. « J’ai grandi dans les Basses-Laurentides et j’ai toujours été en compagnie de chiens et de chevaux. Moi, j’étais entourée de cow-boys et non de musheurs! » Fille d’hiver et de neige, elle saisit une occasion professionnelle pour emménager à Yellowknife afin de commencer une nouvelle vie, en meilleure adéquation avec sa passion pour le plein air.

Autoportrait sur la ligne de départ avec Kaltag, le premier chien laissé par Marcelle Fressineau à McGrath. Photo : Nathalie Claing

Son histoire s’apparente à celle de Marcelle Fressineau. Vingt-trois ans plus tôt, elle a quitté sa Suisse natale et s’est installée au Québec pour commencer sa nouvelle vie de musheuse. Très vite attirée par les courses de longue distance, elle déménage au Yukon pour se rapprocher des fameuses pistes de la Yukon Quest et de l’Iditarod, qu’elle a déjà foulées plusieurs fois au cours des six dernières années.

L’apprentissage

De sa rencontre avec Marcelle Fressineau lors de la Yukon Quest 300 de l’an dernier, il en ressort aujourd’hui une collaboration évidente pour mener à bien le projet Iditarod 2018 de la musheuse. Après un mois et demi passé au chenil de la Franco-Yukonnaise, Nathalie Claing a appris le métier de valet de chenil. Intensément et minutieusement, elle s’est familiarisée avec l’entraînement des chiens et les soins à leur prodiguer. Son temps est offert en échange du gîte, du couvert, et de quelques sorties en traîneau, une pratique courante dans le monde des chiens de traîneau.

Nathalie Claing a accompagné la musheuse en Alaska pour le départ de l’Iditarod. En bon valet de chenil, Nathalie est demeurée à Willow à une centaine de kilomètres d’Anchorage, et s’est occupée des chiens qui ont été sortis de l’attelage. Elle a suivi la trace de positionnement satellite du dossard 35 sur son ordinateur tout au long de la course.

Le 3 mars 2018, avec son équipe de quatorze chiens, Marcelle s’élançait, pour la troisième fois, sur la piste que le célèbre Balto a parcourue en 1925 pour rapporter du sérum à Nome, à la suite d’une épidémie de diphtérie. Reconnue pour être l’une des courses les plus difficiles au monde, l’expérimentée Marcelle Fressineau s’était parée à toute éventualité. Enfin, presque toutes. Elle raconte : « Entre les points de contrôle de Rohn et Nikolai, je suis tombée nez à nez avec une famille de bisons : deux adultes et un bébé. Mes chiens de tête ont commencé à paniquer, à rebrousser chemin et à s’emmêler dans la ligne de trait. Je ne pouvais pas laisser faire. Alors, j’ai saisi ma hache et j’ai tenté de chasser les bisons en leur courant après et en leur criant de partir. Ce qu’ils ont fini par faire. »

Mais Marcelle Fressineau et ses douze chiens toujours dans l’attelage ont dû abandonner à Shaktoolik, après avoir couru 777 miles. « C’était une course difficile pour les chiens. Nous nous sommes arrêtés après 1 250 km, car ma joyeuse équipe en avait assez. Je suis néanmoins très contente de ce qu’ils ont fait », a commenté la musheuse à son retour.