Les premières neiges ont saupoudré le Yukon depuis déjà plusieurs semaines. L’hiver est là. Une période toujours délicate pour les amateurs de photographie qui met à rude épreuve aussi bien les corps que le matériel. Et si les paysages nous interpellent par leurs nouvelles perspectives, il n’en reste pas moins difficile de capter une belle image entre le froid, l’humidité, la neige ou les sujets en mouvement.
L’Aurore boréale a rencontré Nicolas Lemieux, photographe amateur, et Christian Kuntz, photographe professionnel, qui partagent avec vous quelques bons conseils.
Passion des animaux, passion des gens
Arrivé au Yukon il y a quatre ans, Nicolas Lemieux, jeune Québécois, a trouvé son terrain de jeux.
« Le Yukon est un bon camp de base. Quand tu as goûté à l’immensité et au grandiose du territoire, c’est difficile de le quitter », confie-t-il.
Passionné depuis toujours, il s’est mis plus sérieusement à la photo il y a six ans, et s’est spécialisé dans les paysages animaliers, à la recherche de LA rencontre. « Toi, t’es là, avec tout ton équipement, il fait froid, et eux, ils sont complètement à l’aise avec les conditions climatiques. Ils t’acceptent parmi eux, t’oublient presque et tu as enfin l’occasion de les voir interagir entre eux! »
Christian Kuntz, lui, est Français, installé au Yukon depuis 28 ans. La photo est une passion de longue date puisqu’il l’a commencée en 1996. Six ans après, il a décidé d’en faire sa vie et est devenu photographe à temps plein. Il s’est aujourd’hui spécialisé dans les portraits, en essayant, la plupart du temps de faire ses séances en extérieur, et même en hiver!
Il raconte : « J’ai souvent des clients qui veulent des portraits dans la neige. D’ailleurs, j’attends une belle journée, avec du soleil et de la neige pour mon prochain shooting : une danseuse de ballet. »
Se protéger soi-même…
Mais qui dit hiver, dit température négative et humidité, deux points à ne surtout pas négliger quand on part en journée « shooting ». Il faut penser à s’habiller chaudement, peut-être plus que d’habitude, car il est fort probable de rester un long moment immobile. Alors, on n’oublie pas la cagoule pour protéger son nez (qui, collé au boîtier, peut geler rapidement par une journée à -30 °C) et plusieurs paires de gants : des sous-gants pour garder la dextérité manuelle, et des gants beaucoup plus chauds pour l’attente.
Une autre façon de voir les choses est de rester dans le confort de son véhicule. La plupart du temps, la voiture peut faire un bon affût, surtout au Yukon où les routes ne sont pas très passantes. Cependant, la différence de température entre l’intérieur de l’habitacle et l’extérieur peut créer une zone de brouillage qui se ressent sur la photo. Il existe deux solutions pour éviter le phénomène : ouvrir les deux fenêtres opposées pour faire circuler l’air ou alors couper le chauffage.
Le matériel et les réglages
Aucune règle particulière ne s’applique pour protéger son matériel, si ce n’est d’éviter les grands écarts de température pour prévenir la condensation qui peut endommager fortement un appareil ou une lentille. Alors, on pense à toujours bien ranger son matériel dans un sac, le plus hermétique possible, avant de retourner à l’intérieur, puis à attendre plusieurs heures avant de rouvrir ledit sac. Autres petits conseils : vérifier (et nettoyer au besoin) la présence de buée, et emporter avec soi deux ou trois batteries (les garder dans une poche près du corps afin que le froid ne les vide pas).
Chaque boîtier nécessitera des réglages différents en fonction du rendu souhaité. Un conseil général pour prendre en photo des sujets qui bougent est de jouer sur la vitesse d’obturation, car la longueur focale (le zoom) est plus grande que pour un paysage. Ainsi, le moindre mouvement rendra la photo floue. Pour contrecarrer le phénomène, on cherche à prendre la photo le plus rapidement possible et donc à augmenter la vitesse d’obturation.
On l’aura compris, le thème de la photo est un sujet vaste. Avec ces quelques conseils, on pourra mieux appréhender la saison hivernale pour ses propres clichés. Et si on veut rester au chaud pour voir de belles photos, on peut retrouver le travail de Nicolas Lemieux sur sa page Instagram et celui de Christian Kuntz sur son site Internet.