Cet automne, j’ai eu la chance d’aller passer une dizaine de jours à Paris et comme j’y étais déjà allée quelques fois auparavant, je souhaitais en profiter pour découvrir la ville sous un nouveau jour, c’est-à-dire m’éloigner des attractions touristiques et visiter des petits coins appréciés des locaux.
J’ai donc pensé demander à des francophones du Yukon originaires de la France quels étaient leurs endroits chouchous à Paris. Bien que tous ne soient pas originaires de la capitale, ils y ont soit vécu pendant un moment ou l’ont visitée à de nombreuses reprises.
Le premier Franco-Yukonnais à embarquer dans mon petit jeu, Philippe Lavezzari, m’a suggéré les marchés populaires du 19e arrondissement, car ils offrent selon lui une expérience dont on ressort « abasourdi et euphorique ».
Il raconte : « Imaginez marcher sur 500 mètres d’une échoppe chinoise croulant sous les bassines en plastique, à un artisan-boucher corse caché derrière un mur de saucissons au sanglier, en passant par des étals extravagants d’oranges du Maghreb. Que vous cherchiez une bobette en coton-pas-bio, de fausses Nike, un étui à iPhone ou des cerises, vous trouverez votre bonheur. À moins que vous ne craquiez pour cet éplucheur mystique 8-en-1, cette tapette à mouches couleur vert Tchernobyl, ou pour ce portefeuille en véritable crocodile-vinyle. De nombreux vendeurs parlent peu le français, mais ont appris par cœur des expressions pour attirer le chaland. Leur débit est incroyable.
Malgré la foule compacte coincée dans des embouteillages de chariots et de chiens-serpillières, ils ont l’œil acéré et voient arriver de loin les touristes (moi, ex-Parisien y compris!). Peut-être que mes sens sidérés par le mouvement incessant, les couleurs vives des boubous africains, et les tonitruants « 1NEURO1NEURO1NEURO-spécial-pour-toi-madame!… MADAME!! » trahissent mon acclimatation au tempérament une coche plus calme des Yukonnais.
« Hé Monsieur, t’es Breton? », ressort souvent. Mince, celui-là a dû se concerter avec ce vendeur de Fès, au Maroc, qui m’avait fait le même coup. Mes yeux s’attardent plus d’une seconde sur une montagne de salades à l’équilibre intriguant, l’approche est immédiate : « Salades! Vitamine C! C’est bon pour toi! » J’éclate de rire. »
Pour Audrey Percheron, qui habitait en banlieue parisienne, les balades à Paris étaient synonymes de retrouvailles entre amis. Elle aime tout particulièrement Montmartre, car le quartier domine Paris et offre une vue incroyable. « Ce qui me plaît également, c’est l’ambiance du vieux Paris dans les ruelles, où l’on peut entendre des musiques d’Édith Piaf, où l’on voit les serveurs des restaurants en costume d’époque. Ce quartier, bien que très touristique, nous replonge dans le Paris d’antan », explique-t-elle.
Kelly Tabuteau, Française en PVT au Canada depuis un an et blogueuse chez Lily’s Road, partage son avis. « J’adore l’ambiance qui s’en dégage. Là, assise sur les escaliers devant la cathédrale du Sacré-Cœur, je regarde les artistes de rue s’enchaîner, tout en contemplant la vue panoramique qu’offre cet endroit privilégié. Ici, j’ai l’impression de dominer la capitale, même si la vue est bien moins impressionnante que depuis la tour Eiffel ou la tour Montparnasse. Mais elle me paraît tellement plus authentique. Quand, enfin, je sors de ma torpeur, je m’aventure dans les petites ruelles derrière Sacré-Cœur, déambulant au gré des peintres, qui tentent, tant bien que mal, d’immortaliser l’instant présent. Un incontournable, c’est sûr! »
Audrey mentionne ensuite le quartier Saint-Michel, « car ce quartier longe les quais de la Seine avec ses brocanteurs et bouquinistes, ses bistros et troquets très typiques où l’on s’arrête pour déguster « une noisette » (café court avec un soupçon de lait), avec une vue imprenable sur la Cathédrale Notre-Dame. »
Comme quoi les clichés ne sont pas tous à éviter!