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le Vendredi 17 juin 2016 14:22 Sports - Loisirs

Équipée pour pêcher tard

Isabelle Bouffard vous offre sa chronique environnement à chaque nouvelle édition de l'Aurore boréale. Photo: Marie-Claude Nault
Isabelle Bouffard vous offre sa chronique environnement à chaque nouvelle édition de l'Aurore boréale. Photo: Marie-Claude Nault
Isabelle Bouffard vous offre sa chronique environnement à chaque nouvelle édition de l'Aurore boréale. Photo: Marie-Claude Nault

Isabelle Bouffard vous offre sa chronique environnement à chaque nouvelle édition de l’Aurore boréale. Photo: Marie-Claude Nault

 

Moi, je pêche pour relaxer. Je mets ma ligne à l’eau et attrape des poissons. Parfois, je les libère, mais souvent, je leur brise le cou, les éviscère, les cuis et les dévore accompagnés de légumes de saison. Ben oui : j’ai un passe-temps à la fois troublant et relaxant. Mais bon, sachez qu’à part de tuer de petits vertébrés pour m’amuser, il m’arrive aussi de lire pour le plaisir. Récemment, je suis tombée sur une étude selon laquelle les poissons ressentent la douleur. Révélation? Non. C’est un peu naïf de croire que l’on peut tuer sans faire de mal et quiconque s’est déjà empalé un doigt sur un hameçon en a sûrement tiré une leçon.

Toutefois, plusieurs scientifiques rejettent cette théorie, soutenant que les poissons n’ont pas les structures cérébrales nécessaires pour ressentir la douleur de façon consciente. Rassurant? Certainement. Mais dans le doute, il n’y a rien comme le gros bon sens. Que ce soit par respect des espèces ou pour maintenir la biodiversité aquatique, en matière de pêche, il y a un code d’éthique. Si, quand tu remets ton poisson à l’eau, il se laisse flotter sur le dos, il y a de bonnes chances que tes pratiques halieutiques manquent un peu de finesse. Voici donc quelques trucs pour une belle journée de pêche en harmonie et une remise à l’eau réussie.

Hameçons

Que ce soit par choix ou par loi, les hameçons sans ardillons sont de loin la meilleure option. Ils sont simples à retirer et facilitent la remise à l’eau. Aussi, les hameçons faits d’acier régulier sont préférables à ceux faits d’acier inoxydable. Ils s’éroderont plus rapidement si vous devez couper votre ligne ou s’ils restent pris à l’intérieur d’un poisson.

Leurres et appâts

Favorisez l’utilisation de leurres plutôt que celle d’appâts, lesquels les poissons ont tendance à avaler plus profondément. Aussi, enlevez les hameçons superflus de vos leurres. Ceci évitera d’accrocher le poisson dans l’œil ou les branchies alors que vous le ramenez à la surface de l’eau.

Dites non au plomb

Malléable et dense, le plomb est utilisé pour la fabrication de nombreux leurres. Étant également toxique, son introduction dans notre milieu naturel est inquiétante. Pas étonnant que certains parcs en interdisent l’utilisation. Heureusement, il existe une nouvelle génération de matériel de pêche sans plomb (oui, même des plombs sans plomb). Il suffit de bien lire les emballages pour en connaître la composition.

Épuisette

Quoiqu’une épuisette puisse être utile pour sortir les grosses prises, les poissons peuvent facilement s’y emmêler. Question de leur épargner quelques écailles, choisissez une épuisette en caoutchouc ou faite d’un filet mou, aux mailles petites et sans nœuds. Les poissons remis à l’eau en seront doublement heureux.

Pinces à long cou

Trimballez une paire de pinces à becs pointus dans votre coffre à pêche. Elles vous aideront à libérer un hameçon bien enfoncé, sans trop de bobo (pour vous et le poisson).

Règle à mesurer

Lorsque vous raconterez votre histoire de pêche, votre poisson peut être aussi gros que vos bras sont longs. Par contre, dans la vraie vie, vous devez respecter les règlements en vigueur pour la région et l’espèce concernées. Afin de minimiser la manipulation, ayez un ruban à mesurer à la portée de la main. Ou mieux : marquez les limites de taille directement sur votre canne à pêche ou votre embarcation. Un rapide coup d’œil scellera le destin de ce qui pend à votre hameçon.

La finesse

Ça y est : ça mord! On est excité : l’instinct du prédateur vient d’embarquer. Mais tant que le poisson n’est pas sorti de l’eau, la partie n’est pas gagnée et il faut rapidement déterminer si on peut le garder. Sinon, on doit le remettre à l’eau sans trop l’abîmer.

Dès que ça mord, tirez d’un petit coup sec pour bien ancrer l’hameçon et éviter que le poisson ne l’avale profondément.

Sortez votre prise de l’eau dès que possible au lieu de l’épuiser inutilement.

N’insérez pas vos doigts dans ses branchies, car vous pourriez les endommager.

Ne soulevez pas votre poisson par la queue, car vous risqueriez d’étirer sa colonne vertébrale.

Placez plutôt une main sous son ventre sans mettre de pression et l’autre serrant délicatement la base de la queue.

Retirez l’hameçon avec soin en utilisant des pinces au besoin. Parfois, lorsqu’il est trop profond, il est préférable de couper l’excédent de fil et laisser l’hameçon en place.

Évitez d’exposer votre prise à l’air trop longtemps. Il vaut mieux la remettre à l’eau que de la prendre en photo.

Et puis, remettez votre poisson à l’eau délicatement, la tête un peu vers le bas. Il est possible qu’il soit trop épuisé pour s’échapper. Donnez-lui le temps de reprendre ses forces ou même, faites circuler l’eau dans ses branchies grâce à un léger mouvement de va-et-vient jusqu’à ce qu’il recommence à nager.

Le gros bon sens

Quoique le taux de survie des poissons remis à l’eau semble élevé, il faut tout de même faire preuve de gros bon sens. La formule est simple : plus on pêche, plus on tue de poissons (remis à l’eau ou non). Quoiqu’étant une activité prisée, le but premier de la pêche devrait être d’attraper du manger. Diminuer nos stocks de poissons pour toute autre raison n’est que du gaspillage. Quant aux « chanceux » que vous déciderez de garder, éviscérer et dévorer? Pas de niaisage ni braillage : tuez-les rapidement au lieu de les laisser suffoquer. Qu’on se le dise : c’est beaucoup plus relaxant de tuer des petits vertébrés lorsqu’on le fait avec humanité.