Amateurs de vie animale qui comptez les caribous en vous rendant au travail, voici un jeu-questionnaire conçu uniquement pour vous. Premier indice : cet animal a été décrit pour la première fois en 1806 par William Turton, un scientifique britannique. Deuxième indice : vous avez davantage de chances d’apercevoir un ours ou un orignal que cette petite bête. Troisième indice : la Wealth Woman, une figure mythique des Premières nations Tagish, Tutchone et Tinglit, était vêtue d’une robe fabriquée avec sa fourrure.
De qui s’agit-il? La réponse est la martre d’Amérique ou martre des Hurons. En langage courant dans le Nord, plusieurs la désignent comme la martre des pins, une traduction de l’anglais Pine Marten.
La martre d’Amérique est un petit carnivore qui fait partie de la famille des mustélidés. Elle est menue et ne pèse qu’un kilogramme et quelques grammes (1,4 kg). Dame martre au museau pointu porte un manteau de fourrure brun luisant orné d’un plastron orange sur un corps mince long d’une cinquantaine de centimètres. Ses pieds digitigrades aux griffes semi-rétractables sont chaussés de bottillons poilus. Malgré sa petite taille, elle a fière allure et impose le respect. Son habitat est la forêt boréale où elle se nourrit de petits mammifères, de campagnols et de baies.
Reproduction
La martre est un animal solitaire, sauf pendant le temps de l’accouplement. Les mâles fécondent les femelles en été, mais les petits (une portée d’un à cinq individus) ne viennent au monde que le printemps suivant. En effet, l’implantation embryonnaire est retardée ou mise en dormance pendant sept ou huit mois, ce qui explique cette longue gestation. Après la mise à bas, la femelle s’occupe exclusivement des petits. Toutefois, le mâle qui est territorial protège en quelque sorte sa famille en chassant les autres mâles de son fief.
Observation
Animal nocturne, la martre chasse au petit matin ou au crépuscule. En hiver, elle est plus active le jour pour profiter de la chaleur du soleil. Si jamais vous avez le bonheur de l’observer, vous remarquerez sa nervosité extrême. Debout sur ses pattes de derrière, elle scrute les environs avec fébrilité pour déceler tout danger. Une minute plus tard, elle disparaît sous un tronc d’arbre mort ne laissant derrière elle que le souvenir fugace de sa poitrine roux feu. Peut-être la verrez-vous encore dans un vieux peuplier bondissant d’une branche à l’autre comme une trapéziste intrépide : la tête en haut ou en bas, peu lui importe!
État de la population
Au siècle dernier, la passion des fourrures a été un facteur important dans l’élimination locale de l’espèce dans certaines régions du pays. Il n’y a plus de martres à l’Île-du-Prince-Édouard et elle a été réintroduite en Nouvelle-Écosse. En 1934, Terre-Neuve a mis en place une interdiction de piégeage qui dure encore. Au Québec, la population est stable, mais l’animal a disparu de l’île d’Anticosti.
Au Yukon, cet animal hante particulièrement le sud-est du territoire et sa population est considérée comme stable.
Piégeage
La martre est facile à piéger parce qu’elle est très curieuse. Elle ne peut s’empêcher d’aller mettre son nez là où elle ne devrait pas! Le piégeage est permis en respectant des règles précises surtout en ce qui concerne le nombre de prises et le genre de pièges utilisés. La saison de piégeage débute le 1er novembre et se termine le 28 février.
Note de l’auteure : Si l’observation des animaux vous intéresse, consultez le site du ministère de l’Environnement. Le site est uniquement en anglais, mais quelques publications sont disponibles en français dont l’excellent Guide d’observation de la faune et de la flore du Yukon.