Fred Lauk
Le club de parapente de Whitehorse est en plein essor. Il a ouvert de nouveaux sites, se fait remarquer au niveau national. Bref, voilà une association qu’il va falloir surveiller de près. Des chiffres prometteurs quant à l’économie locale pourraient même faire leur apparition dès la fin de l’été.
Trevor Mead-Robins est un homme comblé. Non content de maîtriser la troisième dimension avec son parapente, le club dont il est le secrétaire se porte très bien. L’Association yukonnaise de parapente et deltaplane (le AYPH), créée voilà déjà quinze ans, accueille chaque année de plus en plus d’adhérents, principalement ces deux dernières années. Oh! on est bien loin des 400 pilotes de la Colombie-Britannique ou des 250 Québécois, mais avec 23 pilotes, le club yukonnais se hisse cahin-caha à la cinquième place nationale. Pas de quoi pavoiser, mais au moins de quoi attirer le regard de la fédération. En effet, un des membres de Whitehorse vient de se voir attitrer une chaise comme membre du bureau national. Cependant, il ne faut pas se voiler la face, les chiffres nationaux prouvent que le parapente reste un sport relativement peu pratiqué avec environ mille pilotes. À titre de comparaison, on en trouve presque vingt fois plus en France.
Et au Yukon, alors? La topographie, la météorologie, bref les conditions aéronautiques font de la place un repaire d’élitistes. « Mais pour ceux-là, c’est l’apothéose », explique Trevor. Il faut dire que nos pilotes locaux se font fort de dénicher de nouveaux endroits pour voler, de nouvelles aires de décollage. Ainsi, trois nouveaux sites s’ajoutent aux 29 déjà répertoriés par les parapentistes, deux à Dawson et un à Whitehorse. Mais pas n’importe où : au mont Sima!
« C’est assurément une occasion intéressante », souligne Don Wilson, le directeur de l’exploitation du Mont Sima. « Nous ouvrirons nos remontées mécaniques cet été, probablement les fins de semaine. De plus, le parapente est un atout pour l’attrait du site et s’harmonise avec les autres activités sportives que sont le vélo de montagne et l’accrobranche. Cela pourrait attirer du monde, les gens aiment observer les parapentistes. » À l’heure où nous écrivons ces lignes, les dates et horaires exacts n’étaient pas encore décidés. Néanmoins, le projet est définitivement bien avancé puisque Recreation Parks and Association a donné une subvention pour couper quelques arbres afin d’améliorer la sécurité lors de l’atterrissage.
Nul doute que voir évoluer ces voiles dans le ciel donnera quelques envies aux plus téméraires d’entre nous. En effet, qui ne voudrait pas voler à quelques mètres d’un aigle (ces derniers profitent – comme les parapentistes – des courants ascendants pour rester en l’air, et l’un se sert de l’autre pour les repérer!) ou observer les animaux ou les montagnes depuis un point de vue privilégié? C’est là où le bât blesse. En effet, pour apprendre le parapente, il faudra que les « Charles Lindberg en herbe » aillent à Vancouver ou Vernon (en Colombie-Britannique) pour se former, le club ne disposant pas d’instructeurs. C’est le prix à payer pour tutoyer les cieux. « C’est dommage, conclut un jeune pilote d’avion qui se serait bien vu faire du vol libre. On en aurait eu à Whitehorse, cela m’aurait intéressé… »