Laurie Trottier
Notre avenir propre. Pour les jeunes de la première cohorte du Comité jeunesse sur les changements climatiques, ces mots signifient plus que le slogan de la stratégie yukonnaise de lutte contre les changements climatiques. Il s’agit de leur futur.
« Le pouvoir est là et la jeunesse l’a. » Sruthee Govindaraj était l’une des onze membres âgés de 13 à 24 ans de la première cohorte du Comité jeunesse sur les changements climatiques. Le projet a débuté en janvier et était chapeauté par l’organisme BYTE, qui a pour mission de valoriser et promouvoir la jeunesse à travers le Yukon.
Au terme de dix mois de rencontres, les onze leaders du climat ont produit une série de recommandations à l’intention du gouvernement du Yukon, touchant à plusieurs domaines incluant l’éducation, l’aménagement du territoire, l’exploitation des ressources et les savoirs autochtones.
Sruthee Govindaraj sort de ce projet encore plus outillée, confiante et décidée à s’impliquer pour changer les choses. « Je suis rendue à la mi-vingtaine et parfois je me demande à quoi ça sert de continuer à se battre. Mais ce projet a été une illumination et je suis tellement contente d’y avoir participé », souligne celle qui est agée de 24 ans et spécialiste de l’environnement à Core Geoscience Services inc., à Whitehorse.
« On a aussi rencontré une foule d’experts qui nous ont fourni des données et des informations essentielles à la rédaction des recommandations », ajoute Sruthee Govindaraj. Cette dernière s’est concentrée sur la connexion entre la population et l’environnement, et s’est assuré qu’aucun aspect essentiel ne soit laissé derrière.
« C’était important pour nous d’inclure la souveraineté autochtone et les savoirs traditionnels au sein de notre rapport et dans nos actions », affirme-t-elle.
27 recommandations adressées au gouvernement
Rejointe au téléphone alors qu’elle suivait de près les travaux des pays participants à la COP26, à Glasgow, Sruthee Govindaraj confie avoir souvent l’impression que la voix des jeunes n’est pas sérieusement écoutée. « Mais c’est de leur futur qu’il est question et ils doivent être pris en compte », assure-t-elle.
Le 15 octobre, le groupe jeunesse a présenté son rapport au premier ministre Sandy Silver, et aux ministres John Streicker et Nils Clarke. Si Sruthee Govindaraj a senti que les dirigeants présents étaient à l’écoute des recommandations des jeunes, elle a surtout hâte de voir les actions qu’ils mettront de l’avant.
La recommandation qu’elle juge la plus importante est d’inclure les changements climatiques au sein du cursus scolaire : « Nous ne l’abordons que brièvement et nous n’allons pas au fond des choses, comme les conséquences sociales et économiques, soutient-elle. On se concentre seulement sur la science. »
La prochaine cohorte bientôt formée
« Je suis vraiment heureuse que le processus n’ait pas seulement abouti aux recommandations des panélistes, mais qu’il ait aussi permis aux jeunes d’établir des liens plus étroits les uns avec les autres et de connecter avec d’autres personnes qui se soucient du changement climatique, se réjouit Emily Ross, coordinatrice du Comité jeunesse pour BYTE. Si je ne devais retenir qu’une seule chose de ce projet, c’est qu’il ne manque pas de jeunes passionnés et compétents au Yukon qui ont la volonté de travailler pour la justice climatique. »
La deuxième cohorte sera formée sous peu, mais les jeunes de la première édition continueront de demander des comptes au gouvernement pour s’assurer que les recommandations soient implantées, explique Emily Ross.
Quant à Sruthee Govindaraj, son activisme environnemental ne s’arrête pas là : celle-ci est membre du premier Conseil d’orientation sur le climat du Yukon formé au début du mois, qui a pour but de formuler des recommandations afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % au territoire. « Le Comité jeunesse m’a donné les contacts et la motivation de le faire », affirme-t-elle, reconnaissante.
Quelques recommandations du Comité jeunesse sur les changements climatiques
• Exiger que l’ensemble du personnel employé au gouvernement du Yukon suive le cours « Prise de décision pour le changement climatique » de l’Université du Yukon.
• Mettre en place un droit de veto pour les communautés autochtones sur tout projet de développement et d’industrie extractive sur leurs terres.
• Interdire les dons d’entreprises aux partis politiques du Yukon pour s’assurer qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêts en lien avec la législation environnementale des industries.
• Prioriser la réduction du voiturage en solo en offrant un transport en commun plus fréquent et plus accessible.
ILJL – Réseau.presse. l’Aurore boréale