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le Jeudi 11 novembre 2021 5:16 Scène locale

« THIS IS NOT A TEST » : alerte d’urgence en anglais seulement, l’AFY porte plainte

Selon la porte-parole Kat Hallet du gouvernement du Yukon, il s’agirait de la première fois que le système d’alerte par téléphone est utilisé pour une situation réelle au territoire. Photo : Maryne Dumaine.
Selon la porte-parole Kat Hallet du gouvernement du Yukon, il s’agirait de la première fois que le système d’alerte par téléphone est utilisé pour une situation réelle au territoire. Photo : Maryne Dumaine.

« Rescinded ». Avez-vous été de ceux et celles qui ont cherché la traduction de ce terme, le 26 octobre dernier, vers 14 h 27, lorsqu’une alerte de tireur actif a été déclenchée à Faro? Vous n’étiez pas les seul.e.s.

Selon la porte-parole Kat Hallet du gouvernement du Yukon, il s’agirait de la première fois que le système d’alerte par téléphone est utilisé pour une situation réelle au territoire. Photo : Maryne Dumaine.

 

Le mardi 26 octobre dernier, à 14 h 13, la majorité des téléphones du Yukon se sont mis à vibrer. Une alerte lancée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a mis en garde la population d’une situation d’urgence se déroulant à Faro, une communauté de quelque 350 habitant.e.s située à environ quatre heures de route au nord-est de Whitehorse.

L’alerte en anglais, dont seul le titre « ALERTE D’URGENCE » était traduit, demandait aux gens de ce secteur de se réfugier dans un endroit sécuritaire jusqu’à nouvel ordre et précisait – en majuscules – qu’il ne s’agissait pas d’un test.

Les Yukonnais et Yukonnaises ont en effet reçu quelques tests cette année afin de les préparer à une situation semblable. Ces essais avaient tous été envoyés dans les deux langues officielles du Canada, l’anglais et le français.

Quelques minutes plus tard, on recevait, toujours en anglais, une seconde alerte précisant que l’alerte était annulée ou révoquée (rescinded). Sur la page Facebook francophone de la GRC du Yukon, les communications se sont également effectuées en anglais, tout comme sur le compte Twitter.

Plus tard en après-midi, les remarques du surintendant principal Scott Sheppard, commandant de la GRC au Yukon, ont quant à elles été traduites.

L’Association franco-yukonnaise (AFY) porte plainte

« J’ai moi-même reçu ces alertes et j’ai été choquée de recevoir cette communication en lien avec la sécurité de la population en anglais seulement », soutient Isabelle Salesse, directrice générale de l’AFY.

Au nom de l’association francophone, celle-ci a déposé deux plaintes. Une première au Commissariat aux langues officielles, qui précise que l’envoi unilingue de l’alerte « est inacceptable et ne respecte pas l’obligation de la GRC en lien avec la partie IV sur les droits en matière de communication de la Loi sur les langues officielles ».

La seconde a été déposée via la Direction des services en français (DSF) et s’adresse à l’Organisation des mesures d’urgence (OMU), qui est responsable de transmettre les alertes à la population au Yukon : « Il s’agissait d’une vraie urgence grave et l’obligation d’informer le public dans les deux langues n’a pas été respectée. […] À quoi sert de faire des tests si on ne suit pas les règles lorsque la situation est réelle et grave? »

Les instances se renvoient la balle

Rejoint par courriel, le Bureau des communications de la GRC du Yukon indique que les alertes sont du ressort de l’OMU, et que toute question à ce sujet doit lui être adressée.

Cependant, l’OMU souligne que si l’organisation s’occupe de transmettre l’alerte à la population, elle ne fait que partager le texte qu’elle reçoit de la GRC.

« Lors de la situation de l’individu armé de mardi à Faro, l’OMU a émis l’alerte au nom de la GRC en utilisant le texte fourni par cette équipe, souligne Kat Hallet, porte-parole du gouvernement du Yukon. Traduire l’alerte aurait occasionné des délais dans la transmission de celle-ci et aurait pu entraîner des conséquences potentiellement désastreuses pour la sécurité de la vie des résident.e.s de Faro ».

Cette dernière affirme que l’OMU et ses partenaires sont en train de développer une banque de messages bilingues à utiliser pour de futures situations d’urgence.

Faro, après le choc

Au moment d’écrire ses lignes, Ralph Shaw fait face à six chefs d’accusation, dont deux pour meurtre au premier degré d’une femme de 42 ans et d’un homme de 73 ans.

« Nous adressons nos pensées et nos condoléances aux familles, aux ami.e.s et à la collectivité de résidence des victimes. C’est une situation tragique pour la ville de Faro et pour le Yukon tout entier », s’est désolé le surintendant principal Scott Sheppard. Une veillée à la mémoire des victimes, de leurs ami.e.s et de leurs familles s’est tenue le lendemain.

Sur sa page Facebook, la Ville de Faro a tenu à rappeler le numéro de téléphone de la division yukonnaise de l’Association canadienne de la santé mentale : 1 844-533-3030.

Plusieurs campagnes de dons sont également organisées pour venir en aide aux personnes touchées par ce drame. Les deux familles des victimes ont également lancé des campagnes de financement GoFundMe, qui ont déjà récolté plus d’une dizaine de milliers de dollars chacune. Les liens sont les suivants :

gofund.me/ee7cd6c0 et gofundme.com/f/helping- family-barb-mccracken.

IJL – Réseau.Presse L’Aurore boréale