Manon Moreau a été nommée sous-ministre de la Direction des services en français (DSF) du Yukon et a débuté son nouveau mandat il y a un mois. Qui est-elle et quelles sont ses priorités?
Manon Moreau est devenue sous-ministre de la DSF le 14 septembre dernier, remplaçant ainsi Valérie Royle qui quitte le gouvernement du Yukon. « Je suis très excitée et je suis très fière, affirme-t-elle. J’ai toujours travaillé en collaboration avec la DSF et je me demande toujours comment je peux m’impliquer un peu plus dans ce travail. Alors je suis ravie. »
Manon Moreau conserve son rôle de sous-ministre de l’Environnement, mais quitte la Société des alcools du Yukon et Loteries Yukon. Les sous-ministres sont nommé.e.s par le Conseil des ministres et représentent les plus haut.e.s fonctionnaires du gouvernement du Yukon. Ces personnes s’occupent entre autres du budget, du bon déroulement et de l’élaboration des programmes de l’entité pour laquelle elles travaillent.
Cette nouvelle fonction est loin d’être la première implication de Manon Moreau au sein du gouvernement yukonnais. Arrivée au territoire en 1997, celle-ci a notamment œuvré en tant que directrice de la planification et des politiques ministérielles au ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources avant de devenir, en 2017, sous-ministre adjointe au développement des ressources renouvelables.
« J’ai travaillé avec les Premières Nations, les autres tables fédérales, provinciales et territoires, j’ai été impliquée dans l’agriculture, la foresterie, et maintenant dans l’environnement, la biodiversité et les changements climatiques », énumère-t-elle, en précisant qu’il s’agit d’atouts pour son nouveau rôle, puisqu’elle a été amenée à échanger avec des partenaires et représentant.e.s francophones à de nombreuses reprises.
Connaissance du milieu minoritaire
Manon Moreau est bien au fait de l’expérience unique qu’est celle d’évoluer dans un milieu minoritaire. Elle est née en Colombie-Britannique d’une mère québécoise et d’un père français. « On était la seule famille francophone du quartier là-bas », soutient Manon Moreau. Pour cette dernière, pouvoir envoyer ses enfants à une école francophone au Yukon représente quelque chose de très précieux.
Dans le passé, Manon Moreau a mentionné qu’elle a été à quelques reprises la cible de blagues en raison de son héritage francophone. Désormais, elle ne laisse plus celles-ci l’atteindre : « J’essaie de ne pas me concentrer là-dessus et devenir amère. Je pense qu’il y a tellement de bénéfices et je n’ai pas de problème à les évoquer », dit-elle fièrement.
La priorité à la santé et à cohésion
Sans surprise, c’est le nouveau centre de santé bilingue qui monopolisera une bonne partie de son temps en tant que sous-ministre de la DSF. « J’ai toujours entendu de la communauté francophone l’importance d’avoir des services santé bilingue et si on peut voir ce centre de santé [ouvrir ses portes], pour moi, ce serait un gros succès », avoue celle qui est titulaire d’un baccalauréat ès arts de l’Université de l’Alberta et d’une maîtrise en science politique de l’Université de Victoria.
L’accès aux soins en français est une des priorités de l’Association franco-yukonnaise, du Partenariat communauté en santé et d’une multitude d’autres acteur.rice.s de la francophonie yukonnaise depuis très longtemps.
Le centre de santé bilingue devrait être accessible dès janvier 2022 et a été évoqué dans le rapport La population d’abord du ministère de la Santé et des Affaires sociales en 2020. Elle continuera également le travail amorcé par sa prédécesseure pour s’assurer que les documents ministériels soient traduits et accessibles rapidement en français.
Sinon, Manon Moreau souhaite créer une meilleure cohésion au sein de l’équipe de la Direction des services en français : « C’est une petite direction dans le gouvernement, ajoute-t-elle. Pour moi, c’est important. Je veux aider à donner aux employé.e.s un sentiment d’appartenance. »
Clairement, la relation est déjà bien cordiale entre elle et le directeur André Bourcier, qui affirme que d’avoir une personne avec un héritage francophone au poste de sous-ministre de la DSF est une première. « Ça permet d’aller un petit peu plus en profondeur, d’explorer certains défis de la communauté francophone », explique-t-il.