En 2010, en partenariat avec l’Association des femmes autochtones du Canada et le gouvernement du Yukon, le projet Sœurs par l’esprit du Yukon (Yukon Sisters in Spirit) a été lancé.
Depuis sa création, le Conseil des femmes autochtones du Yukon (YAWC) organise en octobre des marches et des veillées pour rendre collectivement hommage aux victimes et aux familles des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées au Yukon et dans le nord de la Colombie-Britannique et faire avancer les demandes de justice de l’Enquête nationale sur le sujet.
En 2019, le rapport final de l’Enquête nationale a été soumis et un plan d’action national a été publié en juin 2021 pour les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+. « Nous avons tous et toutes la responsabilité de protéger nos filles, nos mères, nos grands-mères, nos sœurs, nos partenaires et nos amies. Trop de personnes ont disparu. Nos vies, nos familles et nos communautés sont marquées à jamais par ces pertes », dénonce Doris Bill, cheffe de la Première Nation des Kwanlin Dün.
Une semaine de commémoration à Dawson
Le 4 octobre prochain à 18 h, les personnes résidentes de Dawson sont invitées à se rendre au Centre culturel Dänojà Zho pour une marche à la bougie le long du fleuve, afin d’écouter des prières et de participer à une veillée autour d’un feu. Cette marche est organisée conjointement par la maison d’hébergement pour femmes de Dawson, le Centre culturel Dänojà Zho, le Centre pour jeunes et le Département bien-être des Tr’ondëk Hwëch’in. Le même jour, des marches et veillées auront aussi lieu ailleurs dans le reste du territoire et du pays.
La première semaine d’octobre, la communauté de Dawson est invitée à démontrer son soutien envers les familles et à réitérer son engagement à créer un monde sans violence en accrochant des vêtements rouges devant leur maison et en allumant des bougies aux fenêtres. « Nous voulons que les familles sentent que leurs proches ne sont pas oubliés et que la communauté de Dawson s’engage à empêcher que d’autres filles, sœurs, cousines, tantes et membres de la famille soient volé.e.s à notre communauté », explique Crickett Wilder, coordinatrice des programmes à la maison d’hébergement pour femmes.
Pourquoi des vêtements rouges?
En 2011, l’artiste métisse Jaime Black a créé le projet REDress « pour attirer l’attention sur la nature sexuée et racialisée des crimes violents contre les femmes autochtones et pour évoquer une présence en marquant l’absence ». Elle a choisi le rouge parce que c’est une couleur sacrée, la seule couleur que les esprits peuvent voir.
« Le rouge est vraiment un rappel des esprits de ces femmes et leur permet d’avoir une chance d’être parmi nous et de faire entendre leur voix par l’intermédiaire des membres de leur famille et de leur communauté. J’espère que les groupes communautaires utiliseront cet outil pour que le public comprenne mieux le problème des femmes disparues et assassinées », explique Jaime Black.
Ce projet a inspiré de nombreuses actions à Whitehorse et Dawson. « Nous avons choisi d’utiliser toutes sortes de vêtements rouges, car même si la violence que subissent les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones est sexuée, les robes ne sont pas réservées aux femmes et les maillots de hockey ne sont pas réservés aux hommes », précise Crickett Wilder. À Whitehorse, 42 robes ont été accrochées l’an passé et 42 coups de tambour ont résonné en ville. « 41 des robes représentent les femmes autochtones du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique qui ont été assassinées ou qui ont disparu. Une robe symbolise la prochaine cible vulnérable, car les femmes autochtones sont encore des cibles », explique Joy O’Brien, coordinatrice des activités de sensibilisation du YAWC.
Retrouvez l’ensemble des veillées et marches organisées au Yukon et dans l’ensemble du Canada sur le site Internet des l’Association des femmes autochtones du Canada : nwac.ca