Après une courte campagne électorale de 36 jours, l’ancien médecin hygiéniste en chef du territoire Brendan Hanley a été élu au Yukon, reprenant ainsi le siège laissé vacant par son prédécesseur libéral Larry Bagnell.
Il aura fallu attendre aux alentours de 22 h pour que l’issue du scrutin soit révélée dans la circonscription du Yukon. Au début de la soirée, les résultats de Brendan Hanley du Parti libéral du Canada (PLC), Lisa Vollans-Leduc du Nouveau Parti démocratique (NPD) et Barbara Dunlop du Parti conservateur du Canada (PCC) oscillaient tous autour de 20 % des suffrages, le reste des votes allant au candidat indépendant Jonas Jacot Smith et à la verte Lenore Morris. Ce n’est que le lendemain, avec le dépouillement des votes postaux, que les résultats finaux ont été annoncés. Brendan Hanley sort victorieux avec un écart de plus de 1300 voix sur Barbara Dunlop, et avec 33,2 % du suffrage.
« Ce fut toute une campagne, a déclaré Brendan Hanley devant une soixantaine de personnes, dont des bénévoles et sa famille, réunis au Musée Macbride le soir du 20 septembre. Nous avons de grands enjeux qui nous attendent. […] Il y a du travail à faire pour nous rassembler en tant que Yukonnais.e.s et en tant que Canadien.ne.s. »
Le Dr Hanley, largement connu par la communauté yukonnaise pour son engagement depuis le début de la pandémie, a tenu à féliciter Larry Bagnell, qui a occupé le poste de député territorial pendant près de vingt ans. Pendant sa campagne, il a misé sur sa connaissance du réseau de santé pour aborder les enjeux de santé mentale et la crise des opioïdes.
Un député francophile
Des cinq candidat.e.s, seul Brendan Hanley peut s’exprimer en français. Il a rappelé à plusieurs reprises son intérêt à défendre les intérêts de la francophonie lors de sa campagne électorale.
Son parti et lui se sont engagés à adopter le projet C-32 sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles dans les 100 premiers jours de leur nouvelle administration, un engagement important pour la directrice générale de l’Association franco-yukonnaise Isabelle Salesse. « Nous avons confiance que la collaboration sera cordiale et que nous allons être écoutés. Pour nous, c’est toujours un plus de pouvoir parler avec un francophile de longue date, qui connaît la communauté franco-yukonnaise », confie la directrice le lendemain du scrutin. « Pour moi, ce que je peux promettre, c’est d’être une voix pour les francophones du Yukon », a assuré Brendan Hanley.
Première campagne stimulante
Cette année, en plus de Brendan Hanley, les candidates Barbara Dunlop (PCC) et Lisa Vollans-Leduc (NPD) effectuaient aussi leurs premiers pas en politique. Barbara Dunlop a particulièrement aimé se rendre dans les communautés plus éloignées et entendre les perspectives de ces électeurs et électrices sur différents enjeux : « J’ai appris énormément de ma campagne et j’ai eu encore plus de plaisir que je le croyais. » Selon elle, la campagne au Yukon s’est déroulée dans le respect et a permis la tenue de débats de fond intéressants, propos également soutenu par Lisa Vollans-Leduc.
« Je suis à jamais changée, s’épate-t-elle. La confiance que les gens m’ont accordée quand j’ai cogné à leur porte. Ils m’ont ouvert leur cœur et raconté leurs histoires. Ils m’ont fait confiance avec cette information. » Elle reste surprise de voir autant de Yukonnais.e.s se ranger du côté du PLC et du PCC, qui présentent des valeurs qui sont très différentes des siennes. « Ce n’est pas fini pour moi », confie-t-elle en souriant.
Les territoires ne changent pas de couleur
Les trois territoires ont opté pour le statu quo lors des élections fédérales du 20 septembre. Avec 158 autres député.e.s élu.e.s, le Parti libéral du Canada dirigé par Justin Trudeau forme à nouveau un gouvernement minoritaire.
De manière générale, le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau a fait campagne principalement sur la COVID-19 – disant vouloir en finir avec la pandémie – mais aussi sur les enjeux du logement, des changements climatiques et de la réconciliation.
Une campagne fédérale en pleine 4e vague
Le déclenchement des élections fédérales par les libéraux, qui ont coûté la somme record de 612 millions de dollars aux contribuables, n’a pas été bien reçu par les partis d’opposition nationaux, qui ont vu dans cet acte un simple désir de faire un gain politique en pleine pandémie. « Les gens qui avaient des doutes sur les raisons de lancer une élection à ce moment vont certainement continuer à le faire », assure Barbara Dunlop.
D’autant plus que les résultats qui mènent au 44e gouvernement canadien sont presque en tout point semblables à ceux de 2019. Les conservateurs d’Erin O’Toole ont mis la main sur 119 sièges, Jagmeet Singh et le NPD 25, le Bloc québécois d’Yves-François Blanchet 34 et le Parti vert du Canada d’Annamie Paul 2. Cette dernière est la seule cheffe à ne pas avoir été élue, perdant son pari dans Toronto-Centre. Selon les informations de Francopresse, 16 élu.e.s francophones à l’extérieur du Québec se sont taillé une place au sein de la Chambre des communes, soit deux de plus qu’en 2019.
Les deux autres territoires canadiens n’ont pas non plus changé de couleur lors de cette élection. Aux Territoires du Nord-Ouest, le député libéral Michael McLeod a été réélu pour un troisième mandat, alors qu’au Nunavut, c’est l’avocate néodémocrate Lori Idlout qui l’a emporté, remplaçant Mumilaaq Qaqqaq, en poste depuis 2019.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale