IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale
Près de trois semaines après le dépouillement des votes, les élections territoriales du Yukon ont connu un certain dénouement le 28 avril dernier. Le gouvernement minoritaire libéral devient fort de l’appui du Nouveau Parti démocratique après la signature d’une entente de collaboration entre les deux partis.
Sandy Silver du Parti libéral du Yukon et Kate White du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont signé une entente et s’engagent à travailler ensemble pour tous les Yukonnais et Yukonnaises. L’entente n’est pas une coalition, mais bien « une nouvelle collaboration entre les partis, fondée sur le principe de ‘‘bonne foi et aucune surprise’’ », a expliqué en conférence de presse Sandy Silver. Selon l’analyste politique Sophie Delaigue, cet accord promet un véritable équilibre politique aux Yukonnais et Yukonnaises : « Ça fait plus de 10 ans que Sandy Silver et Kate White travaillent ensemble, ils se connaissent et se respectent. Dans d’autres circonstances, ce genre d’entente pourrait être plus instable, mais je crois qu’ici, au Yukon, en plus avec le contexte de la pandémie, ça nous donne une vraie stabilité. »
L’entente comporte un certain nombre d’éléments permettant aux libéraux d’avancer rondement. Ainsi, le NPD s’engage à voter en faveur du budget qui sera proposé par les libéraux et à ne pas appuyer tout autre vote de confiance susceptible de faire tomber le gouvernement. En combinant les huit sièges du Parti libéral aux trois du NPD lors des votes sur les points prévus dans l’accord, les deux partis s’assurent d’une majorité à l’Assemblée législative.
Le Parti du Yukon, avec huit sièges, forme ainsi l’opposition officielle. Selon le leader Currie Dixon, l’entente est « extrêmement troublante » pour les gens d’affaires, de l’industrie minière, des services publics et pour les Yukonnais qui devront payer pour cette « expérimentation », qu’il qualifie d’ailleurs d’agenda le plus à gauche que le territoire ait jamais connu. L’accord est valide jusqu’au 31 janvier 2023.
En conférence de presse, la leader du NPD Kate White a évoqué les avantages de cet arrangement : « Nous pourrons dire le fond de notre pensée et mettre en place les idées en lesquelles nous croyons. » Selon elle, une coalition ne lui aurait pas permis de faire avancer autant les politiques prévues dans sa plateforme électorale. « (Si c’est) une coalition, on perd un peu notre pouvoir de parler de choses qui ne sont pas mutuelles. Je devrais complètement soutenir le gouvernement », a-t-elle ajouté.
Un agenda teinté d’orange
Selon Sandy Silver, son parti et celui de Kate White s’entendent déjà sur une variété de sujets, comme l’énergie renouvelable et la nécessité de réduction des combustibles fossiles, ce qui a rendu plus facile la signature de cet arrangement. C’est d’ailleurs l’opinion de Sophie Delaigue : « C’est une entente qui est très à l’avantage du NPD, mais ça veut aussi dire que les libéraux sont d’accord avec leurs politiques. » Le document prévoit la mise en œuvre de politiques propres aux néodémocrates, comme l’établissement d’une clinique de santé mentale sans rendez-vous à Whitehorse et un plan pour des soins dentaires publics au Yukon, auquel 500 000 dollars du budget de cette année seront alloués.
De plus, le Parti libéral s’engage à ce qu’un projet de loi d’un député néodémocrate chemine jusqu’à un vote final lors de la session législative où il est introduit. Les deux formations enverront également une lettre demandant la participation de Kate White au Forum du Yukon.
Pour Sophie Delaigue, la présence de Kate White autour de la table forcera le déploiement d’un agenda rapide : « C’est souvent une critique entendue contre les libéraux, qu’ils ont tardé à se mettre en action en 2016 quand ils sont arrivés au pouvoir. » La hausse du salaire minimum à 15,20 $ prévue à partir du 1er août est un exemple de la rapidité à laquelle les enjeux néodémocrates pourront évoluer au sein de cette entente. La seule crainte, pour l’analyste, c’est de voir si « le gouvernement aura les moyens de ses ambitions ».