L’Aurore boréale profite de nouveau de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, pour souligner la contribution remarquable de huit femmes de la communauté franco-yukonnaise. Ces femmes posent un regard tantôt mitigé, tantôt optimiste sur la société qu’elles contribuent à faire rayonner à travers leurs engagements sociaux et professionnels.
Danielle Nadine Daffe
Danielle a travaillé longtemps en construction en tant que charpentière et responsable de la santé et sécurité au travail. Greffière à la Cour de justice depuis 2018, cette dernière s’est impliquée auprès de la Première Nation des Kwanlin Dün et est également bénévole et membre du comité directeur de la Yukon Search and Rescue Association.
Quelle est votre définition du féminisme?
Il y a tellement de définitions qui peuvent aller très loin, mais je crois que l’important c’est la justice et l’égalité pour tous et toutes. C’est aussi de dénoncer les doubles standards et les injustices.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
J’aimerais que l’on continue à parler de la violence envers les femmes, c’est un changement en continu et j’aimerais voir plus de travail sur ça, plus de discussions et moins de violences. J’aimerais voir plus de représentation des femmes dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Ma mère, parce qu’elle a été élevée comme une femme au foyer et qu’après son divorce, elle a choisi un nouveau métier et a dû travailler fort. Elle est intelligente et elle est forte, en plus d’être toujours là pour moi et mes enfants.
Quelle est votre devise?
Prendre le temps d’être reconnaissante et apprécier les petites choses.
Karly Leonard
Au territoire depuis près de deux ans, Karly Leonard travaille en tant qu’archiviste au Centre des langues autochtones du Yukon, où elle planche sur de nombreux projets en lien avec les huit langues officielles des Premières Nations, en plus de suivre des cours de la langue Tutchone du Sud. Elle a aussi contribué à faire le tri et à cataloguer les archives de l’Association franco-yukonnaise.
Quelle est votre définition du féminisme?
Ça peut vraiment être défini de plein de façons différentes. Je dirais que c’est l’égalité et le respect pour toutes les femmes : c’est aussi simple que ça. On peut aller très loin dans la définition, mais c’est avec ces bases qu’on peut réussir à atteindre d’autres buts.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
Avoir plus d’activités qui permettent aux femmes de se réunir, de rendre les groupes féministes plus accessibles et inclusifs, à travers des projets comme les Backcountry Babes du Club alpin du Canada. Il faut plus d’espaces sécuritaires pour que les femmes se sentent à l’aise et apprennent ensemble.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
La talentueuse Annie Maheux, une artiste francophone. Elle m’a fait découvrir le EAT Art, un courant artistique qui met de l’avant la nourriture et qui propose une certaine performance artistique à travers cela.
Quelle est votre devise?
Faire de son mieux, de toujours essayer, d’oser et de rêver.
Christine Klaassen-St Pierre
Christine Klaassen-St Pierre est instructrice de pleine conscience, une pratique qui vise à prêter plus attention à ce que l’on fait par la méditation, la respiration et la concentration. Elle est aussi impliquée au sein du Yukon Circle of Change, un organisme faisant la promotion de la gentillesse et de la générosité dans la communauté en tant que responsable d’un projet de justice réparatrice.
Quelle est votre définition du féminisme?
Le féminisme est une façon de vivre, pour tous les genres, où on tient tête à résoudre les iniquités qui existent sur le plan personnel, professionnel et social par rapport aux femmes. C’est aussi les actions qu’on prend lorsqu’on voit et qu’on dénonce ces iniquités.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
Il faut reconnaître la masculinité toxique qui existe dans nos sociétés et changer la façon dont on socialise les hommes. Le message qu’on leur envoie en ce moment, c’est de tout mener, de ne pas pleurer… Il faut avoir un dialogue. Une façon de résoudre les injustices envers les femmes est en comprenant comment on peut changer l’éducation des hommes.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Helen-Anne Girouard, conseillère en orientation à l’école CSSC Mercier, parce qu’elle est capable de voir l’humanité dans toutes les personnes et est guidée par l’amour et l’intégrité. J’ai eu la chance de travailler avec elle et elle m’épate toujours autant.
Quelle est votre devise?
Lorsque vous rencontrez une personne avec des opinions différentes, ayez plus de curiosité que de jugement.
Maya Poirier
Maya Poirier est instructrice de cours d’éducation et d’éthique de chasse, la première à donner ces cours en français. Maya Poirier se démarque dans un milieu à majorité d’hommes et dirige des ateliers de compétences en plein air autant en anglais qu’en français.
Quelle est votre définition du féminisme?
Que les femmes soient traitées et respectées comme toutes les autres personnes sur la planète, qu’on ne pense pas qu’il y a des métiers ou des choses qui sont juste pour les hommes et d’autres juste pour les femmes.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
De continuer à voir de plus en plus de femmes en plein air, continuer de voir des femmes qui apprennent à faire plein de choses différentes et qui développent leur confiance.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Jessie Young, de Midnight Sun Outfitting, qui a passé toute sa vie dans les montagnes et avec les chevaux. Elle a commencé très tôt à guider les gens à la chasse, et elle a sa compagnie maintenant, en plus d’être infirmière. C’est une femme indépendante et elle a toutes les compétences que j’aspire à avoir un jour.
Quelle est votre devise?
Tout ce qu’on ne connait pas, c’est des choses qu’on a la chance d’apprendre dans le futur.
Karine Bélanger
Karine est enseignante à l’École Wood Street. Elle a lancé la version francophone du programme Faces en 2012, des programmes expérientiels de sciences et de plein air à l’École secondaire F.H.-Collins. À travers des sorties en nature, les élèves bâtissent leur confiance en soi, leur leadership et leur esprit d’équipe et d’initiative.
Quelle est votre définition du féminisme?
S’assurer que les femmes ont les mêmes droits et les mêmes chances. Qu’on soit entendues et que le fait d’être une femme ne soit pas ce qui nous arrête.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
On est encore dans un monde où les inégalités entre les genres sont grandes, même à l’intérieur du Canada. J’aimerais qu’on porte plus attention aux conséquences que la pandémie a eues spécialement chez les femmes, en lien avec leurs conditions de travail et le retour à la maison pas toujours voulu de certaines.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Lise Ouimet, qui a été au Yukon pendant près de 30 ans. C’était une enseignante à Émilie-Tremblay, elle m’a pris sous son aile, elle m’a donné confiance en moi et a été un modèle, en plus d’être une source d’inspiration pour les jeunes. Elle a vraiment été une mentore.
Quelle est votre devise?
Un de mes élèves m’a dit cette phrase il y a trois ans et c’est resté depuis: « C’est une nouvelle journée, une nouvelle chance de s’amuser ».
Sandra St-Laurent
Sandra St-Laurent est directrice du Partenariat communauté en santé, qui favorise l’offre de services de santé en français au territoire et a complété sa formation en anthropologie de la santé, spécialisation femmes et développement. Elle dirige bénévolement un club de lecture pour les jeunes, dans lequel elle s’affaire à briser les stéréotypes.
Quelle est votre définition du féminisme?
Ma vision est influencée par ce que ce je souhaite à mes deux filles. Le féminisme, c’est qu’elles puissent avoir la chance de vivre leur plein potentiel et que le monde reconnaisse le plein potentiel qu’elles ont à offrir, surtout dans un monde avec autant de défis, autant climatiques, économiques que liés aux droits humains. On n’a pas le luxe de se priver de la moitié de l’humanité. Le féminisme, c’est que les femmes puissent s’épanouir pleinement dans toutes les sphères de leur vie.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
J’aimerais qu’on réussisse à sortir des stéréotypes dans l’éducation et les produits culturels. Oui, l’accès à l’éducation est égal pour tous et toutes au Canada, mais ça ne veut pas dire que le contenu qui est présenté est égalitaire ou inclusif.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Charlotte Hrenchuk, qui travaille à la Coalition anti-pauvreté du Yukon, parce que c’est une battante de première ligne avec le cœur à la bonne place. Elle a une humanité inspirante et vient en aide aux femmes et filles qui ont eu moins de chance, moins d’outils.
Quelle est votre devise?
Le bonheur est fait de petites choses.
Lauren Manekin Beille
Lauren a été un pilier de la création de Yukonstruct, le premier centre d’innovation dans le nord du Canada, avant de devenir directrice du département d’innovation et entrepreneuriat à l’Université du Yukon. L’objectif de Lauren? Donner tous les moyens à chaque personne d’exploiter son plein potentiel et de réaliser ses rêves.
Quelle est votre définition du féminisme?
C’est un mouvement pour assurer que toutes celles qui se définissent comme femmes soient égales aux hommes, avec les mêmes droits, services, opportunités et respect. C’est de donner la liberté et la possibilité à toutes les femmes de vivre leur individualité. Aussi, je reconnais que ma perspective de ce qu’est le féminisme vient d’une place privilégiée.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
Qu’on ait plus d’opportunités de s’asseoir avec les hommes, sans égo et en se comprenant vraiment, pour envisager des buts globaux, que ce soit pour le climat, pour l’éducation ou pour la gouvernance. Il faut qu’on puisse réfléchir ensemble à comment faciliter une réelle inclusion. Il y a tellement de magie quand on commence à travailler ensemble!
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Mise à part mon équipe, constituée de femmes remarquables et déterminées, le travail de Tosh Southwick m’inspire. Elle est co-fondatrice du cabinet IRP et membre de la Première Nation de Kluane et elle m’épate pour le travail d’éducation et de soutien qu’elle réalise en lien avec la réconciliation et l’autodétermination des communautés autochtones.
Quelle est votre devise?
Si tu n’es pas complètement amoureuse de toi-même, travaille ça. Personnellement, je n’y suis pas encore tout à fait, mais je m’y mets à fond.
Marguerite Tolgyesi
Tout en complétant son baccalauréat en géopolitique, Marguerite Tölgyesi prend part à une multitude de projets et multiplie les opportunités de faire entendre sa voix. Elle est notamment impliquée au sein de plusieurs organisations telles que le Parlement franco-canadien du Nord et de l’Ouest, le Parlement jeunesse pancanadien, et le comité Jeunesse Franco-Yukon.
Quelle est votre définition du féminisme?
Je dirais l’équité entre les deux genres, mais aussi tout ce qu’il y a entre ces deux genres. Dans ma tête, c’est plus flexible maintenant, c’est l’équité entre humains, tout simplement. Vivre et laisser vivre, qu’on ait tous les mêmes droits et les mêmes chances.
Quel est le changement auquel vous souhaitez assister cette année?
J’aimerais qu’on arrive à briser un peu le « boys club », de la politique et de la société en général. Ça revient aux principes d’inclusion et d’équité : de voir plus de femmes en situation de pouvoir.
Quelle femme de la communauté vous inspire le plus?
Ma mère, Marie-Hélène Gagné, qui est directrice adjointe à l’École Émilie-Tremblay. Elle m’inspire parce qu’elle a toujours travaillé fort et est mon modèle féminin : elle ne s’est jamais laissée faire et sait prendre sa place.
Quelle est votre devise?
Ce serait les mots d’Emma Watson lors de son discours aux Nations Unies en 2014 : « Nous militons pour un monde plus uni, mais la bonne nouvelle est que nous avons un mouvement qui unit ».