L’alimentation et le logement sont deux des problèmes les plus difficiles que rencontrent les personnes en situation de pauvreté ou de précarité au Yukon. Une conjoncture accentuée par la pandémie.
L’hiver s’installe sur le territoire et les températures baissent radicalement. Que deviennent ceux touchés par la pauvreté et la précarité, ceux pour qui avoir un domicile et des repas quotidiens n’est plus un droit immuable, mais un luxe impossible? Si cette question revient irrémédiablement à chaque début de saison hivernale, cette année, la pandémie vient accroitre un problème déjà trop sensible.
Malgré tout, les discours restent positifs. « La pauvreté existe au Yukon. Pourtant si l’on regarde tout ce qui est entrepris et les efforts collaboratifs qui ont été faits entre les différents organismes, ce sont de bonnes nouvelles », exprime avec confiance Mike Gau, directeur aux Services de développement de la Ville de Whitehorse.
La réalité, quant à elle, ne parait pas être aussi évidente. En octobre, 40 personnes logeaient au Refuge d’urgence Whitehorse, pour une capacité normale de 25. Un surnombre qui pourrait être aussi dû à la pandémie.
L’impact de la pandémie sur les organismes d’aide yukonnais
Malgré les mesures mises en place pour affronter la COVID-19, le Refuge d’urgence de Whitehorse n’a pas fermé ses portes. « Nous avons décidé de continuer d’offrir les mêmes services, de rester disponibles », explique Terry Creamer, directeur adjoint des Services à la communauté du gouvernement du Yukon. Pourtant, depuis le 1er novembre, à cause des mesures de distanciation physique, les repas du soir ne sont plus servis au refuge aux personnes qui ne restent pas la nuit.
Ces derniers doivent dorénavant se rendre au Family Hotel entre 17 h et 18 h 30 afin d’avoir un souper à emporter, sans pour autant avoir la possibilité de rester à l’abri. « Nous sommes actuellement à la recherche d’un lieu afin d’accueillir ceux qui n’ont nulle part où manger au chaud, c’est primordial », souligne Kristina Craig, directrice générale de la Coalition anti-pauvreté du Yukon (YAPC).
Un problème qui semble se répéter : « De nombreux organismes n’ont pas pu s’adapter à la pandémie, certains services ne sont donc plus offerts », ajoute-t-elle. C’est le cas du programme Sally & Sœurs, qui offrait deux fois par semaine des repas aux femmes et aux enfants. La YAPC a également dû mettre un frein à ses rencontres bimensuelles Whitehorse Connects, un rendez-vous qui permet, en temps normal, l’accès à des services variés à ceux qui n’en ont pas toujours la possibilité, tels qu’Internet, divers soins corporels ou encore des réparations vestimentaires.
La pauvreté, un problème qui s’améliore trop lentement
Lors de la plus récente opération de dénombrement à Whitehorse, réalisée en avril 2018, environ 195 Yukonnais n’avaient pas de logement fixe ou sécuritaire, dont 17 enfants de moins de 18 ans. Des données qui auraient dû être mises à jour cette année, mais suite aux mesures imposées par la pandémie, le décompte en temps réel a été annulé. Aucun chiffre ne permet donc d’estimer l’évolution de la situation actuelle et de mesurer les besoins nécessaires dans le territoire pour diminuer le nombre de sans-abris.
Pourtant les chiffres semblent avoir augmenté : « Cet été, les différents services d’aide alimentaire ont servi beaucoup plus de repas que d’habitude », affirme la directrice de la YAPC.
Une crise du logement toujours aussi pesante
Alors que le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter sur le territoire, la disponibilité de logements ne suit pas la croissance démographique. Le prix de l’immobilier a plus que doublé en une décennie et il est maintenant presque impossible de louer une chambre pour moins de 700 $ par mois. Des difficultés qui pèsent lourd sur l’enjeu du nombre de sans-abris au Yukon.
Trouver un domicile pour les personnes dans le besoin est l’un des problèmes majeurs de nombreuses associations yukonnaises. « Il y a une véritable pénurie de maisons et le gouvernement ne fait pas assez d’efforts pour améliorer la situation », déplore Kristina Craig.
Pourtant, en juillet dernier, « Whitehorse a décidé de faire don des 46 000 $ donnés à la Ville par l’Association médicale canadienne, à l’organisme Safe At Home pour leur campagne 100 Homes », annonce Mike Gau. Avec ce financement, l’organisme peut s’attaquer directement à la crise du logement en travaillant avec les propriétaires pour aider les personnes à la recherche d’un domicile. Comme l’indique le nom de la campagne, l’objectif est de trouver 100 domiciles.
Initiative de journalisme local APF – Territoires