Depuis le début de la pandémie, le nombre de migrants francophones a drastiquement baissé. La communauté yukonnaise adapte son accueil habituel face à la situation.

À l’Association franco-yukonnaise, les services à l’emploi et aux formations, ainsi que les services d’immigration font de leur mieux pour continuer à aider les immigrants francophones à s’établir au Yukon.
Photo : Fournie
En 2019, Whitehorse avait été choisie comme l’une des quatorze villes d’accueil des immigrants francophones au Canada. La Ville avait alors été mandatée pour mettre en place un plan d’action qui aurait dû débuter au printemps 2020 et se poursuivre jusqu’en 2023. Le projet pilote avait pour objectif de développer l’intégration des nouveaux arrivants, que ce soit de façon économique, culturelle ou sociale.
En raison de la pandémie, la plupart des activités qui devaient commencer en avril 2020 ont dû être reportées. « On essaye d’adapter virtuellement les différentes activités prévues, mais certaines d’entre elles devaient permettre aux immigrants et à la communauté de se rencontrer en personne, de créer des liens ; elles commenceront donc un peu plus tard », explique Jeanne Blais-Chaput, agente en immigration pour l’Association franco-yukonnaise (AFY) et responsable du projet.
L’adaptation des nouveaux arrivants et de la communauté
Depuis mars dernier, la vie semble s’être tempérée dans le territoire. Si le Yukon n’est pas la zone la plus touchée en termes de nombre de cas au pays, il est tout de même plus difficile pour les habitants, et surtout pour les nouveaux arrivants, de se rencontrer en face à face.
« La COVID n’a rien empêché, mais a ralenti mes démarches, tant de recherche d’emploi que d’intégration. Ça a aussi été un frein à la découverte de la vie culturelle et sociale », avoue Céline Carment, qui est arrivée au Yukon en février dernier et qui cherche à obtenir la résidence permanente.
Malgré tout, la communauté s’adapte et la vie en ligne se développe pour pallier les restrictions sociales. « La plupart de nos services sont maintenant disponibles sur Internet. Il est toujours possible pour les nouveaux arrivants, par exemple, d’avoir accès aux services à l’emploi que nous proposons habituellement au Centre de la francophonie de l’AFY », souligne Mme Blais-Chaput.
Une bonne nouvelle pour l’immigration francophone
Pour obtenir un statut de résidence permanente, il est nécessaire de passer une série de tests. Depuis plusieurs mois, l’AFY s’affaire à simplifier une des étapes du processus. En effet, jusqu’à maintenant, pour effectuer le test d’évaluation du français (TEF), les personnes devaient se rendre à l’extérieur du territoire. L’AFY vient d’annoncer que désormais, ce test pourra être fait ici même, au Yukon. Les tests médicaux, eux, sont déjà offerts au territoire, mais uniquement en anglais pour le moment.
De nouvelles mesures d’immigration
S’il n’est pas toujours facile de quitter sa terre d’origine, il est maintenant encore plus difficile d’atteindre le pays de destination. Afin d’empêcher l’arrivée de cas de COVID-19 de l’extérieur du Canada, l’accès aux frontières a été considérablement limité.
Les visites de loisir ne sont plus autorisées et un simple visa de travail n’est plus suffisant pour entrer au pays. « J’ai dû avoir une offre d’emploi, mon visa de vacances-travail et un plan de quarantaine pour mon arrivée, c’était très stressant », confie Cloé Guérin, qui est arrivée au Yukon à la mi- juillet en provenance de la France.
Atteindre les objectifs fédéraux
Le gouvernement fédéral s’était donné comme objectif d’atteindre un taux de 4,4 % d’immigrants francophones hors Québec d’ici 2023. Pour faciliter l’atteinte de cet objectif, des points supplémentaires seront désormais attribués aux personnes francophones et bilingues dans Entrée express, le système en ligne utilisé pour gérer les demandes de résidence permanente des travailleurs qualifiés.
Bien que l’immigration francophone hors Québec s’intensifie, des données récentes montrent que les outils de sélection en place ne seront pas suffisants pour atteindre la cible prévue. « La réalisation de progrès en vue de l’atteinte de cette cible sera facilitée par un éventuel assouplissement des restrictions de voyage associées à la pandémie mondiale », mentionne un communiqué d’Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC).
Le changement annoncé le 27 octobre prévoit une augmentation de 15 à 25 points pour les candidats francophones et de 30 à 50 points pour les candidats bilingues. Ce changement fait suite à l’attribution initiale de points en juin 2017 pour les candidats ayant de solides compétences en français.
En 2019, le pourcentage d’immigrants et immigrantes francophones admis au Canada, à l’extérieur du Québec, a atteint 2,82 %, ce qui représentait une hausse relativement aux années précédentes. De 2003 à 2019, plus de 60 000 immigrants francophones ont été admis au Canada dans des collectivités hors Québec, dont environ 8 465 en 2019 seulement.
« La bonne nouvelle c’est que le nombre de points requis pour la résidence permanente est au plus bas », relance Céline Carment, qui ne perd pas l’espoir de s’établir dans le territoire. Malgré la pandémie, le Yukon continue et continuera d’être une terre d’accueil pour les francophones.
Initiative de journalisme local APF – Territoires
ERRATUM :
L’Association franco-yukonnaise (AFY) et ses partenaires francophones (et non La Ville de Whitehorse) ont été mandatés pour mettre en place un plan d’action en matière d’immigration francophone. Les actions et les projets mis en place à travers l’initiative se dérouleront dans la ville de Whitehorse et la Ville quant à elle, offre son soutien dans certains projets. C’était à l’AFY, à l’aide du conseil consultatif communautaire, constitué de représentants de plusieurs organismes francophones, de coordonner les différentes actions menant au dépôt du plan d’action.
De plus, la personne citée, Jeanne Brais-Chaput est agente de projets en immigration et non « Agente en immigration ». En effet, l’AFY ne peut donner ni conseils ni aide à proprement parler, au sujet des programmes d’immigration. Son rôle est uniquement de pouvoir aiguiller les immigrants vers les programmes.