le Lundi 17 février 2025
le Jeudi 22 octobre 2020 5:49 Scène locale

L’AFY élabore un plan de travail de lutte contre le harcèlement sexuel au travail

L’Association franco-yukonnaise a embauché Marie-Stéphanie Gasse pour mener à bien la première phase du projet pancanadien en lien avec le harcèlement sexuel au travail.
Photo : Kelly Tabuteau
L’Association franco-yukonnaise a embauché Marie-Stéphanie Gasse pour mener à bien la première phase du projet pancanadien en lien avec le harcèlement sexuel au travail. Photo : Kelly Tabuteau

En septembre 2020, l’Association franco-yukonnaise (AFY) a signé une entente de collaboration avec l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) dans le cadre d’un projet pancanadien sur le harcèlement sexuel au travail. Organisé en deux phases, il vise à sensibiliser et à outiller la population francophone du pays pour lutter contre les différentes formes que peut prendre l’harcèlement.

L’Association franco-yukonnaise a embauché Marie-Stéphanie Gasse pour mener à bien la première phase du projet pancanadien en lien avec le harcèlement sexuel au travail.
Photo : Kelly Tabuteau

 

Yannick Klein, directeur des ressources humaines et des opérations à l’AFY confie s’être penché sur le sujet du harcèlement en milieu professionnel dès son arrivée en fonction en mai 2019. Depuis, il a élaboré et mis en œuvre une politique au sein de l’organisme francophone dans le but d’assurer, pour toutes et tous, un environnement sain au travail.

Selon lui, le sujet est sensible et plusieurs intervenants se mobilisent déjà pour protéger l’intégrité des personnes qui travaillent du Yukon. C’est notamment le cas du gouvernement du Yukon qui annonçait, le 4 septembre dernier, l’adoption d’un nouveau règlement visant à prévenir le harcèlement et la violence au travail. Son but : favoriser une culture positive dans le milieu professionnel. Ce règlement n’entrera en vigueur que le 4 septembre 2021, laissant ainsi le temps aux employeurs de s’outiller efficacement pour en appliquer les dispositions.

C’est aussi le cas de la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Yukon, qui a développé des outils prêts à l’emploi et des ressources de formation afin d’appuyer les propriétaires de petites entreprises.

Un projet pancanadien

En juin 2019, l’AFY a créé un poste de gestionnaire de projets en justice et en formation dans le but de constituer un réseau informel de juristes d’expression française au Yukon et permettre à la population franco-yukonnaise l’accès aux services de justice en français.

C’est dans ce cadre que des échanges réguliers sont nés avec les associations des juristes d’expression française des autres provinces et territoires, et notamment avec celle de l’Ontario (AJEFO), qui travaille depuis quelques semaines sur un projet pancanadien dont l’objectif principal est de sensibiliser les communautés francophones hors Québec afin de lutter contre le harcèlement sexuel au travail.

Le projet est réparti sur quatre années financières et s’articule autour de deux phases. L’AFY élaborera dans un premier temps (2020 – 2021) un plan de travail détaillé de lutte contre le harcèlement sexuel au travail, puis le mettra en œuvre au cours des trois années suivantes (de 2021 – 2022 à 2023 – 2024).

Yannick Klein explique : « Il existe beaucoup de ressources en anglais, mais très peu en français. Nous devons d’abord identifier les besoins de la communauté franco-yukonnaise. Une fois cernés, nous pourrons éventuellement développer des partenariats pour développer des outils en français. » Selon lui, il faut d’abord clairement définir le harcèlement sexuel pour ensuite expliciter ce que chacun (employeur et employé) peut faire ou non. Mais ce n’est pas si évident qu’il y paraît : « Nous faisons face à des défis culturels et générationnels, où par exemple une main sur l’épaule n’a pas la même signification pour tout le monde. »

Avec des partenariats locaux

Afin de l’épauler dans la première phase du projet, l’AFY s’est dotée des services de Marie-Stéphanie Gasse, ancienne présidente et employée de l’organisme Les EssentiElles. Elle est chargée de créer un inventaire des ressources locales existantes en termes de harcèlement sexuel au travail, puis d’établir un lien avec la communauté franco-yukonnaise.

À ce titre, elle prévoit tenir des rencontres avec les directions générales des organismes francophones du Yukon, ainsi que diffuser un sondage auprès du public pour identifier ses besoins de ressources, tout comme le type d’activités qui lui serait le plus utile : sensibilisation, éducation, formation, etc.

Pour Mme Gasse, il sera nécessaire de créer des partenariats avec les parties prenantes afin d’atteindre l’objectif visé. « Je pense pour le moment aux organismes francophones du Yukon, au gouvernement du Yukon, à la Commission des droits de la personne du Yukon et à la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Yukon », énumère-t-elle.

Les EssentiElles ont déjà travaillé sur un projet similaire entre 2017 et 2020. Durant cette période, l’organisme représentant les intérêts de femmes francophones du Yukon a dressé un état des lieux des ressources qui existaient pour faire face aux violences en tous genres, dont le harcèlement en milieu de travail. Le tout a été possible grâce à un financement de Condition féminine Canada, partagé avec l’organisme britanno- colombien Inform’Elles.

Émilie Dory, directrice générale de Les EssentiElles, se souvient : « Le projet a été complexe puisque la Colombie-Britannique et le Yukon n’ont pas la même réalité de terrain. L’extrant, après 3 ans, a été l’élaboration d’un modèle de politique sur la sécurité et les comportements sains en milieu du travail à destination des employeurs pour leur offrir des exemples de bonnes pratiques. »

Marie-Stéphanie Gasse ajoute : « C’est reconnu au sein de la communauté franco-yukonnaise qu’il existe des situations de harcèlement sexuel au travail. C’est nécessaire de se pencher sérieusement sur le sujet. » Yannick Klein conclut : « C’est un enjeu majeur qui relève de la responsabilité de tous : employeurs, employés, témoins, etc. ».

L’effet « petite communauté » présent au Yukon peut d’ailleurs dissuader les victimes de dénoncer. L’AFY en a bien conscience et prend en compte, dans le développement de son plan de travail, ce besoin de confidentialité et de protection. La première phase du projet devrait s’achever au courant du mois de janvier 2021.

Initiative de journalisme local

APF – Territoires