Le Yukon est la terre ancestrale de quatorze Premières Nations et celle choisie par de nombreux immigrants. Même si le territoire est souvent décrit comme lieu accueillant, certains autochtones et nouveaux arrivants y ressentent pourtant un traitement différent qu’ils attribuent à leur couleur de peau, à leur origine ou à leur culture. Le racisme n’épargne aucun lieu et le Yukon ne fait pas exception.
Le 25 mai 2020, George Floyd succombe lors d’une interpellation policière à Minneapolis, aux États-Unis. Deux jours plus tard, c’est la femme noire, Regis Korchinski-Paquet, qui trouve la mort pendant une intervention à Toronto. Le monde s’enflamme et des rassemblements populaires s’organisent partout autour du globe sous la bannière de l’organisation non gouvernementale Black Lives Matter.
Whitehorse et Dawson n’échappent pas à cette fièvre contagieuse. Des rassemblements y ont lieu le 6 juin 2020. Paige Galette, Franco-Yukonnaise originaire de Toronto, est l’une des initiatrices de ces événements.
Un combat depuis toujours
Paige Galette est impliquée dans la culture antiraciste depuis de très nombreuses années. Selon elle, son engagement pour la cause remonte même avant sa venue au monde. « Je suis activiste depuis toujours, depuis que je suis née, voire avant. Nous vivons de nos oppressions depuis notre naissance, notre conception; nous sommes marqués par la vie de nos parents, de nos grands-parents […] ».
Son activisme commence réellement pendant ses années d’études postsecondaires où, au sein du syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa, elle milite pour la gratuité scolaire, car, toujours selon la jeune femme, « les frais d’éducation posent des barrières qui affectent les personnes racialisées ».
Plus tard, elle s’investit dans le mouvement Black Lives Matter Toronto où elle y apporte sa touche d’expression française puisque les partisans y sont majoritairement anglophones. Une « carrière » de militantisme était alors née pour la jeune femme. Animatrice de formations et d’ateliers, modératrice d’événements nationaux, invitée au sein de panels constitués d’expertes et d’experts pour la cause antiraciste, elle mène son bout de chemin en défendant un type d’éducation publique gratuit et accessible à tout le monde.
Son intervention est pancanadienne. « Il y a quinze jours, je facilitais un atelier organisé par l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario dont le thème était Combattre le racisme anti-Noirs à l’académie », explique-t-elle. « C’est certain que ma journée commence tôt, à 5 h du matin, mais cela me permet de joindre un plus grand nombre de personnes pour la cause. »
Un collectif pour l’épanouissement des PANDC
Après les rassemblements de Whitehorse et de Dawson en juin, Paige Galette a participé à la création d’un collectif, Northen Voices Rising, au début du mois de juillet. « Nous avons réalisé, avec près de 900 personnes à Whitehorse et plus de 100 individus à Dawson, qu’il y avait un manque et l’idée a germé de créer ce collectif. Au Nord, c’est la même cause, mais avec un angle différent; les actions à poser sont donc différentes également. »
Le collectif, dont les décisions sont prises par consensus, travaille pour la sécurité, la liberté et l’épanouissement des personnes PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) et s’organise autour de trois axes afin de faire progresser la justice raciale : les revendications politiques avec prises de mesures immédiates et significatives, l’éducation publique grâce à la mise en place d’ateliers et de webinaires bilingues, ainsi que l’organisation d’événements publics variés.
Des formations organisées localement
Récemment, Paige Galette a été approchée par l’organisme YuKonstruct pour animer une formation sur les moyens à mettre en œuvre pour établir une culture antiraciste dans une entreprise.
Sous forme de deux ateliers organisés plus tôt en septembre, la militante a abordé les façons dont le racisme se manifeste dans le monde professionnel et a présenté des solutions pour changer cet environnement de travail dans le but de respecter l’équité, la diversité et l’inclusion pour tout le monde.
Elle a notamment discuté des façons de reformuler les politiques internes pour assurer l’inclusion de toutes les personnes noires, autochtones et de couleur, y compris les personnes alter et transsexuelles.
Que ce soit par le biais de YuKonstruct ou celui du collectif Nothern Voices Rising, Paige Galette prévoit d’animer plusieurs autres formations, en anglais tout comme en français, à Whitehorse, mais aussi à Dawson. Dès novembre, des ateliers publics seront d’ailleurs à la programmation des événements du collectif.
Initiative de journalisme local
APF – Territoires