Le 13 août dernier, Mme Pauline Frost a annoncé l’engagement du gouvernement à suivre les 76 recommandations issues du rapport La population d’abord, déposé à la suite d’un examen approfondi du système de santé et de services sociaux du Yukon au printemps dernier.
La population d’abord établit une feuille de route que le gouvernement du Yukon compte désormais suivre afin de faire du système de santé et de services sociaux du Yukon une organisation qui se voudra plus intégrée, collaborative et axée sur la personne et qui répondra mieux aux besoins de la population.
Efficacité des services, optimisation des ressources et amélioration des résultats et des expériences pour les clients, patients, familles et prestataires de soins, tels sont les maîtres mots de cette annonce.
Une excellente nouvelle pour la francophonie
Au sein de ce rapport, on trouve plusieurs recommandations reliées à l’offre de services en français. Lors de la conférence de presse, la ministre de la Santé et des Affaires sociales, Pauline Frost, a d’ailleurs assuré que la première polyclinique sera bilingue, issue des propositions faites par la communauté franco-yukonnaise.
On se rappellera en effet que dans le Plan de développement global 2015-2020 (PDG) de la communauté franco-yukonnaise, l’objectif principal en santé visait qu’« en 2020, les besoins des francophones en matière de santé soient identifiés et reconnus ». Voilà qui semble être atteint puisque la voix des francophones du Yukon s’est fait entendre.
Le travail des francophones pour obtenir plus de soins de santé en français ne date pourtant pas d’hier puisque c’est dans les années 1990 que les collaborations prennent forme. « L’AFY n’a cessé de positionner la communauté dans le dossier de la santé depuis 1993 », explique Jeanne Beaudoin, présidente de l’Association franco-yukonnaise (AFY).
Dans les années 2010, l’organisme qui siégeait alors au comité consultatif sur les services en français géré par la Direction des services en français (DSF) influence le gouvernement territorial à créer un comité de travail spécifique aux besoins en santé en français. La création de ce comité avait dès lors mis en place une nouvelle collaboration : l’AFY, le Partenariat communauté en santé (PCS) et le ministère de la Santé siègent désormais autour de la même table, rapprochant la communauté du poste de sous-ministre de la santé et facilitant ainsi les dialogues directs avec le gouvernement.
Le PCS et l’AFY ont donc travaillé d’arrache-pied depuis près de quarante ans pour atteindre l’objectif annoncé par Mme Frost. « Je me réjouis de cette annonce qui confirme l’engagement du gouvernement envers la communauté francophone. Je crois que toutes nos années de revendications et de représentations commencent à porter leurs fruits. Le travail n’est bien sûr pas terminé, mais nous sommes sur la bonne voie. Au nom de l’AFY, je souhaite remercier le gouvernement pour cette annonce officielle » ajoute-t-elle.
Sandra St-Laurent, la directrice du PCS se réjouit elle aussi de la nouvelle annoncée par la ministre. « C’est une excellente nouvelle », selon elle. « Non seulement ça positionne le centre de santé, mais cette annonce inscrit le devoir qu’il aura d’être bilingue. C’est une reconnaissance des besoins des francophones en matière de santé. » Elle ajoute d’ailleurs que cette annonce est un signe de l’engagement du gouvernement du Yukon face à la communauté francophone, qui considérait dans son dernier PDG que « travailler à la création d’un centre de santé primaire et de mieux-être bilingue intégré au système de santé » était une piste d’action pour les atteintes des objectifs en santé.
« En 2003, nous avions établi quels étaient les besoins des francophones, grâce à une étude auprès de la population », explique Mme St-Laurent. « Mais le travail a continué depuis grâce à d’autres sondages et des comités de travail, ainsi que des visites de délégations d’autres provinces où des modèles fonctionnent bien. De même, en 2018, la Société Santé en français avait financé une entente avec le gouvernement du Yukon pour une étude de faisabilité d’un centre de santé bilingue. » Le PCS a aussi collaboré à la demande de financement fédéral visant à appuyer la mise en œuvre du Centre de santé, dont l’annonce a été faite en conférence de presse par le sous-ministre Stephen Samis.
Soixante-seize recommandations
La population d’abord contient 76 recommandations à portées et échéances variées. Quelques initiatives ont déjà été amorcées dans des dossiers prioritaires : éducation de la petite enfance (y compris des services de garde d’enfants universels et abordables); amélioration du programme de déplacements pour soins médicaux à l’extérieur du territoire; meilleure formation des prestataires de soins de santé et de services sociaux en sécurisation culturelle; meilleur accès à la vaccination pour la population à risque et vulnérable; initiatives ciblées de soutien aux Yukonnais et aux Yukonnaises désireux de vieillir chez eux.
« C’est avec enthousiasme et détermination que nous mettons le cap sur un système de santé et de services sociaux plus holistique et axé sur la personne. Nous reconnaissons qu’il y a matière à amélioration dans notre système actuel; les Yukonnais et les Yukonnaises nous ont clairement signifié qu’un changement était nécessaire », a déclaré Mme Frost par voie de communiqué avant de souligner le travail remarquable du personnel du domaine de la santé et des services sociaux. « L’amélioration du système dans lequel ils évoluent ne pourra que les épauler davantage dans leur prestation de programmes et de services de qualité pour la population. Nous comptons fermement collaborer avec nos partenaires pour faire en sorte que les Yukonnais et les Yukonnaises de demain disposent d’un système plus fort et plus durable. »
Les prochaines étapes pour la francophonie
Les organismes francophones n’ont pas fini de retrousser leurs manches. Mme St-Laurent explique en effet que le travail est loin d’être terminé. « C’est un bon élan pour le comité de travail pour les services de santé en français. » Elle indique que désormais, une des premières tâches sera « la définition du mot bilingue ». En effet, le but est d’avoir des équipes de professionnels bilingues. « Nous proposons déjà un service d’interprétation avec le PCS. C’est excellent, mais ce n’est pas ce que nous recherchons pour un centre de santé bilingue. On veut vraiment avoir les services en français, combiner les services avec ceux existants et s’assurer de leur complémentarité. Et surtout, nous souhaitons que ces services soient basés sur les besoins réels des francophones. »
La communauté peut donc s’attendre à être prochainement sollicitée pour remplir de nouveaux sondages en matière de santé.