Le monde tourne au ralenti, mais les agriculteurs travaillent dur pour subvenir aux besoins vitaux de la population. L’existence de fermes locales est essentielle dans les communautés se trouvant au bout de la chaîne d’approvisionnement. À Dawson, les habitants se sont tournés vers les fermes locales pour pallier les ruptures de stock des épiceries.

Lucy et Jack Vogt vendent la majorité de leurs boutures au Gold Show. Cette année, ils réfléchissent à une solution alternative.
Photo : Genséric Morel
Des fermes variées et essentielles
Officiellement, on comptabilise quinze fermes dawsoniennes. Quelques locaux proposent également leurs productions en activité secondaire, comme Andrew Timms, créateur d’Arctic Oasis Greenhouses. « En 2019, j’ai vendu mes légumes aux restaurants locaux pour la première fois », confie-t-il. Dawson compte la seule crèmerie du Yukon, mais aussi des fermes traditionnelles et d’élevage, des vergers, des apiculteurs, horticulteurs et récolteurs de sirop de bouleau.
La variété des produits et les méthodes d’adaptation aux conditions climatiques font la fierté des agriculteurs. Les trois fermes les plus connues étant Kokopellie, produisant quantité de légumes même en hiver grâce à un cellier souterrain, la ferme école des Tr’ondëk Hwëch’in, ouverte depuis 2016 qui éduque à l’autosuffisance, et la ferme de Lucy et Jack Vogt, qui offre de nombreuses boutures au printemps et multitudes de végétaux depuis 1994.
La majorité des agriculteurs proposaient leur production au marché fermier hebdomadaire, mais « la mise en place du marché cette année est en suspens. Une décision sera prise début mai et nous cherchons des solutions alternatives pour respecter les mesures de protection tout en soutenant nos producteurs », explique Sherry Master, gérante de l’Association du marché fermier de Dawson.
Des défis pour les mois à venir
La baisse du tourisme et l’annulation d’événements incitent à la mise en place de moyens de distribution alternatifs. « Habituellement, nous vendons nos boutures au Gold Show et au marché. Aujourd’hui, nous pensons vendre par l’intermédiaire d’une boutique en ligne et ferons parvenir les plantes aux clients en maintenant une distance sociale. Certaines entreprises qui achètent habituellement des boutures n’en achèteront pas », explique Lucy Vogt. Becky et Paul Sadlier de Sun North Ventures vendaient leurs œufs dans la friperie. La pandémie ayant entraîné sa fermeture, ils proposent une autre façon de faire. « Je donne une heure de rendez-vous sur un stationnement vide, installe une boîte pour le paiement et les boîtes d’œufs à bonne distance les unes des autres. Les clients viennent chacun leur tour », explique Becky. La ferme Tr’ondëk Hwëch’in propose des livraisons de boîtes de légumes depuis 2018, et les demandes sont grandissantes, à tel point que d’autres fermiers se lancent dans ce moyen de distribution. « Cela va être la première année pour nous, mais nous avons déjà presque atteint nos quotas d’inscriptions », livre Sadlier.

La ferme Tr’ondëk Hwëch’in en Avril 2020. Actuellement, les étudiants travaillent sous serre afin de lancer la saison agricole et subvenir aux besoins des locaux et restaurateurs dawsoniens.
Photo : Agnès Viger
Un autre défi est la main-d’œuvre réduite. Certains fermiers comptent sur les wwoofers [travailleurs bénévoles logés et nourris par l’hôte] pendant la saison estivale. « Entre cinq et six volontaires viennent nous aider à la ferme en été. L’un d’entre eux est déjà au Yukon et pourra nous rejoindre en mai », confie l’agricultrice de Sun North Ventures. L’incertitude sur la possibilité de recevoir d’autres wwoofers cet été, qu’ils viennent d’une autre région canadienne ou d’un autre pays préoccupe le couple. « Les restrictions changent quotidiennement, donc nous avisons au jour le jour », finit l’agricultrice. Lucy Vogt se veut rassurante sur l’approvisionnement pour les Dawsoniens. « Bien que la méthode de livraison des produits doive changer, il y aura beaucoup de produits locaux disponibles. Continuez à acheter local et soyez patients avec nous, car nous devons aussi nous adapter », épilogue-t-elle.