Un communiqué du gouvernement territorial, publié le 6 avril dernier, annonçait que les garderies (et les services de garde en milieu familial accrédités) obtiendraient de l’aide financière supplémentaire pour accueillir les enfants pendant et après la pandémie de COVID-19. Ces fonds devaient permettre aux établissements, selon ce communiqué, de maintenir « les salaires des employés et les dépenses admissibles liées aux locaux ». Que les garderies prévoient de rester ouvertes ou non, le gouvernement annonçait allouer des aides financières jusqu’en juin.
Deux parents aux services essentiels
« C’était à première vue une bonne nouvelle », a déclaré Louise-Hélène Villeneuve, directrice de la Garderie du petit cheval blanc.
Cependant, la directrice semble avoir déchanté en apprenant les conditions qui sont reliées à ce fonds. « Nous pourrons proposer le service de garde d’enfants uniquement aux familles dont les deux parents [ou parents substituts] travaillent pour les services essentiels. » En d’autres termes, si un des deux parents ne travaille pas en service essentiel, la famille n’aura plus accès à la garderie.
Cette condition limitera énormément le nombre d’employées que la Garderie du petit cheval blanc pourra garder en poste. Pour le moment, une dizaine d’enfants fréquentent la garderie, et treize employées assurent des rotations afin de respecter les quotas du nombre de personnes par local (limitées à cinq) et par établissement. « Quelques employées ont fait le choix d’être au chômage, mais pour d’autres, la situation est plus compliquée. » Qu’il s’agisse de considération de logement (pour éviter le contact avec des personnes à risque), ou d’immigration remise en cause en cas de perte d’emploi, Mme Villeneuve estime qu’il y a « beaucoup d’inconnu ». Elle assure cependant que « la priorité reste la santé de nos employées, à la fois physique, mentale, mais aussi financière ». Mais considérant que la garderie avait déployé des efforts considérables et continus en matière de recrutement, cette situation précaire représente un grand risque sur le plan de la stabilité des ressources humaines de la pépinière francophone.
Contact avec les familles
Dans une situation encore pleine d’incertitude, l’établissement prévoit tout d’abord de demander aux familles concernées (celles dont les deux parents assurent des emplois essentiels) de s’identifier.
« Nous avons aussi la possibilité d’ouvrir nos services à d’autres familles de Whitehorse », ajoute Mme Villeneuve, avant d’indiquer que cela représentera un autre type de questionnement : comment continuer d’assurer la transmission de la langue française dans un milieu qui serait alors bilingue. « Certaines éducatrices ne sont d’ailleurs pas à l’aise de travailler en anglais. » En fin de compte, cette décision reviendra au conseil d’administration de la garderie.
Par le communiqué susmentionné, le gouvernement territorial demande pour l’instant aux parents et parents substituts qui dépendent habituellement des services de garde de ne pas y envoyer leurs enfants. Les parents qui travaillent à domicile devraient faire de même.
Mesures d’hygiène
Le Centre de lutte contre les maladies transmissibles et le médecin-hygiéniste en chef du Yukon ont remis aux exploitants de services de garde d’enfants un document d’orientation de la santé publique intitulé COVID-19 : Renforcement des mesures de santé publique dans les services de garde du Yukon, afin de conserver un environnement sain et sûr et de réduire au maximum les risques de propagation de la COVID-19 au Yukon.
Tous les jours, les parents et tuteurs doivent remplir un questionnaire avant d’amener leurs enfants à la garderie. S’ils répondent à certains critères, on leur demande de garder les enfants chez eux. « La gestion des mesures d’hygiène occupe pour le moment une personne à temps plein, en plus d’une partie du temps de chaque éducatrice », assure Mme Villeneuve.
La Garderie du petit cheval blanc a mis en place un « comité pandémie », incluant des employées et des membres du CA. « Nous évaluons la situation et nous faisons des séances de remue-méninges, ensuite, on propose des solutions et on s’ajuste. Mais c’est beaucoup d’incertitudes. »
« Notre gouvernement fait tout son possible pour aider les exploitants de garderies à poursuivre leurs activités pendant cette période difficile afin de garantir la santé et la sécurité des employés et des enfants », a déclaré, quant à elle, Mme Pauline Frost, ministre de la Santé et des Affaires sociales.