La population ne cesse d’augmenter à Whitehorse et le marché immobilier ne suit pas le rythme. La hausse des prix qui en découle rend l’accès au logement difficile pour les personnes à faible revenu.
Duplex avec trois chambres disponible à Crestview, pas d’animaux : 2 000 $ plus frais supplémentaires. Chambre à louer dans le centre-ville de Whitehorse : 1 000 $ plus électricité. Chalet rustique sans eau courante, à 20 kilomètres de la ville : 750 $. Voici quelques-unes des annonces proposées sur la page Facebook de Whitehorse Yukon Property Rentals, où les photos de jeunes couples bien sous tous rapports cherchant un logement désespérément sont bien plus nombreuses que les offres.
« On ne s’attendait pas à des loyers aussi chers et à un marché aussi bouché », raconte Julie Clausse, fraîchement débarquée à Whitehorse avec son compagnon. « Ça a vraiment été difficile de trouver quelque chose. Je n’avais pas d’emploi en arrivant et on nous demandait de fournir un contrat de travail, des lettres de recommandation, plein de documents différents pour une simple chambre en colocation. C’était très stressant ».
« Quand je suis arrivée, ça a été compliqué », témoigne également Bénédicte Valembois. « Depuis la Belgique, j’avais trouvé une chambre pour 800 $ par mois. Hélas, une fois sur place, je me suis rendue compte que c’était sale, que ça sentait mauvais, que c’était mal isolé et loin de tout. Certains propriétaires profitent vraiment des nouveaux arrivants. J’ai voulu déménager rapidement, mais quand tu as un animal, tu dois t’attendre à beaucoup de refus ».
Et s’il est difficile de louer à Whitehorse, il en est de même pour acquérir un bien : en octobre 2019, le prix de vente moyen des maisons était de 517 500 $, soit une augmentation de près de 9 % par rapport à 2018, et de plus de 60 % en dix ans.
Un constat identique partout dans le Nord
Bien que chaque territoire ait ses spécificités, l’accès au logement demeure un problème général dans le Nord. Un rapport publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) en 2019 indique ainsi que la demande surpasse l’offre dans les trois capitales, notamment en raison d’une croissance démographique forte. Avec pour conséquence une hausse des prix de l’immobilier.
« Les familles gagnant moins de 30 000 $ ne peuvent se procurer aucun logement d’une ou deux chambres à Whitehorse », souligne l’analyste Braden Batch. « Cette situation touche environ 20 % des familles ». À Yellowknife également, le loyer moyen pour un logement de deux chambres reste élevé : 1 695 $. Le rapport de la SCHL estime que 15,5 % de la population des Territoires du Nord-Ouest vit dans une habitation en mauvais état, trop petite ou dont le prix dépasse 30 % des revenus du ménage.
Enfin, Iqaluit demeure l’un des endroits où le logement coûte le plus cher au Canada, pour des raisons logistiques, mais aussi à cause du climat extrême et de la rareté des terrains sur lesquels il est possible de construire. « Plus de 60 % de la population du Nunavut est incapable de se procurer un logement du marché sans l’aide, sous une forme ou une autre, du gouvernement ou d’un employeur », explique l’analyste Pershing Sun. Le loyer mensuel moyen d’un logement de deux chambres s’y élève à 2 678 $.
Afin d’apporter une solution au problème du logement dans le Nord, différentes ententes bilatérales entre le Gouvernement fédéral et les Territoires ont été conclues depuis 2018. Soixante millions de dollars ont été débloqués au Yukon pour protéger, renouveler et accroître le logement social et communautaire, et soutenir la réparation, la construction et l’accessibilité des logements. Les Territoires du Nord-Ouest ont quant à eux conclu une entente de 140 millions de dollars sur dix ans. Enfin, au Nunavut, une entente de 290 millions de dollars sur huit ans a été annoncée en août 2019.
Initiative de journalisme local – APF – Territoires
https://soundcloud.com/user-741248679/habitants-du-nord-cherchent-logements-desesperement-lu-par-patricia-brennan
Le projet de balados L’Aurore en ondes a été rendu possible grâce à un financement des gouvernements du Québec et du Yukon en vertu du programme de coopération intergouvernementale en matière de francophonie canadienne.