Denis Lord (L’Aquilon)
Un programme est en place après plusieurs consultations menées par l’Institut national des pêches autochtones.
Pêches et Océans Canada et la Garde côtière canadienne viennent de lancer le nouveau programme Initiative des pêches commerciales intégrées du Nord (IPCIN), qui s’adresse aux pêcheurs autochtones des trois territoires et du Labrador.
Doté d’un budget annuel de 7 M$, l’IPCIN s’inscrit dans le cadre des mesures de réconciliation de Pêches et Océans Canada et de la Garde côtière canadienne, et a été lancé dans le cadre de l’examen des programmes existants, entrepris avec l’Institut national des pêches autochtones.
Le programme vise à améliorer la gestion d’entreprises de pêche, développer l’accès à la formation pour pêcher sécuritairement et exploiter efficacement les bateaux; il vise l’expansion et la diversification des entreprises ainsi que le développement de l’aquaculture. L’élaboration de ce programme et la révision des autres ont été faites après des consultations dans les communautés.
Au sud du Grand lac des Esclaves
Au sud du Grand lac des Esclaves, aux Territoires du Nord-Ouest, la Première Nation K’atlodeechee (PNK) entend profiter du programme pour s’outiller, pour faire de la formation, et du mentorat, ainsi que pour la planification d’affaires.
L’Initiative des pêches commerciales intégrées du Nord semble répondre aux principaux problèmes que voulait résoudre la PNK pour augmenter sa participation dans les pêcheries commerciales, commente le directeur Terres, ressources et négociations de la PNK, Peter Redvers, précisant que son groupe n’en est qu’à l’étape de la rédaction de demandes de subvention.
« Nous soutenons peut-être plus ce programme que ce que fait le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest parce que c’est directement axé sur le développement des capacités des Premières Nations à travailler dans les pêcheries, dit-il. Et le financement et la planification d’affaires sont établis par les Premières Nations. »
Une entente à double tranchant
Invité à commenter la liaison forcée des pêcheurs ténois avec l’Office de commercialisation du poisson d’eau douce (OCPED), à qui ils doivent vendre leurs prises, M. Redvers a répondu que l’existence de l’organisme fédéral est motivée par de bonnes raisons, notamment le fait qu’il procure l’assurance que les pêcheurs écouleront leur stock.
« Le problème, nuance-t-il, est que les prix sont épouvantables. Les pêcheurs ne sont pas bien payés pour le travail qu’ils font et les risques qu’ils prennent. »
Si l’OCPED est incapable de se restructurer pour amener de meilleurs prix, la Première Nation K’atlodeechee est ouverte aux autres possibilités.
Pour l’instant, la PNK entrevoit une collaboration avec d’autres Premières Nations des environs et avec la Fédération des pêcheurs. « Nous verrons si ça implique ou non l’OCPED ou d’autres approches de mise en marché, spécule Peter Redvers. Mais à ce stade, nous voulons prendre la responsabilité de développer ça plutôt que d’attendre que le GTNO entame sa planification, en laquelle nous n’avons pas complètement foi en ce moment. »
L’Institut national des pêches autochtones a mené les consultations qui ont eu lieu dans les trois territoires et au Labrador. « Ce n’est pas quelque chose qui peut facilement être fait par le gouvernement », explique l’ancienne députée fédérale des Territoires du Nord-Ouest, Ethel Blondin-Andrew, qui siège au conseil d’administration de l’Institut et a participé à plusieurs des consultations.
« Les gens sont méfiants quand le gouvernement analyse, met en place et fait la révision des programmes, ils pensent que c’est incestueux. »
Mme Blondin-Andrew souligne la bonne réputation de l’Institut, dont nombre de recommandations auraient été intégrées par le gouvernement fédéral dans le Cadre stratégique sur l’Arctique.
L’IPCIN, dit-elle, est modelé sur les programmes en place dans l’Est et dans l’Ouest, mais est conçu pour le Nord, en tenant compte du manque d’infrastructure, de l’isolement des communautés et du coût de l’essence. « Nous avons aussi pris en considération la problématique de la sécurité alimentaire, explique Mme Blondin-Andrew, c’est très important pour le Nord d’avoir accès à du poisson frais. Ça fait partie des aliments locaux. »
Elle fait valoir que l’Initiative vise aussi le développement du marché local pour le poisson et les fruits de mer.
Le fédéral est en pourparlers avec les Centres de formation marine de Hay River et d’Iqaluit pour faciliter la formation des pêcheurs.
Les Autochtones du Nord auront théoriquement accès aux autres programmes autochtones qui ont fait l’objet d’une révision, dépendamment des ententes liées aux revendications territoriales.
Au moment d’écrire ces lignes, la documentation des programmes est disponible en anglais, en français et en inuktitut. Il a été question de la traduire en déné.