Chaque année, au Yukon comme partout au pays, le mois de mai est l’occasion de souligner les activités de prévention des agressions sexualisées. C’est un moment pour sensibiliser la communauté sur les questions reliées à la violence à caractère sexuel et souligner les mesures mises en œuvre pour l’enrayer et pour soutenir les victimes.
Le Centre des femmes Victoria Faulkner, les EssentiElles et de nombreux autres organismes communautaires travaillent chaque année pour que les agressions sexualisées ne soient plus un tabou de société, pour que ce fléau soit éradiqué et surtout, pour que les victimes soient plus enclines à rapporter leurs agressions et puissent recevoir le soutien nécessaire.
Prendre soin de soi
« Cette année, l’accent est mis sur le fait de prendre soin de soi. En prenant soin de soi, on devient plus forte et on gagne en confiance », explique Jocelyne Isabelle, directrice des EssentiElles. Une soirée de soins personnels basée sur la notion de résilience a eu lieu le 14 mai dernier. Si vous l’avez manquée, deux autres activités sont encore à venir. Tout d’abord, une occasion de prendre conscience de votre force et de votre puissance s’offre à vous grâce à un cours de boxe au studio Peak Fitness, qui aura lieu le 21 mai prochain. Cette soirée est réservée aux femmes et aux personnes non binaires. Enfin, le mois de prévention se terminera par une activité d’artisanat et de discussion au café Baked, le
29 mai prochain. « L’objectif est de créer des occasions de converser afin de pouvoir changer ensemble notre culture et notre communauté », peut-on lire dans le communiqué de presse de l’événement.
Des chiffres alarmants
Lorsqu’on vit dans un milieu paisible et privilégié, la notion d’agression sexualisée et de violence basée sur le genre peut paraître lointaine. Mais les chiffres restent alarmants et il est important de constater que cette forme de violence est encore et toujours présente. Dans notre communauté tout autant qu’ailleurs.
Au Canada, selon les statistiques, une femme sur quatre et une personne transgenre sur deux sont victimes d’agression sexuelle chaque année. Un autre chiffre qui dérange : les personnes vivant avec un handicap ou des problèmes de santé mentale ont deux fois plus de risques de subir des violences sexuelles! Il faut savoir aussi que les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles de subir des violences sexualisées et le chiffre monte à six fois plus pour les personnes non hétérosexuelles ou non binaires.
Un fait encourageant cependant : dans un tiers des cas, des personnes extérieures ont pu intervenir ou empêcher les agressions.
Un nouveau programme pour aider les victimes francophones
Les employées des EssentiElles profitent de ce mois de sensibilisation pour dévoiler un projet sur lequel l’organisme travaille depuis déjà un an et demi. Le projet Avancer ensemble, coordonné au territoire par Marie-Stéphanie Gasse, vise à améliorer les services de soutien en cas de harcèlement, pour la communauté francophone, en Colombie-Britannique et au Yukon.
Ce projet se déroule dans le cadre d’une initiative du ministère des Femmes et de l’Égalité des genres (ancien ministère de la Condition féminine Canada). L’objectif est de créer une communauté de pratique nationale en matière de violence genrée, notamment en ce qui concerne le harcèlement.
« Depuis quelques années, nous avons de plus en plus d’information concernant le harcèlement et le harcèlement sexualisé, avec le mouvement #metoo notamment », explique Mme Gasse. Elle ajoute toutefois que le problème est loin d’être résolu. « Si on se fie aux statistiques internationales, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle dans le monde.
La communauté franco-yukonnaise n’est pas à l’abri du harcèlement non plus. Nous avons besoin de pouvoir aider les victimes. Comme elles sont souvent en état de choc ou de traumatisme, les services dans leur langue, en français, sont essentiels », explique la coordonnatrice du projet.
Avancer ensemble est un projet qui vise à outiller les structures organisationnelles francophones du Yukon. Au territoire, le travail se fait en étroite collaboration avec Ketsia Houde, intervenante bilingue des services aux victimes du gouvernement du Yukon. « Nous souhaitons apporter une vision commune et moderne sur la gestion des cas de harcèlement et de harcèlement sexualisé pour la communauté francophone », explique Mme Gasse.
Pour ce faire, l’organisme travaille sur la création de procédures que les organisations pourront suivre ou intégrer dans leurs propres structures. « Par exemple, nous souhaitons outiller les organisations en cas de plaintes de harcèlement. Les aider à y répondre et à adopter des bonnes pratiques. Il s’agit aussi de travailler avec les institutions pour que des services en français soient disponibles pour les victimes à la GRC, à l’hôpital, etc. », ajoute la coordonnatrice.
Le projet veut également mettre en place des formations afin d’outiller la communauté. « Équiper et éduquer la communauté franco-yukonnaise, c’est également une forme de prévention qui vise à diminuer les incidents de harcèlement », conclut Marie-Stéphanie Gasse.
Pour plus d’information sur la campagne du mois de mai, vous pouvez consulter le site endviolenceyukon.com/sapm-campaign/francais ou la page Facebook @vfwcyukon (en anglais).