Les résidents des communautés de Marsh Lake, de Mount Lorne, de Champagne et d’autres communautés du Yukon verront probablement bientôt quelques changements lorsqu’ils se rendront dans les décharges publiques de leur lieu de résidence. Les méthodes de gestion de ces installations viennent d’être modifiées par le gouvernement du Yukon.
Il y a quelques semaines, un appel d’offres pour la gestion de la décharge publique de Marsh Lake a été ouvert. Quelques jours plus tard, un autre pour les installations de Champagne a été publié. Pour la décharge de Mount Lorne, l’appel d’offres devrait être publié sous peu.
Modification des habitudes de recyclage
Dave Albisser, directeur des programmes et des opérations au ministère des Services aux collectivités du gouvernement du Yukon, souhaite rassurer les résidents : « Les installations continueront d’être opérationnelles. Il n’est pas prévu que les décharges soient fermées au public. »
Si cette annonce semble rassurante, elle s’accompagne pourtant, pour le moment, d’une cessation de certains des services qui, jusqu’à présent, étaient offerts aux résidents desdites communautés. Actuellement, la décharge de Marsh Lake ne collecte plus les contenants consignés tels que les bouteilles ou les cannettes en aluminium. Pour recevoir le montant de leur consigne (montant payé par les consommateurs au moment de l’achat), les résidents des communautés concernées doivent à présent se rendre jusqu’à Whitehorse. « Tout le monde n’a pas les capacités de transporter ses déchets aussi loin, à plus de 65 km de notre lieu de résidence », a déclaré un habitant de Marsh Lake qui préfère rester anonyme. Transporter son recyclage peut faire des dégâts à l’intérieur des véhicules selon lui, notamment à cause des liquides qui peuvent couler et des odeurs qui en résultent. « Honnêtement, je pense que beaucoup de résidents mettront tout simplement leur recyclage aux vidanges », a déclaré
cette personne.
Certains matériaux recyclables et non consignés continuent d’être collectés dans ces décharges : les pneus, les cartons, les emballages métalliques (boîtes de conserve) et certains plastiques. « Pour les résidents, le changement de gestion ne devrait pas apporter trop de changements », explique M. Albisser. « Le gouvernement [du Yukon] impose les horaires d’ouverture et certains des services obligatoires », poursuit-il. Le gouvernement du Yukon reste responsable de la gestion des déchets dans les communautés. Afin de respecter cette obligation, il accorde des paiements de transfert aux organismes gestionnaires des installations en fonction des quantités de déchets recyclables collectés. Raven Recycling ou PNW viennent alors collecter ces déchets qui sont ensuite traités grâce, en partie, à des fonds de traitement des déchets que le gouvernement octroie à ces compagnies de recyclage. Ce système-ci n’est pas remis en cause.
La collecte des déchets ménagers ne devrait pas non plus susciter, dans un premier temps, de collecte de frais. « C’est une décision qui devra être prise par le gouvernement, et non pas par les organismes qui exploitent les lieux de transfert ou d’enfouissement », a expliqué M. Albisser. Il ajoute cependant que son département étudie les options possibles à ce sujet : « Si cela est mis en place, ce sera pour toutes les communautés. » La question des comptoirs communautaires (free stores) reste encore en suspens.
Pourquoi ces changements?
Dans le passé, le gouvernement du Yukon versait des fonds à la Marsh Lake Solid Waste Society afin qu’elle exploite le site d’enfouissement. Ceci se faisait dans le cadre d’accords de paiements de transfert. « Nous avons déterminé que pour plus de cohérence dans nos opérations, il était plus approprié [pour le gouvernement] de lancer un appel d’offres pour le traitement des déchets solides. Nous avons publié des appels d’offres pour trouver des opérateurs pour toutes les autres stations de transfert du Yukon et, jusqu’à récemment, Marsh Lake était une exception », a déclaré Kara Johancsik, agente de communication au ministère des Services aux collectivités du gouvernement territorial. La Marsh Lake Solid Waste Society, un organisme à but non lucratif, a préféré fermer plutôt que de se plier aux nouvelles mesures. « Des discussions ont eu lieu avec la Marsh Lake Solid Waste Society au sujet de ces changements. Nous continuerons à travailler avec la communauté pour nous assurer qu’elle obtiendra les services dont elle a besoin. Nous comprenons que les connaissances et l’expérience locales sont importantes pour l’exploitation de ces installations et nous avons répondu à ce besoin en publiant un appel d’offresqui nous permet de prendre en compte la valeur et la qualité du travail, et pas seulement le prix », a ajouté M. Albisser. Au moment de la rédaction de cet article, une seule offre avait été soumise par la compagnie privée Getaway Construction.
L’organisme qui gérait la station de Mount Lorne a suivi le même chemin, mais la plupart des personnes qui le composaient ont décidé de mettre sur pied une nouvelle entreprise (à but lucratif cette fois) et de soumissionner à l’appel d’offres. Michael Baille, gérant des installations de la décharge de Mount Lorne depuis plus de vingt ans, ajoute que l’entreprise récemment créée prévoit de garder le même niveau de services aux résidents, voire de fournir des services encore meilleurs : « Nous avons une communauté très impliquée, donc nous allons tout mettre en place pour que les installations soient fonctionnelles. »
Recyclage au Yukon
Dans les communautés, les déchetteries sont pour la plupart des installations de transfert. Rien n’est vraiment recyclé sur place. Les matériaux sont collectés par Raven Recycling ou PNW, qui eux, les envoient ailleurs au Canada.
Le verre non consigné (pots Mason ou contenants de cornichons par exemple) n’est pas, quant à lui, recyclable au Yukon. S’il est collecté dans les installations de Raven Recycling, rien n’est fait pour le recycler. « Il est broyé et enfoui dans les piles de déchets », explique Joy Snyder, directrice générale de Raven Recycling. Elle ajoute : « Compte tenu de son poids, le verre n’est recyclé que dans certaines grandes villes du Canada. Même pour des villes telles que Régina, le transport du verre n’est pas rentable. » À la question : « Est-ce donc plus écologique d’utiliser des contenants en verre non recyclables ou bien ceux en plastique recyclable? », la directrice reste perplexe. Selon elle, le verre, même s’il est enfoui dans les déchets, n’a pas d’impact environnemental dans le sol, contrairement au plastique ou même aux déchets organiques. « L’industrie des emballages est florissante partout dans le monde, mais les installations pour le recyclage de ces emballages sont loin d’être adaptées », conclut-elle. « Même les emballages à base de matières organiques comme le maïs ne peuvent pas être recyclés comme du plastique. Ils ne sont pas non plus compostables dans les installations de Whitehorse, car ils nécessitent des composteurs spéciaux qui fonctionnent à l’intérieur », explique-t-elle.
La meilleure solution, que l’on habite à Whitehorse ou dans une communauté du Yukon, reste encore de diminuer ses déchets au lieu de compter sur un système de recyclage gouvernemental.
Une fois de plus, la responsabilité individuelle semble donc la meilleure piste de solution durable.