le Dimanche 1 octobre 2023
le Jeudi 21 mars 2019 10:25 Scène locale

Des élèves du secondaire se mobilisent contre une pratique archaïque

Les groupes GSA des deux écoles secondaires, composés d’individus LGBTQ2S+ et de leurs alliés (parents et membres du personnel enseignant), lancent une pétition pour inciter le Gouvernement du Yukon à bannir la pratique de conversion au Yukon.
Photo fournie
Les groupes GSA des deux écoles secondaires, composés d’individus LGBTQ2S+ et de leurs alliés (parents et membres du personnel enseignant), lancent une pétition pour inciter le Gouvernement du Yukon à bannir la pratique de conversion au Yukon. Photo fournie

Interdite dans certaines provinces du Canada et même dans certaines régions du monde, la thérapie de conversion, visant à « convertir » les personnes LGBTQ2S+ en personnes hétérosexuelles, est encore légale au Yukon. Des élèves de l’école secondaire F.-H.-Collins et de l’école secondaire de Porter Creek se mobilisent pour rendre cette pratique illégale au territoire.

Les groupes GSA des deux écoles secondaires, composés d’individus LGBTQ2S+ et de leurs alliés (parents et membres du personnel enseignant), lancent une pétition pour inciter le Gouvernement du Yukon à bannir la pratique de conversion au Yukon.
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Qu’est-ce que la thérapie de conversion?

La thérapie de conversion est une pratique considérablement discréditée qui consiste à essayer de modifier l’orientation (ou l’identité) sexuelle d’une personne non hétéronormée par le biais de conseils, d’une modification du comportement ou de médicaments. Elle s’appuie sur le principe selon lequel être gai ou trans est anormal et peut être « guéri ».

Dans le passé, ces thérapies de conversion pouvaient même inclure des méthodes désormais jugées violentes telles que des électrochocs. Si de nos jours ces méthodes ne sont probablement plus employées, le concept d’une telle thérapie existe encore et est toujours légal sur la majorité du territoire canadien. C’est d’ailleurs toujours le cas au Yukon.

Les méthodes sont très variées. Elles incluent du « soutien psychologique », de la visualisation ou des interventions plus spirituelles allant parfois jusqu’à des pratiques apparentées à de l’exorcisme. En novembre dernier, des jeunes vivant au Québec témoignaient sur les ondes de Radio-Canada, dévoilant des pratiques de culpabilisation qu’ils avaient subies lors de ces thérapies.

Puisque ces thérapies sont confidentielles et se déroulent souvent dans des environnements privés, il est difficile de savoir jusqu’à quel point elles sont monnaie courante au territoire. Cela n’empêche pas les jeunes de deux écoles secondaires de Whitehorse de s’insurger contre la légalité de cette pratique abusive. Si le contexte politique est favorable aux personnes LGBTQ2S+ en ce moment, « rien ne protège les jeunes LGBTQ2S+ contre ce type de thérapie selon la loi canadienne actuelle », a expliqué Mercedes Bacon-Traplin lors d’une entrevue avec Sandi Coleman sur les ondes de CBC North. Annie Pellicano, enseignante à l’école secondaire F.-H.-Collins et membre leader du groupe Gay-Straight Alliance (GSA) de cette école, ajoute que si les tendances politiques changeaient, comme c’est le cas aux États-Unis, cette pratique pourrait redevenir courante.

Une pratique bannie peu à peu

Évidemment, les risques de cette pratique sont nombreux, allant du sentiment de culpabilité jusqu’au suicide, en incluant les problèmes d’estime de soi ou la détérioration du sentiment de confiance au sein des cellules familiales.

Face à ces risques et compte tenu du caractère non éthique de ces thérapies, de plus en plus de groupes s’insurgent contre cette pratique. Leur moyen de pression : des pétitions. Effectivement, plusieurs groupes ont instauré des pétitions visant le changement de la loi fédérale. Près de 70 000 personnes ont déjà signé la pétition en ligne initiée par le groupe It Gets Better Canada. Devon Hargreaves, de Lethbridge en Alberta, a lancé quant à lui une pétition électronique qui a été présentée à la Chambre des communes l’automne dernier.

La Ville de Vancouver a adopté, en juin 2018, une loi interdisant aux entreprises d’offrir des services visant à changer l’orientation sexuelle d’une personne. Ce règlement suivait d’autres mesures semblables mises en place en Ontario et au Manitoba en 2015. En 2018, l’Union européenne a également voté une loi visant à interdire la thérapie de conversion, l’estimant dommageable pour les individus. L’Organisation mondiale de la Santé, l’American Psychiatric Association, l’American Medical Association et la Société canadienne de psychologie s’opposent aussi à cette pratique. Pourtant, le gouvernement canadien, lui, n’a pas encore banni les thérapies de conversion.

Une pétition pour le Yukon

Les groupes GSA des deux écoles secondaires susmentionnées, composés d’individus LGBTQ2S+ et de leurs alliés (parents et membres du personnel enseignant), lancent donc une pétition papier. Avec l’appui de certaines personnalités politiques telles que Kate White, ils souhaitent faire changer les choses ici et maintenant.

La pétition, basée sur celle réalisée à l’intention du gouvernement fédéral, demande à l’Assemblée législative du Yukon de présenter un projet de loi interdisant la thérapie de conversion pour les mineurs au territoire et le déplacement de ceux-ci à l’extérieur du Yukon ou du Canada à ces fins.

Annie Pellicano invite les personnes qui souhaitent soutenir cette cause à venir signer la pétition à la réception du Centre de la francophonie.