Cinq micromaisons ont été inaugurées le 18 janvier dernier au cours d’une cérémonie où les acteurs principaux du projet se sont succédé devant le micro. Une quarantaine de personnes avaient fait le déplacement afin de visiter deux des cinq logements ouverts au public pour l’occasion.

Patricia Bacon, directrice générale de l’organisme Blood Ties Four Directions, coupe les rubans lors de l’inauguration de la communauté de micromaisons à Whitehorse. Elle est accompagnée de Nick Hull, de Ketza Construction, et de Tony Zedda, copropriétaire de la firme d’architectes Kobayashi and Zedda ayant participé au projet.
Photo : Nelly Guidici
Propriété de l’organisme à but non lucratif Blood Ties Four Directions qui accompagne les personnes les plus vulnérables de la ville, la communauté Steve Cardiff se trouve à l’angle de la rue Jarvis et de la 6e Avenue et regroupe cinq logements. D’une superficie de 240 pieds carrés chacune (22,30 mètres carrés), ces maisons, dont la construction a débuté pendant l’été 2018, sont entièrement meublées et prêtes à accueillir leurs premiers résidents. Conçus pour héberger une seule personne, ces logements sont pourtant considérés comme des habitats de transition.
En effet, les personnes choisies pourront y résider pendant toute la durée de leur enrôlement dans le programme de l’organisme qui s’occupe également de la gestion des lieux, incluant des visites régulières et le nettoyage. Tous les logements seront occupés d’ici la fin du mois de mars 2019. Patricia Bacon, directrice générale de l’organisme, pense que l’accompagnement progressif est l’une des clés du succès de ce projet : « Nous allons aider les futurs résidents à s’installer dans les logements afin que tout se passe bien. » Une période de deux à trois semaines est prévue entre chaque nouvelle entrée et le premier résident pourra prendre possession des lieux dans les prochains jours.
Des financements multiples et des coûts élevés
« La conception novatrice et écoénergétique rend l’exploitation et la construction de ces maisons peu coûteuses, un facteur important pour les projets du Nord », pense M. Larry Bagnell, député fédéral du Yukon présent à l’inauguration. Cependant, ce projet, qui a nécessité en amont l’achat de la parcelle ainsi que la conception et la construction des logements, a reçu 200 000 $ de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) et de la Société d’habitation du Yukon. Les gouvernements territorial et fédéral ont également versé 100 000 $ chacun dans le cadre, notamment, d’une stratégie nationale de lutte contre l’itinérance. En plus des dons reçus de particuliers et de la Ville de Whitehorse, le coût total du projet s’élève à 800 000 $. Ce chiffre révèle donc que les coûts des logements ne cessent de croître dans le territoire. La Coalition anti-pauvreté du Yukon indique, dans un rapport rendu public à la fin de l’année dernière, que 16 % des familles vivent dans la pauvreté à Whitehorse et que 195 personnes ont dormi dans la rue le 17 avril 2018, dont 17 enfants de moins de 18 ans. Consciente que ce type de maison ne répond pas aux attentes de tout le monde, Mme Bacon estime cependant qu’une petite communauté de maisons permet d’éviter aux résidents d’être mis en marge de la société : « Blood Ties se soucie de ne pas ghettoïser les personnes vulnérables ou qui vivent dans la pauvreté. Le but de ce projet est de permettre aux futurs résidents de rester aussi longtemps qu’ils en ont besoin, car avoir un toit va les aider à régler les autres problèmes auxquels ils doivent faire face (problèmes de santé ou d’emploi). »
Les quatre points cardinaux
Chacune des maisons porte son propre nom inscrit sur une plaque fixée au-dessus de la porte d’entrée, sur le mur extérieur. Le nord, le sud, l’est et l’ouest côtoient la maison Steve Cardiff en hommage au député yukonnais du même nom, décédé dans un accident de la route à l’été 2011 et très investi dans la lutte contre la pauvreté et l’itinérance. Ann Smith, membre aînée de la Première Nation Kwanlin Dün, a expliqué devant le public l’importance des quatre points cardinaux dans la spiritualité autochtone : « Les quatre couleurs représentent les quatre directions dans lesquelles le vent souffle et nous pouvons de cette façon aider ces personnes à vivre une vie juste et simple.
Nous pouvons les aider au mieux en écoutant notre cœur et en suivant notre savoir (spirituel et traditionnel). » Les rubans qui ont été découpés après la série de discours représentent, en couleurs, les quatre directions : le rouge, le blanc, le jaune et le noir.