Si la pluie a fait son apparition depuis quelques jours sur le territoire, le soleil a persisté à briller une bonne partie du mois de juillet au Yukon, provoquant des feux de forêt d’une ampleur significative. Moins spectaculaires que ceux de Colombie-Britannique, on a tout de même recensé jusqu’à maintenant 60 feux de forêt et 73 391 hectares brûlés.
Désormais réputé relativementpluvieux, l’été yukonnais en a surpris plus d’un. En effet, à l’instar de l’Europe, une vague de fortes chaleurs s’est installée au territoire en juillet, provoquant des hausses de température de 1,5 degré Celsius au-dessus des normales de saison : 15,8 au lieu de 14,3.
« C’est le cinquième mois de juillet le plus chaud dans l’histoire de nos données recensées depuis 1942. Un degré et demi, c’est très notable, on ne voit pas ça tous les ans », assure Armel Castellan, météorologue aux alertes à Environnement et Changement climatique Canada.
Au-delà des températures, lorsque l’on regarde de plus près le taux de précipitation, on note 15,7 mm de pluie pour la totalité du mois de juillet — contre normalement 38,1 — faisant du mois de juillet 2018 le septième juillet le plus sec au Yukon depuis 1942.
Une menace persistante
Les premiers touchés par ces fortes vagues de chaleur sont les arbres, même si le nombre d’incendies est pour l’heure moins conséquent que l’année dernière — la Section de la gestion des feux de forêt du Yukon avait recensé un total de 115 feux de forêt ayant brûlé approximativement 472 000 hectares.
Amanda Couch, analyste des communications au ministère des Services aux collectivités du Yukon, indique que la moyenne des feux de forêt de ces dix dernières années au Yukon s’élève à 114.
« La plupart des feux sont causés par la foudre couplée à un climat sec, mais l’activité humaine, telle que les feux de camp non éteints, est également responsable des feux de forêt », ajoute-t-elle.
Pour braver les flammes, la Section de la gestion des feux de forêt du Yukon dispose de 72 pompiers sur l’ensemble du territoire : onze équipes d’attaque et treize équipes de Premières Nations.
Le problème des feux de forêt au Yukon ne date pas d’hier. Lorsque l’on jette un œil au Yukon Forest Service Scrap Book (album de coupures de journaux NDLR) dont dispose les Archives du Yukon, on y découvre pléthores d’affichettes datant des années 1960 à destination des campeurs : « Sois mon hôte, s’il te plaît… Seulement si tu empêches les feux de forêt », dit l’une d’elles, accompagnée d’une image d’une famille d’ours. « Ne brûlez pas l’héritage de nos enfants », clame une autre, tandis que l’on y voit une forêt ravagée par les flammes. En fouillant davantage, on peut également lire des témoignagesde l’époque évoquant la dévastation de 1969 — l’incendie le plus destructeur du Yukon : plus de 430 000 hectares brûlés et un coût total de 1,66 million de dollars de dommages.
Est-on prêt?
Vous avez probablement entendu du bruit dans les airs et ce n’était pas forcément la foudre. La Section de la gestion des feux de forêt du Yukon a en effet fait appel à deux groupes de bombardiers d’eau : le « lourd » et ses deux avions et le « léger », doté de quatre. Mais sommes-nous réellement préparés à ces intempéries de grande ampleur?
« C’est davantage une adaptation qu’une préparation », croit Armel Castellan. Le météorologue explique : « Ce qui est en cause, c’est comment va agir ce qu’on projette pour la prévision d’El Niño pour cet automne, voire cet hiver. On a 65 % de probabilité d’avoir un phénomène El Niño dans des zones équatoriales du Pacifique, mais cela a une influence surtout sur la côte ouest du Canada, incluant le Yukon. »
Hier, on comptait encore 30 feux de forêt en activité sur l’ensemble du territoire. « Pour certains d’entre eux, ils continueront de brûler jusqu’à ce que la neige tombe. Tout dépend de leur géolocalisation, mais lorsque les feux sont déclarés dans des zones désertes, nos équipes gardent un œil dessus, mais les laissent brûler jusqu’en hiver », indique Amanda Couch. Pour se tenir informé des feux de forêt encore en activité dans la région, on peut consulter le site yukon.ca/emergencies (disponible en français).