Le Prix d’alphabétisation du Conseil de la fédération pour le Yukon a été décerné cette année à Mme Isabelle Salesse pour son travail continu au sein de l’alphabétisation au Yukon. Depuis plus de quinze ans, Mme Salesse s’investit dans le dossier de l’alphabétisation des adultes en contexte francophone minoritaire.

La directrice de l’Association franco-yukonnaise reçoit le Prix 2018 d’alphabétisation du Conseil de la fédération pour le Yukon. Photo : AFY
Originaire de la France, Isabelle Salesse apportait son aide en alphabétisation aux adultes en travaillant auprès de femmes apprenantes immigrantes. Ce n’est toutefois qu’une fois installée au Yukon alors qu’elle prenait les commandes des Services en orientation et de formation aux adultes (SOFA) de l’Association franco-yukonnaise qu’elle a pris conscience de toute la complexité que représente le phénomène de l’illettrisme en milieu minoritaire.
Au Yukon francophone, elle a participé à la mise sur pied de différents programmes comme celui de Contes sur roues et de Père poule, maman gâteau. Ces programmes sont conçus pour encourager la lecture en français à la maison avec une attention particulière chez les familles exogames, c’est-à-dire des familles où un des parents est francophone et l’autre parle une autre langue.
Implication sur le plan national
Au fil des ans, Mme Salesse s’est également démarquée sur la scène nationale en tant que membre du conseil d’administration de la Fédération canadienne d’alphabétisation en français (FCAF) et par la suite présidente du Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (REDAC). Il s’agit d’un organisme dont elle a dû gérer la décroissance due aux coupes unilatérales du financement fédéral à l’époque du gouvernement Harper. À l’époque, le gouvernement fédéral avait pris la décision d’arrêter le financement de tous les organismes nationaux en alphabétisation, ainsi que les campagnes de sensibilisation afin de rediriger l’argent vers les compétences à l’emploi.
« Pourtant, souligne Mme Salesse, l’impact d’une population analphabète va bien au-delà des questions d’employabilité. L’impact humain est beaucoup plus large. On parle ici d’estime de soi et des répercussions également sur le plan de la santé », rappelle celle qui espère que le financement en alphabétisation changera sous le gouvernement Trudeau. En ce moment, le financement pour les organismes nationaux est toujours absent bien que des fonds dans la feuille de route destinés aux dossiers d’alphabétisation soient présents. Toutefois, les organismes canadiens qui gèrent ces dossiers ignorent toujours les critères qu’ils doivent suivre afin d’y accéder.
Le travail se poursuit
La cause de l’alphabétisation en français en milieu minoritaire est toujours aussi importante pour Isabelle Salesse qui désire toutefois travailler dorénavant dans l’ombre. « J’ai fait ma part, mais je vais toujours continuer à appuyer les initiatives qui touchent l’alphabétisation », confie celle qui occupe depuis six ans le poste de direction de l’Association franco-yukonnaise.
Une cérémonie de la remise du prix aura lieu au Yukon au début du mois de septembre. En 2006, l’apprenant Rock Brisson avait reçu des mains de la gouverneure générale de Canada ce même prix. Avant de décéder au cours de l’été, il a demandé que la médaille qu’il avait reçue à l’époque soit également remise à Isabelle lors de la cérémonie, car selon lui, elles appartiennent l’une à l’autre. « Rock était un grand ami et nous avons travaillé longtemps ensemble pour différents dossiers d’alphabétisation au Yukon », confie-t-elle, émue.