Chaque été, les habitants du Yukon voient leur budget monter en flèche en raison de la hausse des prix de l’essence. Cette augmentation soudaine est-elle liée à l’afflux de touristes venus en masse visiter le Nord? À la difficulté d’approvisionner l’ensemble du territoire? Éléments de réponses.
Lorsque l’on se penche de plus près sur la situation, tout pousse à croire que l’essence au Yukon est à l’image du climat du territoire : il ne connaît que deux saisons. En hiver, les prix ont tendance à baisser, et en période estivale, ils grimpent à la même allure que les températures.
Comment expliquer cette hausse?
Les taxes. C’est la première chose qu’évoque Jenny, à la caisse de la station d’essence Integra Tire depuis une dizaine d’années. « Le problème de cette hausse vient majoritairement des taxes qui n’épargnent aucune province du Canada – taxes d’assise fédérale, TPS, TVH et la taxe provinciale sur l’essence. Il existe même une querelle entre la Colombie- Britannique et l’Alberta au sujet de la taxe carbone, la première l’ayant instaurée, la seconde couplant une redevance à un régime de tarification fondée sur le rendement. Le Yukon sera lui impacté l’année prochaine », explique-t-elle. « L’autre problème, c’est que l’essence du Yukon provient majoritairement de l’Alberta », ajoute la caissière.
La hausse est aussi simplement liée à la situation géographique du territoire : « Il est très compliqué de livrer de l’essence au Yukon vu l’étendue et l’éloignement du territoire », constate Larry, 72 ans, qui tisse la comparaison avec les prix des supermarchés. Rencontré à la station d’essence Petro Canada, nous regardons ensemble le prix indiqué sur la pompe : 58,50 $ pour un plein complet de sa voiture.
Né au Yukon, Larry se tient très informé du prix de l’essence et grâce à ses anciennes factures, il peut visualiser les fluctuations. Ni une ni deux, nous remontons ensemble jusqu’en juin 2008, soit pile dix ans en arrière. Résultats des courses : 1,36 $ le litre en 2008 contre 1,44 $ aujourd’hui. « Cela s’explique par le fait que l’essence ne fait qu’augmenter puis se raréfie, puis stagne et augmente de nouveau. Les pétroliers font ce qu’ils veulent avec les prix. Si vous regardez à Vancouver, les prix changent au cours de la même journée! »
Quelles solutions de remplacement?
Les autos-caravanes du Canada défilent les uns après les autres à la station d’essence Petro Express de Whitehorse. Si certains s’apprêtent à partir, c’est l’heure pour d’autres, comme Sébastian et Linda, de plier bagage. Originaire des Pays-Bas, le couple vient de parcourir l’Ouest canadien et une partie de l’Alaska. Dans l’enveloppe de leur budget vacances, une grosse partie est consacrée au plein d’essence de leur auto-caravane : « L’essence est plus chère dans mon pays qu’au Yukon, mais lorsque l’on compare aux États-Unis, on ne trouvera jamais moins cher que là-bas », affirme Sébastian, qui assure avoir dépensé environ 600 dollars canadiens en essence au cours de son séjour de trois semaines. « Le prix de l’essence est élevé ici, mais si vous allez plus au nord, dans les petites villes, vous dépenserez encore plus », renchérit Linda.
Pour ceux qui n’ont pas l’occasion de franchir la frontière, il reste la solution de la carte-accès. En effet, comme Larry, plusieurs Yukonnais ont fait le choix de comparer les prix des stations d’essence du territoire et d’ouvrir un compte à celle qui leur proposait le meilleur arrangement. Munis d’une carte réservée à leurs transactions pétrolières, ils font toujours le plein au même endroit et peuvent avoir une vision globale de leurs transactions. Ainsi, chaque fin de mois, ils reçoivent la facture complète des pleins effectués au cours du mois.
Quand j’évoque le témoignage de Sébastian et Linda à Harry, le septuagénaire me glisse une petite idée pour faire baisser le prix de l’essence : « Ne dites pas aux touristes que le Yukon est un territoire magnifique, comme ça ils ne viendront pas et les prix cesseront d’augmenter l’été! »