Le psychiatre Paul Sidoun s’est fait connaître pour ses réflexions en psychiatrie remettant en question l’approche de l’individu comme consommateur de soins. Partageant son horaire de travail entre son bureau parisien et le Yukon, il offrira dès ce printemps des consultations en français au territoire.

Le psychiatre Dr Paul Sidoun offrira des services en français au Yukon dès le mois de mai. Photo : Marie-Hélène Comeau
Le parcours en psychiatrie du Dr Paul Sidoun est impressionnant. Le psychiatre français a une formation et une pratique en psychopharmacologie, en psychanalyse ainsi qu’en thérapie comportementale. La liste se poursuit avec l’ajout d’un vif intérêt envers les thérapies transgénérationnelles, les thérapies narratives, ainsi que l’hypnose.
Après avoir travaillé pendant maintenant 30 ans dans le domaine de la psychiatrie, Paul Sidoun s’interroge désormais sur ce qu’il qualifie de souffrance régnant dans la prescription de médicaments. Une prescription qui s’opère principalement dans le désir de guérir les maux des gens, d’enlever la douleur qui les afflige en privant ainsi les gens d’une expérience de la vie qui a en soi son importance.
« La douleur n’est pas sans signification. Il ne faut donc pas tout simplement l’éliminer », explique Dr Sidoun, joint à son domicile parisien. « La souffrance est le bourgeon important de ce que les gens peuvent vivre. Si on le nie, on risque de devenir fou, déprimé, ou aigri. Ça va finir mal », estime-t-il.
Au cœur même de cette réflexion, il remet alors en question l’idéologie médicale qu’il qualifie de déficitaire dans son désir de prendre en charge le patient. Il opte plutôt pour une approche plus fine et dynamique qui prend principalement en compte les forces et les faiblesses de chacun.
Parcours d’un continent à l’autre
Ce sera le hasard qui amènera M. Sidoun à pratiquer au Yukon. Son fils, s’y étant récemment établi, l’amène très vite à faire des plans pour le Yukon afin de concilier la famille et le travail lors de ses visites nordiques. Le psychiatre français entretient toutefois une longue histoire d’amour avec le Canada où il a travaillé pendant près de 20 ans au Québec comme clinicien, entre autres, à l’hôpital Louis-H-Lafontaine (connu désormais sous le nom de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal) et comme professeur à l’Université de Montréal.
C’est d’ailleurs à Montréal qu’il a pu développer un format de thérapie brève axée sur le potentiel de ses patients. Ce sera cette approche que le Dr Sidoun adoptera pour sa clientèle yukonnaise de son bureau de la clinique Taïga au centre-ville de Whitehorse. Il y travaillera à raison d’une semaine toutes les huit semaines dès le mois de mai.
Cette nouvelle offre de service en santé en français au territoire arrive à juste point puisqu’elle répond aux besoins exprimés par la communauté francophone du Yukon.
« M. Sidoun nous a approchés à l’automne dernier. Depuis, nous l’avons accompagné dans ses démarches d’obtention d’un droit de pratique au Yukon », explique Sandra St-Laurent, directrice du Partenariat communauté en santé (PCS), dont une partie de la mission vise à accroître l’accès aux services en santé en français au Yukon. « Nous sommes heureux de son arrivée au Yukon et espérons l’avoir aussi éventuellement comme conférencier afin de faire connaître au territoire l’approche de la psychiatrie moderne », ajoute-t-elle.
Garder le feusacré
De son propre aveu, M. Sidoun dit ne jamais se lasser d’entendre les histoires des gens qui se confient à son cabinet. Il espère d’ailleurs des séjours au Yukon pouvoir travailler auprès des Premières Nations dont le rôle de la transmission du sens dans les récits l’intéresse grandement. À ce propos, le psychiatre s’est déjà initié au fil de sa pratique à l’ethnopsychiatrie qui est axée sur les ressources du groupe. Il s’agit d’une interaction à l’intérieur de la culture de quelqu’un par le récit des histoires.
Il est possible d’en apprendre davantage sur les réflexions du Dr Paul Sidoun par la lecture de ses nombreuses publications d’articles scientifiques ou en consultant les livres qu’il a publiés sur le sujet. Il est possible d’ailleurs d’emprunter son ouvrage paru en 2004 « Guérir… mais de quoi? Les psys face au doute », disponible au Centre de ressources en santé du PCS, hébergé au Centre de la francophonie.