La construction d’une nouvelle école francophone à Riverdale n’aura pas d’impact significatif sur la congestion du trafic routier, affirme l’Office d’évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon (OEESY). Dans un rapport publié le 26 avril dernier, l’organisme recommande ainsi au gouvernement du Yukon d’aller de l’avant avec le projet de construction du nouvel établissement secondaire.
Sur les quinze commentaires reçus par l’Office d’évaluation lors de la période de consultation publique menée début février, treize soulevaient des préoccupations quant à l’impact qu’une nouvelle école pourrait avoir sur l’état du trafic à Riverdale. Le quartier compte en effet déjà cinq établissements scolaires et l’unique pont reliant Riverdale au reste de Whitehorse est régulièrement congestionné par le trafic matinal.
Selon l’OEESY, l’effectif de l’école francophone devrait atteindre 86 élèves d’ici 2024, mais le trafic ne devrait pas être perturbé. Une baisse des effectifs dans les autres écoles du quartier — de l’ordre de 100 élèves — est en effet prévue d’ici 2024 et la situation, à défaut de s’améliorer, ne devrait toutefois pas empirer.
La décision de l’OEESY précise par ailleurs que les désagréments liés aux travaux de construction, comme la poussière et le bruit, devront être contrôlés de façon à ne pas gêner la tenue des examens et le fonctionnement général des deux écoles voisines (Selkirk et F.H.-Collins), qui resteront ouvertes et accessibles pendant toute la durée du chantier.
Ouverture en 2020
Les travaux de la nouvelle école francophone devraient pouvoir débuter dans un an, en mai 2019, et l’établissement être inauguré dix-huit mois plus tard, en novembre 2020. Le projet verra le jour sur le terrain de l’ancienne École F.H.-Collins dont les travaux de démolition se sont terminés l’année passée.
L’école francophone devait à l’origine ouvrir dès la fin 2019. Le calendrier du projet accuse cependant des retards importants. L’automne dernier, des travaux de dépollution des sols ont en effet dû être menés sur le futur site de construction après qu’une fuite d’huile a été découverte par hasard. Ce nettoyage imprévu a repoussé de plusieurs mois le développement du projet et a coûté 1,8 million de dollars au gouvernement du Yukon.
La contamination n’ayant pas été totalement contenue, il a été décidé en début d’année d’installer une membrane résistante aux hydrocarbures sous les fondations de l’école, afin de préserver la santé des usagers du bâtiment. À plus long terme, le gouvernement devra par ailleurs contrôler les systèmes de ventilation du site afin de s’assurer de la qualité de l’air.
L’inflation guette
L’accumulation des retards a mis à mal le plan d’investissement du gouvernement. Le territoire avait en effet promis 20 millions de dollars pour la construction de l’école, tandis que le gouvernement fédéral, par l’entremise de Patrimoine canadien, s’était engagé en novembre dernier à financer le volet communautaire de l’établissement à hauteur de 7,5 millions de dollars.
Huit des 20 millions de dollars promis par le territoire auraient cependant déjà dû être dépensés au 31 mars dernier. Les 12 millions restants devaient quant à eux être investis cette année. Pourtant, un premier montant de seulement 6 millions a été réservé dans le budget actuel.
La situation a naturellement fait craindre à la communauté scolaire que l’érosion du pouvoir d’achat liée à l’inflation des coûts de construction mette en péril son souhait d’obtenir une école équivalente à celle de la majorité anglophone. Les francophones n’auront cependant pas eu l’occasion de revoir eux-mêmes leurs ambitions à la baisse.
Une méthodologie grossière
En mars dernier, la ministre de l’Éducation, Tracy-Anne McPhee, a annoncé une réduction de 25 % de la capacité d’accueil du futur établissement. Pensée à l’origine pour accueillir 200 étudiants, comme l’ont toujours recommandé les rapports de planification du projet, l’école ne sera finalement construite que pour 150 élèves.
Pour justifier de cette coupe drastique, la ministre McPhee a expliqué se fonder sur le rapport d’un consultant du gouvernement du Yukon, dont le travail consiste à fournir des prévisions relatives aux futurs effectifs des différentes écoles du Yukon. Ces prévisions tiennent notamment compte des effectifs des écoles et de leurs taux de rétention au cours des années précédentes.
Appliquée telle quelle au système francophone, cette méthodologie peut surprendre lorsqu’on sait que c’est le manque d’espace à l’École Émilie-Tremblay qui joue précisément un rôle majeur dans le problème de rétention des jeunes francophones qui sont nombreux à rejoindre les écoles anglophones à défaut de pouvoir étudier dans leur langue au sein d’une infrastructure décente et équivalente.
Bien que techniquement, la réduction de la capacité d’accueil de l’école ne bafoue pas le principe d’équivalence revendiqué par la Commission scolaire francophone du Yukon, dans le contexte budgétaire actuel, l’adoption sur le tard d’une méthodologie sans souplesse peut toutefois laisser perplexe quant à la bonne foi du ministère de l’Éducation du Yukon.