Depuis février 2018, la ville est sans taxi. Après cinq années de service, la société Grab a Cab a mis fin à ses activités à la suite de difficultés logistiques et économiques. Le vélotaxi d’été North Sherwood Pedicab risque aussi de ne pas être disponible cette année. « Le conducteur historique a quitté Dawson. D’autres personnes sont intéressées à reprendre le service, mais j’ai du mal à trouver une assurance abordable », livre Martha Sherwood, actuelle propriétaire du véhicule.
Un taxi à Dawson, une nécessité
Les Dawsoniens utilisaient régulièrement le service de taxi pour se rendre à l’aéroport. « Quand je dois voyager pour le travail au milieu de l’hiver, je ne veux pas laisser mon véhicule geler sur le parking de l’aéroport. Des amis peuvent me dépanner, mais c’est un peu gênant, surtout quand mon vol part tôt le matin »,explique Martha Sherwood.
Pour les locaux, la surconsommation d’alcool est la raison principale de la nécessité du service. Heidi Lavoie se souvient d’un épisode où Al Sider, ancien chauffeur de Grab a Cab, a aidé un buveur. « Un soir d’hiver, je marchais pour retourner chez nous quand j’ai vu un jeune homme couché dans la neige, complètement saoul, quasi-inconscient, sans vêtements chauds par -40°C. Je l’ai réveillé et j’ai appelé Grab a Cab. Al a gentiment pris le jeune dans ses bras, l’a couché sur la banquette arrière et reconduit chez ses parents, sans charger quoi que ce soit, sans jugement. »
En été, la présence d’un taxi est indispensable pour le développement touristique. « Nous risquons de perdre de la clientèle. La saison dernière, j’ai fait régulièrement appel au taxi pour que des personnes à mobilité réduite puissent rentrer à leurs hôtels », explique Agnès Viger, gérante adjointe d’un restaurant.
Des solutions apportées par les locaux
L’ancien chauffeur Al Sider est aujourd’hui sans emploi. Il aimerait continuer dans son milieu, mais n’a pas les fonds nécessaires pour lancer son entreprise.
« Grab a Cab n’avait qu’un seul véhicule qui était régulièrement hors-service. Je me retrouvais au chômage technique et devais piocher dans mes économies pour survivre. Aujourd’hui, j’aimerais offrir un service fiable avec deux véhicules et des possibilités d’emplois, peut-être avec des chauffeurs bilingues pour servir aussi en français », explique-t-il.
Afin de mener son projet à bien, il lui faut 12 000 $ pour accéder à un emprunt bancaire. Il a créé une page d’appel aux dons à échanger contre de futures courses de taxi, mais seule une poignée de locaux a répondu à l’appel. « Recueillir les fonds nécessaires peut prendre des mois, donc je ne serai certainement pas opérationnel cet été », déplore-t-il. Un certain nombre de Dawsoniens sont hostiles à cette demande de financement, estimant que ce n’est pas à eux de mettre la main à la poche pour le démarrage d’une entreprise personnelle.
En attendant, quelques locaux trouvent des solutions alternatives. Pendant le Nouvel An, des volontaires ont proposé leurs services pour que les habitants rentrent chez eux sains et saufs. L’argent récolté a été intégralement reversé à Humane Society de Dawson. D’autres Dawsoniens évoquent l’idée d’acheter un véhicule à plusieurs en partageant les frais d’assurance et de réparation, embaucher un chauffeur et partager les recettes. Ce projet ne reste pour l’instant qu’au stade de discussion. Malgré toutes ces initiatives, il est fort probable que la ville de Dawson doive attendre quelques mois supplémentaires avant de retrouver un service de taxi digne de ce nom.