Le 1er mars, le premier ministre et ministre des Finances Sandy Silver a présenté à l’Assemblée législative du Yukon un nouveau budget de 1,47 milliard de dollars pour l’année 2018-2019. Un budget en hausse par rapport à l’année précédente (1,44 milliard), dont la majeure partie, environ 1 milliard, provient des transferts d’Ottawa.
Pour la première fois depuis plusieurs années, le budget présenté accuse un déficit. Le passage au rouge reste toutefois relativement modeste puisque celui-ci a été estimé à seulement 4,5 millions de dollars. Un montant finalement bien inférieur au déficit de 49 millions de dollars qui avait été initialement anticipé il y a un an.
Le gouvernement Silver prévoit que le budget 2019-2020 sera également déficitaire de 6,9 millions de dollars. Le retour au positif devrait cependant intervenir l’année suivante puisque l’exercice 2020-2021 devrait connaître un timide surplus de 1,8 million de dollars.
Un plan de cinq ans
Pour la première fois, le budget comprend un plan d’immobilisations de cinq ans visant à mieux planifier les projets d’infrastructures. Selon le gouvernement, c’est cette approche, conjuguée à de meilleures perspectives économiques, qui a permis de mitiger le déficit prévu.
Sur le montant total de 1,47 milliard, le budget de fonctionnement s’élève à 1,19 milliard et comptera ainsi pour plus de 80 % des dépenses publiques. Le budget de fonctionnement couvre notamment les salaires des employés de la fonction publique à hauteur de 545 millions de dollars, soit environ 37 % du budget total du Yukon.
Pour sa part, le budget d’immobilisation a été estimé cette année à 280 millions de dollars. Quarante pour cent de ces dépenses devraient cependant être réalisées par le ministère de la Voirie et des Travaux publics qui se taille régulièrement la part du lion.
Les grands projets
Environ 65 millions de dollars seront en effet alloués aux infrastructures de transport. Ce poste inclut principalement la construction et la maintenance des ponts et chaussées, mais aussi celle des installations aéroportuaires. Près de 10 millions de dollars seront par exemple affectés à la maintenance des installations et de la piste de l’aéroport de Dawson.
Les infrastructures destinées aux municipalités et aux Premières Nations devraient quant à elles bénéficier cette année de 42 millions de dollars. Le gouvernement prévoit par ailleurs de consacrer 40 millions de dollars au logement et à l’aménagement de nouveaux terrains d’habitation. Sur ce montant, 6 millions devraient être alloués au logement abordable et 15 millions à l’aménagement de parcelles à Whistle Bend. Près de 9 millions devraient être investis pour améliorer les logements existants.
Dans le domaine de la santé, le gouvernement a annoncé que 43 millions de dollars seront affectés à la construction et à l’exploitation du nouveau centre de soins prolongés de Whistle Bend. Le Centre Thomson devrait lui bénéficier de 3,5 millions pour s’équiper de dix lits supplémentaires.
Alors que le Yukon connaît une recrudescence du nombre de meurtres, le gouvernement a annoncé qu’un fond de près de 450 000 dollars serait mis en place pour doter la GRC d’unenouvelle équipe qui enquêtera sur les cas d’homicides non résolus.
En matière d’éducation, 10 millions de dollars seront alloués pour achever les travaux de construction de l’École secondaire F.-H.-Collins. Ce montant inclut un fonds de 6,8 millions pour la construction d’une piste d’athlétisme et d’un terrain de sport.
Pour la première fois, le budget du Yukon composera avec les dépenses et les revenus liés à la légalisation du cannabis. Bien que de nombreuses inconnues demeurent quant à la commercialisation du produit, le gouvernement a indiqué que la taxe de vente lui rapporterait près de 400 000 dollars. Cette première année ne générera cependant pas de surplus, puisque plus de 3,5 millions de dollars seront investis initialement pour organiser la distribution et la prévention autour du produit.
Six millions pour l’école francophone
Le projet de construction de la nouvelle école secondaire francophone ne sera finalement doté que de 6 millions de dollars pour 2018-2019. Le projet accuse du retard et on ne peut désormais guère espérer voir le centre scolaire communautaire francophone inauguré avant au moins 2020, voire 2 021.
Le projet devait à l’origine bénéficier de 20 millions de dollars sur deux ans. Huit millions auraient ainsi déjà dû être dépensés cette année, et plus de 12 millions d’ici mars 2019. Le retard accumulé fait désormais craindre à la communauté scolaire francophone une érosion du pouvoir d’achat liée à l’inflation des coûts de construction. Un tel scénario obligerait en effet la communauté francophone à revoir ses ambitions de construction à la baisse et cela mettrait ainsi en péril son souhait d’obtenir une école équivalente à celle de la majorité anglophone.
En plus des 20 millions promis par le territoire pour la construction des espaces pédagogiques, Patrimoine canadien a alloué 7,5 millions au financement du volet communautaire du centre scolaire. Ce complément risque donc également de perdre significativement de sa valeur si les retards venaient à s’accumuler.