L’annonce récente du projet de construction d’un complexe de condominiums de huit étages au centre-ville de Whitehorse en a surpris plus d’un. Certes, la hauteur de l’édifice impressionne, mais également les prix élevés à l’achat de chaque unité. Est-ce que le projet Mah’s Point Two présage d’une hausse des coûts de l’immobilier dans la capitale yukonnaise?
Depuis plus de quinze ans, le prix des maisons unifamiliales et des condos n’a cessé d’augmenter au Yukon comme ailleurs au pays. Les faibles taux d’intérêt hypothécaires des dernières années ont poussé de nombreuses personnes à devancer leur projet d’achat ou encore à acheter une résidence plus dispendieuse.
Le complexe de condominiums de 40 unités, qui sera érigé au coin de la rue Strickland et de la 2e Avenue, verra ses prix de vente varier entre 370 000 $ et 681 000 $ l’unité.
« C’est surprenant. Leurs prix sont plus élevés que ce qui est demandé en ce moment sur le marché ici à Whitehorse. Mais ces prix sont quand même en ligne avec ce qu’on peut voir dans le reste du pays. Ils essaient de vendre leurs condos en demandant ce prix-là et vont voir si les gens achètent ou pas », explique Terence Tait, propriétaire de l’agence immobilière Re/Max, la seule agence bilingue au Yukon. « Mais il faut dire que les prix des maisons ne vont jamais vraiment descendre au Yukon. En ce moment, on est au plus bas puisque notre économie s’appuie surtout sur le gouvernement. Dès l’ouverture de mines ou d’un autre secteur privé, les prix ne feront qu’augmenter », estime-t-il.
Pourquoi est-ce si dispendieux au Yukon?
On compte quelques facteurs qui influencent bon an mal an le prix des maisons. Le premier élément en cause est le coût de la vie nordique. Le Yukon est loin de tout, les matériaux de construction sont alors plus chers à l’achat à cause des coûts liés de transport. Les salaires élevés des employés du domaine de la construction participent également à faire augmenter les prix. Finalement, la stabilité de l’économie yukonnaise qui repose principalement sur le financement du gouvernement fédéral diminue les risques d’un achat, favorisant alors la hausse des prix.
Lorsque les gens sont prêts à payer plus cher pour l’achat d’une maison, comme ce sera peut-être le cas avec le projet Mah’s Point Two, on voit alors le marché s’ajuster à la hausse. De plus, avec une population yukonnaise croissante qui s’élève désormais à près de 36 000 habitants, le faible nombre de maisons disponibles sur le marché incite alors les gens à acheter malgré les coûts élevés.
« En ce moment, nous n’avons pas beaucoup de maisons à vendre à Whitehorse. Il y en a 27 pour être plus précis. Alors, les gens payent le gros prix, car ils n’ont pas vraiment le choix. C’est une question d’offre et de demande », explique Felix Robitaille, agent immobilier de Re/Max.
Bon an mal an, cette réalité ne cesse de surprendre les nouveaux arrivants au territoire. En effet, il n’est pas rare de voir les gens arriver sans s’être préparés à cette réalité nordique, comme le confirme Terence Tait. Certains seront en position de faire face à la situation, d’autres cependant devront prendre la décision de partir.
La location à court terme
Le projet d’envergure tel que celui de Mah’s Point Two cible les aînés yukonnais qui désirent quitter les subdivisions de Whitehorse pour se rapprocher du centre-ville. Toutefois, un tel projet ouvre aussi la porte aux investisseurs de l’extérieur du territoire qui désirent transformer leur investissement en location à court terme de style Airbnb. À ce chapitre toutefois, les propriétaires d’entreprises de la capitale yukonnaise ne semblent pas se préoccuper pour l’instant de ce phénomène.
« Ce n’est pas une inquiétude importante pour nous. Pour le moment, la situation est encore différente des grandes villes comme Vancouver ou Toronto par exemple. C’est principalement parce qu’il n’y a pas assez de chambres d’hôtel qui sont disponibles sur le marché pour répondre aux besoins croissants de séjour des touristes ou des gens qui sont de passage au Yukon. D’ailleurs, c’est là que se trouve notre grand défi sur lequel nous travaillons en ce moment », confie Rick Karp de la Chambre de commerce de Whitehorse.
Il est possible depuis 2012 de construire des édifices de huit étages à Whitehorse. La capitale yukonnaise avait en effet changé ses lois municipales afin d’encourager la densification de la ville pour réduire ainsi la congestion routière observée chaque matin alors que les gens se déplacent au centre-ville pour y travailler.